Islamistes à Aïn el-Heloué
Azzam Ahmad, membre du Comité central du mouvement Fateh chargé du dossier palestinien au Liban, était à Beyrouth il y a quelques jours, afin d’évaluer la situation, particulièrement à Aïn el-Heloué. Son but est d’unifier les rangs, de dépasser les querelles internes au Fateh pour faire face aux groupes islamistes fondamentalistes qui ont redonné vie aux résidus de Jund el-Cham et Fateh el-islam dans le camp. L’idée est de réhabiliter l’ex-commandant du Kifah armé, Mahmoud Issa alias Lino, qui avait réussi par le passé à «purifier le camp de ces groupes». Le président de la Chambre Nabih Berry a pris contact avec Azzam Ahmad pour l’exhorter à contrôler la situation à l’intérieur des camps et surtout à Aïn el-Heloué.
L’Occident inquiet pour le Liban
Réévaluation de la situation au Liban par les capitales occidentales, selon un rapport européen. Washington et Paris ont toujours affirmé que les incidents sécuritaires ambulants, qui ont lieu au Liban de temps à autre, ne dégénèreront pas et resteront sous contrôle. Or, aujourd’hui, la diplomatie occidentale parle d’une grave menace qui pèse sur le Liban et sur sa stabilité à cause des cellules terroristes qui ont réussi à construire une infrastructure solide dans certaines régions libanaises en attendant l’heure H pour déclencher leur action, à l’instar de ce qui s’est passé en Irak et en Syrie. D’après ce rapport, l’afflux des déplacés syriens et l’implantation au Liban de groupes armés syriens opposants, ont modifié la donne. Les informations échangées dans les capitales occidentales, parlent de cellules principalement installées dans quatre régions: Tripoli, le camp de Chatila à Beyrouth proche de la banlieue-sud, Bar Elias dans la Békaa et le camp de Aïn el-Heloué et ses tentacules à Saïda.
Le PSNS contre le projet orthodoxe
Le projet de loi orthodoxe ne passera pas, a déclaré le ministre Ali Kanso, présumant que c’est la loi mixte qui l’emportera au final. On dit que le PSNS laïque est farouchement opposé au projet orthodoxe confessionnel et se sent piégé, parce que sa position le met en porte-à-faux par rapport à ses alliés du 8 mars. Ainsi, si jamais la loi orthodoxe parvient à l’Assemblée générale, les deux députés PSNS, Assaad Hardan et Marwan Farès, seront présents, dit-on, pour assurer le quorum mais ils s’abstiendront de voter. D’autres analystes estiment que les deux parlementaires pourraient finalement consentir à dire «oui» à la loi orthodoxe si jamais ils sentent que le 8 mars est coincé et que sa majorité est menacée.
Normalisation au 14 mars
Les contacts menés entre les leaders du 14 mars ont réussi à normaliser la situation au sein de la coalition, et à effacer les effets de l’adoption du projet de loi orthodoxe par les Kataëb et les FL, contesté par le Moustaqbal et le député Walid Joumblatt. Une personnalité du mouvement signale que les concertations entre les pôles de l’opposition se sont intensifiées en prévision du festival qui aura lieu au Biel à la date anniversaire du 14 mars et qui rassemblera tous les leaders de premier rang. Le secrétariat général, pour sa part, a repris ses réunions en vue de préparer le programme du festival au cours duquel les discours prononcés focaliseront sur la solidarité et l’unité du mouvement du 14 mars.
Distanciation, sinon…
Toutes les perturbations sur la scène libanaise sont liées aux développements en Syrie, explique un diplomate occidental, parce que les Libanais sont divisés sur ce dossier, les uns soutenant le régime et les autres, l’opposition. Pourquoi, s’interroge-t-il avec étonnement, les Libanais n’appliquent-ils pas la politique gouvernementale de la distanciation et pourquoi veulent-ils s’ingérer dans les affaires syriennes? Il exhorte les Libanais à rester à l’écart de la crise régionale, notamment syrienne, pour prémunir le Liban contre ses répercussions. Au cas où les deux crises interne et régionale restent impossibles à dissocier, les diplomates craignent que le Liban finisse par en payer le prix.
Le Hezbollah contre Berry
Si le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, a fait marche arrière et renoncé à son projet électoral basé sur l’adoption d’une loi mixte qui associe la proportionnelle et le mode de scrutin majoritaire, c’est à cause du positionnement du Secrétaire général du Hezbollah selon un député de l’opposition. Sayyed Hassan Nasrallah, qui s’est dit attaché au projet de loi orthodoxe, sinon à la formule de la proportionnelle appliquée sur la circonscription unique, n’a pas évoqué dans son dernier discours la proposition du président Berry comme pour lui signifier qu’il la rejetait. C’est ce qui a porté le chef du Parlement à retirer son projet «critiqué», comme il l’a dit, autant par le 8 que par le 14 mars. «Que celui qui a une meilleure offre la soumette», avait-il ajouté.
La Résistance ignore Toufayli
Les cadres du Hezbollah se sont abstenus de répondre à l’ex-secrétaire général du parti, le cheikh Sobhi Toufayli qui les a sévèrement fustigés au cours d’un talk-show télévisé. De même, lors de sa dernière apparition, sayyed Hassan Nasrallah n’a pas commenté les propos de son prédécesseur, se contentant de nier l’implication du Hezb dans les batailles de Qossair, en affirmant que ce sont les habitants qui ont pris les armes pour se défendre. Toufayli avait fait assumer au parti chiite la responsabilité du détournement de la Résistance de son objectif, soulignant les conséquences néfastes sur les chiites syriens de l’ingérence du Hezb dans leurs affaires internes. Le cheikh a exhorté la Résistance à demeurer au Sud parce que la participation aux batailles en Syrie sert les intérêts d’Israël.
Deux poids, deux mesures
Un ministre présent à la réunion du Conseil supérieur de la Défense a soulevé la question de la déficience de la justice, en réponse à un participant qui accusait les forces de l’ordre de manquer à leurs obligations en matière de sécurité et de préférer les règlements à l’amiable. Le ministre a poursuivi que la justice, en ce qui concerne les dossiers sécuritaires, agit de façon inéquitable et en fonction du client, alors qu’elle joue à l’autruche dans certains cas, des mandats d’arrêt sont émis pour des infractions commises dans des régions déterminées. Le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, s’est interrogé sur les raisons de tels agissements, alors que le rôle des institutions juridiques est d’accompagner avec fermeté les démarches visant à préserver la sécurité.
Le chaos règne au Nord
La situation générale ne fait que se dégrader à Tripoli, comme le reconnaît un témoin local. Les députés et responsables politiques font semblant de ne pas voir les groupes armés qui envahissent les rues et les places publiques en implantant des stands et étals qui proposent à la vente toutes sortes de marchandises. Le même témoin révèle que les éléments armés imposent un racket à ces commerçants, en contrepartie, ils leur proposent de les protéger contre la police municipale. Cet état de fait s’étend à Halba au centre du Akkar où les partisans du député Khaled Daher soutireraient plusieurs centaines de dollars aux magasins du village. Ainsi il paraît que Omar Arich qui avait été arrêté le 3 mars, après avoir conduit un groupe armé qui a tenté de pénétrer dans l’enceinte de l’hôpital Mounla pour libérer un détenu, blessant au passage quatre éléments des FSI, a été relaxé le 4 mars.
Assir: meneur ou mené?
Si le Rassemblement des ulémas musulmans a tendu la main à cheikh Ahmad el-Assir, c’est que les participants à la réunion, qui a eu lieu à la mosquée Bilal Ben Rabah le vendredi 1er mars, étaient divisés sur la suite à donner à leur mouvement. L’ex-chanteur palestinien Fadl Chaker a appelé à la poursuite de la marche visant à «verrouiller les bureaux du Hezbollah», ce qui aurait provoqué un accrochage avec l’armée, alors que le cheikh Assir a demandé à ses fans de demeurer dans l’enceinte de la mosquée sans affronter les éléments de l’armée déployés sur place. L’insistance de Chaker à inciter les présents à se lancer dans une bataille contre la troupe, prouve que la présence du chanteur auprès du cheikh entre dans le cadre d’un agenda spécifique géré par l’homme d’affaires palestinien Imad el-Assadi pour le compte du Qatar, en compétition avec l’Arabie, pour étendre son influence sur «la nouvelle rue sunnite» au Liban. «Je souhaite que le cheikh Assir soit plus lucide, je crains qu’il ne soit exploité», a déclaré le Premier ministre Najib Mikati dans une interview télévisée. Le Comité des ulémas avait discuté des moyens de sauver Assir de l’impasse dans laquelle il s’est fourvoyé, et décidé de l’informer qu’il ne pouvait pas monopoliser la décision ou le territoire dans toute affaire concernant la scène sunnite.
La foire aux armes
Les Renseignements de l’armée ont pu mettre la main sur le Syrien Achhab Dandashi, connu pour être le commandant de l’unité des Libéraux de Tartous, après une perquisition à son domicile dans le quartier Hamdoun à Menyé où des portables, des ordinateurs et d’importantes sommes d’argent ont été confisqués. La source islamique du Nord, qui révèle l’affaire, ajoute que le détenu demandait aux habitants de lui fournir des armes de toutes sortes et, en effet, il aurait acheté une quantité d’armes individuelles, des RPG 10, des lance-roquettes RPG7, des canons obusiers qu’il redistribuait aux combattants. C’est lui aussi qui leur fournissait de faux documents d’identité pour leur faciliter la traversée des points de passage. La source indique, en outre, que Dandashi n’a pas cessé d’organiser et d’exécuter des attaques sur des postes syriens via la frontière nord, dont celle contre el-Abboudiyé dont il était fier. Dandashi est arrivé de Tall Kalakh au Liban où il a épousé une jeune Libanaise de Minyé, ce qui lui a permis de nouer des relations avec quelques notables de la région, qu’il a soudoyés pour qu’ils collaborent avec lui. L’homme croule sous les fonds provenant du Golfe et se serait même rendu au Casino pour jouer au poker, toujours selon la source. Ce qui est surprenant, ce sont les pressions politiques intenses exercées pour sa libération.
Ersal: criminels en fuite
Les principaux criminels recherchés, pour avoir exécuté l’attentat contre l’armée à Ersal, auraient réussi à prendre la fuite vers le jurd du village ou vers des villages syriens limitrophes à Ersal comme Kara et Flita. C’est ce que révèle une haute instance sécuritaire, qui cite parmi ceux-là, le fils du chef de la municipalité Ali Houjayri, localisé par les forces de l’ordre quelque part dans le jurd et pourchassé sans résultat. Les militaires sont dépités de l’exploitation du crime de Ersal dans le bazar électoral au détriment des éléments de la troupe, ajoute l’instance, surtout que tout le monde sait que c’est le Premier ministre Najib Mikati qui a empêché l’armée de poursuivre Ali Houjayri, impliqué dans l’incitation au crime, en le faisant bénéficier d’une immunité politico-communautaire et en le transformant en «témoin» qui n’a d’ailleurs toujours pas comparu devant la Justice, plus d’un mois après l’assassinat du capitaine Pierre Bachaalany et du sergent Ibrahim Zahraman. Cette situation contrarie le commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, affirme l’instance, mais les perquisitions ne sont pas suspendues, en dépit des difficultés. Toutefois, certains accusés ont été capturés et soumis à l’interrogatoire.