Le «rôle de la femme dans la vie politique, artistique et publique», tel est le thème de la Flânerie organisée par le collège Notre-Dame de Jamhour. Un dialogue animé qui a fait le tour des divers domaines dans lesquels la femme s’est battue pour s’imposer et continue à le faire pour que sa voix soit entendue.
Autour de cette table ronde sur le rôle de la femme, plusieurs intervenants ont pris la parole dont l’ancien ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad. Celle-ci a souhaité que les féministes forment une plateforme et un réseau influents pour faire pression sur les pouvoirs publics. Elle a suggéré que le Conseil national de la femme informe, sur un site Internet, toutes les associations féministes des lois adoptées. Prenant la parole à son tour, l’ancien ministre d’Etat Mona Afeiche Choueiri, avocate et militante des droits de la femme et des enfants, a dressé le bilan des lois discriminatoires envers les femmes et s’est arrêtée sur l’absence de quota dans la loi électorale. Le débat était dirigé par Nada Anid, cofondatrice de l’ONG Woman in front. «Le thème de la flânerie de ce soir est un thème d’actualité, dit-elle, pas uniquement parce que nous approchons du 8 mars, Journée mondiale de la femme, mais parce que nous sommes en période pré-électorale et que toutes sortes de cuisines politiciennes se trament pour préparer une loi qui représenterait le plus équitablement chaque communauté du pays. Toutes les composantes de notre société revendiquent des sièges et pensent y avoir droit, sauf celles qui constituent 53% de la population et qui prouvent tous les jours qu’elles contribuent au développement économique, culturel et social du Liban. Je parle des femmes, grandes oubliées de la participation politique du pays. Parce que, depuis qu’elles ont acquis le droit de vote en 53, peu de progrès ont été enregistrés pour que les Libanaises deviennent des citoyennes à part entière. Avec nos malheureux 3,9 %, soit quatre femmes au Parlement, nous sommes parmi les derniers pays du monde arabe en termes de participation politique. Loin derrière la Libye, l’Arabie saoudite, l’Egypte etc. Notre ONG, Women in front a été créée, il y a un an, essentiellement pour mettre en avant les compétences des femmes expertes du pays, afin de mettre la lumière sur leur potentiel et leur apport au pays».
Zeina Kayali-Saleh a relevé que dans le domaine musical également, la femme a dû se battre pour s’imposer. «Ce n’est jamais facile pour les femmes quel que soit le domaine, dit-elle, et celui de la musique, surtout de la composition, n’a pas fait exception. Sur les 132 compositeurs libanais que j’ai recensés dans mon ouvrage, paru en 2011, il y a 15 femmes. Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà pas mal». En clôture, Roula Safa, mezzo-soprano et compositrice, a enchanté les présents de sa voix en or en donnant un récital sur le thème Femme et spiritualités.
Danièle Gergès
Superman est arabe
Edité aux éditions Actes Sud, le dernier ouvrage de Joumana Haddad, Superman est arabe, dénonce le système patriarcal qui sévit dans le monde arabe et qui s’enracine dans les trois religions monothéistes. Les éditions le présentent comme suit: «En discriminant la femme au sein de la famille et dans la vie sociale, ces religions n’ont pas seulement favorisé le machisme mais l’ont aussi institutionnalisé et sacralisé. Machisme qui, sous les apparences de la force, de la confiance en soi, de l’aplomb, de la fierté individuelle ou clanique, traduit au contraire un profond sentiment d’insécurité et des peurs irrationnelles».
«En ce temps de grands bouleversements politiques dans cette région du monde, l’auteure insiste, en mariant confidences, réflexions, traits d’humour et échappées poétiques, sur cette idée que les luttes engagées, ces deux dernières années, pour la liberté et la dignité, n’aboutiront à rien sans l’affirmation progressive d’une «nouvelle masculinité» arabe, c’est-à-dire sans l’établissement d’un rapport radicalement différent entre l’homme et la femme – et entre chacun d’eux et son propre corps».