Magazine Le Mensuel

Nº 2885 du vendredi 22 février 2013

Presse étrangère

Le Liban du moment

Cette semaine, bien qu’agrémentée de thèmes sociétaux, l’actualité libanaise, telle que traitée par les médias étrangers, reste centrée sur le Hezbollah et la contamination de la guerre en Syrie.

Time Magazine
Les événements de Ersal ont précipité nombre de correspondants étrangers dans la région de la Békaa cette semaine. Nicholas Blanford pour le Time Magazine y revient.
Le pick-up Nissan criblé de balles appartenant à Khaled Hmayed est toujours garé sur le côté de la route. Sa mort, et celle de deux soldats libanais tués par des habitants vengeurs, ont rendu Ersal célèbre. Bien que le gouvernement libanais ait adopté une politique de dissociation, il est incapable d’empêcher le conflit de déborder à la frontière, agitée par des factions chiites et sunnites, voisines et rivales qui ont lié leur sort avec celui du régime d’Assad. Mais peu sont capables de la violence dont d’autres font preuve dans la Békaa-Nord.
La semaine dernière, l’agence de presse officielle syrienne Sana décrivait Ersal comme «une poche terroriste qui cible quotidiennement le peuple syrien» et prévenait que «la protection des terroristes est un crime qui rejaillit sur les relations entre les deux pays». Depuis la mort de Hmayed, des troupes de l’Armée libanaise ont été déployées autour de Ersal, comme ce nouveau poste de contrôle monté sur la seule route goudronnée qui mène à la ville, où on fouille les voitures et vérifie les identités. D’autres troupes patrouillent dans les montagnes environnantes, scellant pour l’instant Ersal du conflit syrien. «C’est un coup dur pour l’Armée syrienne libre, car c’est là que nous recrutons nos combattants, nos armes, nos munitions, notre nourriture, tout», explique Ahmad, un étudiant en droit originaire de la ville syrienne de Qusair qui a rejoint la FSA, il y a huit mois, et qui se planque dans un village près de Ersal.
Mais les mesures prises par l’Armée libanaise ne semblent pas amoindrir la motivation des habitants de Ersal, toujours volontaires pour aider leurs frères de l’autre côté de la frontière.

 

Rue89
Pierre Haski, ancien journaliste à Libération et cofondateur du site alternatif d’informations Rue89 revient sur la mort du général iranien Hassan Shateri, qui a fait les gros titres de l’actualité libanaise dans le monde.
La mort du général Hassan Shateri, 58 ans, un officier supérieur des Gardes révolutionnaires iraniens, une unité d’élite paramilitaire du régime, a été attribuée par Téhéran à «des agents et partisans du régime sioniste», c’est-à-dire Israël. Mais les rebelles syriens opposés au régime de Bachar el-Assad ont revendiqué l’embuscade tendue à son véhicule dans la région de Zabadani, en territoire syrien, tout près de la frontière libanaise. Le général Shateri, que d’autres informations présentent sous le nom de Hessam Khoshnevis, a été inhumé à Téhéran au cours d’une cérémonie à laquelle participaient de hauts dirigeants iraniens, dont le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, ainsi que les commandants des Gardes révolutionnaires, dont, selon le Guardian, Ghasem Suleimani, le très discret chef d’al-Quds (Jérusalem), la branche extérieure des Gardes.
Qui était le général Shateri et quel était son rôle dans la région? Officiellement, cet officier était chargé, depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, des projets de reconstruction des infrastructures du Liban-Sud détruites pendant le conflit, avec un budget de quelque 200 millions de dollars par an. Mais en mars 2010, les Etats-Unis l’avaient ajouté à la liste des personnalités soutenant et encourageant le terrorisme. Il était décrit dans un document officiel du département du Trésor américain comme le «représentant personnel» du président iranien Ahmadinejad au Liban où Téhéran finance et arme le Hezbollah.

Esquire
Le mensuel Esquire est le fleuron de la presse masculine américaine. Il a consacré cette semaine un article au basket-ball libanais.
Les joueurs s’arrêtent en plein milieu du match, secouant la tête en silence face aux violentes échauffourées qui ont éclaté dans les gradins. Au lieu de les neutraliser, les soldats lourdement armés postés sur le parquet rient et prennent des photos sur leurs téléphones portables. Finalement, la police antiémeute intervient, menaçante, en remuant des bâtons dans les tribunes. La foule hurle son approbation. Le jeu peut reprendre.
C’est une scène ordinaire du championnat libanais de basket-ball professionnel, où des Américains se ruent pour l’argent et la gloire, malgré les risques innombrables qu’implique la vie au Moyen-Orient. Avec une guerre civile aux portes du pays, la violence et les enlèvements, il est incroyable de voir des athlètes étrangers continuer à y venir. «C’est difficile ici», explique André Emmett, un ancien élève de Texas Tech, actuellement leader du championnat et l’une des plus grandes stars du basket au Liban. «Je dois juste essayer de faire abstraction de tout cela et me concentrer sur le basket». Les récompenses sont considérables, même pour des joueurs comme Emmett qui n’ont fait qu’entrevoir la NBA. On leur propose des salaires de plus de 300000 dollars, des chiffres inespérés pour des clubs européens et asiatiques qui se serrent la ceinture.
«La crise financière a envoyé davantage de joueurs étrangers ici», explique Tamam Jaroudi, directeur général d’al-Riyadi Club, où la bagarre a eu lieu. «Ils faisaient beaucoup d’argent en Europe et en Iran, mais les économies souffrent. Et puis ici, ils sont exemptés d’impôts».

CNN
La semaine dernière, CNN, la chaîne de télévision la plus puissante du monde, a diffusé un reportage sur le racisme au Liban. Edifiant.
La Népalaise Priya Subeydi envisage de quitter le pays. «Je ne veux pas que mon fils de neuf mois se sente comme un citoyen de seconde zone. Chaque jour, nous faisons face au racisme. Je veux qu’il grandisse dans mon pays».
Subeydi est l’une des 200000 domestiques immigrées qui travaillent au Liban. Aujourd’hui, elle travaille dans un centre de soutien pour ces travailleuses de l’ombre. Ces dernières années, la communauté internationale a mis le gouvernement libanais à l’index à ce propos. L’Ethiopie, comme de nombreux pays, a interdit à ses ressortissantes de se rendre au Liban comme employées de maison.
Mais elles ne sont pas les seules à être confrontées à un traitement raciste. Renée Abi Saad, de mère libanaise et de père nigérian, qui est arrivée au Liban à l’âge de 11 ans. L’étudiante en génie – modèle d’une exposition photo de métis libanais destinée à lutter contre les préjugés racistes – explique que les insultes sont devenues la norme et qu’elle avait l’intention de quitter le pays une fois ses études terminées. «Je ne me suis jamais sentie libanaise pour être honnête. Ils supposent que vous êtes une prostituée ou une femme de ménage, que vous êtes quelqu’un du bas de l’échelle».
Un activiste antiraciste explique ceci: «Vous pouvez aller à l’école pendant 15 ans, aller à l’université, devenir médecin, mais on ne vous enseignera jamais les rudiments de l’humanité dans ce pays».

Julien Abi Ramia


Le Devoir
Une ligne aérienne Beyrouth-Montréal?

Le quotidien canadien Le Devoir parle de la revendication d’établir une liaison aérienne entre Beyrouth et Montréal. La communauté libanaise entend de nouveau se mobiliser autour d’une revendication de longue date: le rétablissement d’une liaison aérienne directe entre Montréal et Beyrouth. Le Bloc québécois a appuyé cette demande lundi. Il a essuyé le même refus d’Ottawa, qui évoque des questions de sécurité.
La députée du Bloc québécois et porte-parole en matière de transports, Maria Mourani, a tenu un point de presse en appui à la mobilisation de la communauté québéco-libanaise du Grand Montréal souhaitant un rétablissement du lien aérien direct entre Montréal et Beyrouth. Il a été rappelé la volonté d’Air Canada d’offrir une telle desserte, mais aussi que la demande du transporteur se heurte au refus du gouvernement fédéral.

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