Du monde de la haute finance dans lequel elle a évolué en passant par le Pnud, Lara Alameddine, experte en stratégie de communication financière, institutionnelle et promotionnelle, vient de créer un programme éducatif innovant à l’usage des enfants: Vis-à-Vie, another way of facing life. Magazine l’a rencontrée.
Parlez-nous un peu de votre expérience et carrière.
J’ai fait des études de mathématiques appliquées aux sciences sociales, d’ingénierie économique et financière, et je me suis spécialisée dans les techniques bancaires et la gestion internationale de fortune. J’ai travaillé pour des banques de renommée internationale, d’abord en tant que gestionnaire de fortune d’une clientèle haut de gamme, puis en tant que vice-présidente des investissements et enfin comme responsable de la gestion d’actifs.
Comment est née l’idée de votre programme Vis-à-Vie?
J’ai eu un cancer qui m’a clouée au lit du 7 décembre 2010 au 7 décembre 2011. Je pense que c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. Cette expérience m’a permis de faire une pause et de prendre le temps de réfléchir. J’ai décidé alors de changer de stratégie. Plutôt que de m’acharner à vouloir guérir un arbre malade en se débarrassant de ses feuilles mortes, j’ai compris qu’il fallait résoudre le problème à la racine en changeant son terreau. J’ai alors voulu mettre mon expertise au service des autres et j’ai accepté le poste de consultant international pour le Pnud et le gouvernement algérien dans le cadre de la réforme de son marché financier.
En quoi consiste votre mission?
J’ai choisi dans le cadre de cette mission le volet éducation et communication. J’ai, entre autres, rédigé le Manuel de certification des professionnels du secteur financier et proposé au ministère de l’Enseignement supérieur algérien la mise en place d’une stratégie visant à former les professionnels de la finance, en fonction de l’évolution économique de l’Algérie et selon les métiers manquants. L’idée que toute une nation serait certifiée à partir de mon manuel m’a permis de réaliser ma capacité à pouvoir apporter une plus-value au niveau de l’éducation. J’ai décidé alors de mettre mes acquis au service des générations futures à travers un programme éducatif qui devrait être enseigné dans les écoles. Il faut apprendre aux enfants à être créatifs, à réfléchir en dehors du carré. Il n’y a, à mon sens, jamais un problème, car il y a toujours une solution. Il faut sortir des schémas dans lesquels nous sommes conditionnés. L’une des raisons de ma réussite est de réfléchir avec créativité pour trouver la réponse à une situation donnée.
En quoi consiste votre programme?
Ce programme est composé de neuf thèmes: les multiples facettes de l’intelligence, les techniques du leadership, la communication, la conscience de soi, le développement de la pensée critique, l’éthique et la déontologie, les développements des moyens technologiques, l’environnement et l’écologie, la santé. Un thème optionnel est conseillé pour promouvoir l’art (photographie, sculpture, peintures, métiers manuels…). Ce programme pourrait être incorporé facilement au système éducatif à raison d’une heure d’enseignement par semaine ou dans le cadre de séminaire ou session de travail. L’originalité de ce programme est d’être mis en place par un professionnel et non par un pédagogue. C’est une première, car il met le doigt sur les besoins précis du monde extra académique et les lacunes à combler au niveau de l’éducation.
Quelle démarche avez-vous entrepris pour la réalisation de ce programme?
J’ai déjà rencontré plusieurs dirigeants d’écoles intéressés par ce programme. Je suis en discussion avec l’Unesco et le Pnud. Dans une seconde étape, je devrais rencontrer les ministères et les organismes internationaux. Il serait intéressant d’intégrer Vis-à-Vie dans le programme du ministère de l’Education. Le problème majeur auquel nous faisons face et qui freine la réalisation de celui-ci c’est le manque de fonds. C’est pour cela que nous sommes à la recherche d’un financement pour développer ce projet.
Propos recueillis par Joëlle Seif
Victimes de la pensée académique
Georges Land, auteur de Break point and beyond, Mastering the future today, a fait passer des tests de créativité utilisés par la Nasa sur 1600 enfants de cinq ans. Il les a suivis et leur a refait passer des tests à l’âge de dix ans, puis de quinze ans. Il s’est rendu compte que le caractère de génie est présent chez 98% des enfants de cinq ans. Ce taux tombe à 30% puis à 12% lorsqu’ils atteignent respectivement l’âge de dix ans puis quinze ans. Sur 280000 adultes testés, ce pourcentage n’est guère plus élevé que 2%. Face à ces données, Georges Land en a conclu que l’éducation dispensée dans les écoles conditionne les enfants à travers un style de pensée académique, ce qui limite leur degré de créativité.
Christine Assaf, doyen des Lettres et des Sciences humaines de l’USJ
«Il est important de se recycler»
La faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ) offrira, dès le printemps prochain, une formation continue destinée particulièrement aux professionnels souhaitant développer leurs compétences durant leur carrière professionnelle. Christine Assaf, doyen de la faculté, fait le point.
Quel est l’intérêt de cette formation continue?
La formation continue permet à toutes les personnes qui ont quitté l’université d’y retourner pour renouveler leurs connaissances. Les cours et les méthodes d’apprentissage ont évolué dans tous les domaines et ont été renouvelés. Je crois qu’il est important de se recycler et d’acquérir de nouvelles connaissances pouvant être utiles dans des domaines aussi variés que la psychologie, la philosophie, la sociologie, la littérature française, la géographie, l’art ou l’histoire. Toutes ces sessions auront lieu au Campus des Sciences humaines de l’USJ.
Qui sont les principales cibles de ces sessions?
Ces séminaires, quoique spécialisés, sont accessibles à toute personne intéressée par les thématiques proposées et désirant bénéficier de l’éclairage d’universitaires et de chercheurs experts reconnus en la matière: diplomates, journalistes, hommes politiques ou anciens étudiants. A l’issue de la formation, le participant reçoit une attestation de présence, sauf pour les sessions créditées en ECTS où le participant devrait être détenteur d’une licence et se soumettre à l’évaluation à la fin de la session.
Quelles seront les thématiques abordées lors des sessions?
Nous aurons, entre autres, une session sur la guerre au Liban qui aura lieu le 13 avril et qui sera destinée à toute personne intéressée par une approche universitaire du sujet de la guerre du Liban. La date limite d’inscription est le 5 avril et la session fonctionne à partir de huit participants. Ce séminaire revient sur deux dimensions fondamentales de la guerre qui a ravagé le Liban entre 1975 et 1990. D’autres sujets tels que Les théories et modes de traitement du traumatisme, Les transitions démocratiques dans le monde arabe ou La géopolitique du Moyen-Orient seront développés par des professeurs spécialisés lors des diverses sessions. Les guides touristiques, par exemple, profiteront pour leur part d’une session sur l’itinéraire phénicien dans la vieille ville de Tyr.
Qui sont les intervenants?
Ce sont de grands professeurs de la faculté des Sciences humaines, mais aussi des experts étrangers qui animeront les diverses sessions. Parmi les intervenants, Françoise Docquiert, commissaire d’exposition, maître de conférences et responsable d’un master autour du Commissariat d’exposition (art contemporain et photographie) à l’université Paris I. Docquiert animera une session sur la scénographie de l’exposition, destinée aux professionnels des métiers de l’exposition, galeristes et curateurs. Elisabeth Picard, directrice émérite de recherche à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, sera parmi les intervenants, ainsi que Henry Laurens, titulaire de la chaire sur le monde arabe contemporain au Collège de France.
Quels seront la durée et le tarif de ces sessions?
Le tarif varie d’une session à l’autre. Il est généralement entre 200 et 500 dollars. Certaines sessions comprennent le transport, comme dans le cas de l’itinéraire phénicien dans la vieille ville de Tyr, et le déjeuner. La session dure entre six et quinze heures. Nous aurons également des formations sur demande. Les sessions se dérouleront à partir de 17h en semaine ou les samedis en matinée. La langue d’enseignement est le français, sauf lorsque l’anglais ou l’arabe sont précisés.
Propos recueillis par NADA JUREIDINI
Pour des infos supplémentaires: formationcontinue.flsh@usj.edu.lb
ou veuillez composer le (76) 366142.
Festival du conte et du monodrame
Une 14e édition «Spécial Afrique»
Du 12 au 17 mars, le théâtre Monnot organise la 14e édition du Festival international du conte et du monodrame, dédiée à l’Afrique. Cinq conteurs professionnels se présenteront à la Crypte de l’église Saint-Joseph avant de se retrouver tous pour le Concours des menteurs.
Rendez-vous attendu d’année en année, voici la nouvelle édition du Festival international du conte et du monodrame. Un festival devenu un rituel suivi par un public de plus en plus fidèle. La Crypte de l’église Saint-Joseph sera, l’espace d’une semaine environ, une scène chatoyante de mots où se succéderont cinq conteurs venus d’Afrique, ainsi que plusieurs jeunes amateurs libanais.
Du 12 au 16 mars, chaque soirée sera animée simultanément par deux conteurs professionnels parmi les cinq invités de cette édition: Saïdou Abatcha du Cameroun, Rachid Akbal d’Algérie, Abdon Fortuné du Congo, ainsi que Souleymane Mbodj et Boubacar N’Diaye du Sénégal. En première partie, ce sont de jeunes amateurs libanais qui présenteront un spectacle de leur cru, durant une vingtaine de minutes. Et le 17 mars, le festival sera clôturé par le très attendu Concours des menteurs, qui réunit tous les conteurs invités dans un spectacle improvisé, toujours haut en couleur et plein de surprises.
Pourquoi une édition spéciale pour l’Afrique cette année? Pour Jihad Darwiche, le directeur artistique du festival, «l’Afrique est le berceau de l’humanité, la terre où la parole du conte reste, encore aujourd’hui, une parole de transmission et d’éducation au quotidien… En Afrique, on dit que le conte est une «parole d’huile» qui imprègne et qui laisse des traces chez celui qui écoute, par opposition à la «parole d’eau» qui s’évapore au premier rayon du soleil… Pour cette édition spéciale Afrique, nous avons choisi des conteurs issus de la nouvelle génération, qui vivent dans la modernité d’aujourd’hui et qui font le lien avec les générations précédentes, le lien entre la modernité et l’universel. Ils sont porteurs d’une parole forte et vivante. Ils traitent les sujets les plus sérieux avec humour et une légèreté apparente».
Avant de vous lancer dans l’univers des contes issus d’Afrique, voici un rapide aperçu du parcours des invités.
-Franco-Camerounais, le conteur et humoriste Saïdou Abatcha est le 1er humoriste africain à avoir su adapter l’humour de son continent au contexte culturel national, international et même extranational. Ses contes sont à la fois enseignement et divertissement, basés sur le respect, la tolérance, la générosité, la solidarité et l’entraide entre tous les êtres. Ils sont aussi fables, voyages sur terre, liens imaginaires entre le monde céleste et terrestre qui font rêver, méditer, découvrir, enseigner, construire. (www.abatchasaidou.free.fr).
-Rachid Akbal est directeur artistique de la compagnie Le Temps de Vivre et du Festival Rumeurs urbaines, festival des arts de la parole. Ce Kabyle planétaire n’a cessé de travailler et d’explorer, en passant du théâtre institutionnel aux expérimentations du théâtre de laboratoire aux arts de la rue. Comédien, conteur et auteur, loin des clichés communautaires, il trace son chemin à la croisée du conte traditionnel et du récit contemporain pour composer un théâtre du dire engagé (www.mondoral.org/Rachid-Akbal.html).
-Artiste pluriel, Abdon Fortuné Koumbha Kaf est comédien, metteur en scène, auteur, formateur, directeur d’un Festival de contes au Congo. Toujours en quête, il aime à lier entre eux les arts de la parole, à métisser tradition et modernité afin de créer des formes artistiques singulières et surprenantes (www.abdonkaf.blogspot.com).
-Conteur, musicien et auteur, Souleymane Mbodj a été initié dès sa plus tendre enfance aux percussions et au conte, ayant très vite compris l’importance de la parole dans les sociétés africaines. Formé à la philosophie et à l’histoire des religions, il propose également des formations sur le conte et anime des ateliers de musicologie africaine (www.leekbat.com).
-Fils de griot, Boubacar N’Diaye est un gardien de souvenirs qui partage des paroles provenant de son histoire, sa mémoire, ses lectures et sa propre créativité. Initié par ses deux mères et sa grand-mère dans l’art de la parole, ses mots, rythmes et danses nous plongent dans l’univers de l’enfance qui résonne encore en lui. Lui qui a choisi de raconter les épopées et chants sacrés de la tradition wolof (www.conteur-ndiaye.com).
Nayla Rached
Le Festival du conte et du monodrame, c’est du 12 au 17 mars, à la Crypte de l’église Saint-Joseph, à 19h30.
Billets en vente dans toutes les branches de la librairie Antoine et au théâtre Monnot: 20000 L.L. et 15000 L.L. (étudiants).
Programme
Mardi 12: Abdon Fortuné et Souleymane Mbodj.
Mercredi 13: Rachid Akbal et Boubacar N’Diaye.
Jeudi 14: Saïdou Abatcha et Souleymane Mbodj.
Vendredi 15: Rachid Akbal et Abdon Fortuné.
Samedi 16: Saïdou Abatcha et Boubacar N’Diaye.
Dimanche 17: Concours des menteurs.