Le Premier ministre désigné sort des rangs du 14 mars et ne commettra pas les erreurs de son prédécesseur. Le député et ancien ministre Marwan Hamadé, répond aux questions de l’heure. Interview.
Prolonger les délais de présentation des candidatures ou les suspendre ont fait l’objet d’un sérieux débat au Parlement. Où en êtes-vous?
Nous avons reporté les délais à la mi-mai dans l’espoir d’arriver à une loi mixte consensuelle qui mettrait fin à tous ces problèmes.
Jusqu’à quand pensez-vous que seront reportées les élections?
Les conditions techniques imposent le report des élections, mais pour une très courte période si l’unanimité, qui a présidé à la nomination de Tammam Salam à la tête du gouvernement et qui a régné sur la séance élargie du bureau du Parlement, perdure.
Les concertations du Premier ministre sur la forme du gouvernement ont montré des divergences entre ceux qui réclament un cabinet d’union nationale et ceux qui demandent une équipe pour gérer les élections. Pourra-t-il surmonter ces obstacles?
Il s’agit aujourd’hui d’un gouvernement de transition et d’élections dans tous les sens du terme. Dans toute formation de gouvernement, chacun cherche à obtenir sa part des portefeuilles. La nécessité actuelle est de satisfaire l’opinion publique qui souhaite un gouvernement qui ramène des touristes et des investissements. Si les difficultés sont telles qu’elles créent un vide législatif, tous les Libanais devront adopter une position historique.
Le général craint des vexations politiques…
Il n’y en aura pas. La méthode actuelle est inadmissible. Chaque ministère est devenu la propriété d’une église, une mosquée ou une husseinya. Sous la première République, celle de Béchara el-Khoury et de Riad el-Solh, ceci n’existait pas. Le principe était de mettre la personne qu’il faut à la place qu’il faut.
Le 8 mars revendique un gouvernement d’union nationale, accepterez-vous d’y participer?
Nous ne participerons pas à un gouvernement d’union nationale tributaire d’un tiers de blocage ou de ce qu’on appelle «un ministre roi», mais à un gouvernement d’intérêt national.
Que pensez-vous de l’appui de Walid Joumblatt à un gouvernement d’intérêt national après avoir affirmé qu’il accorderait la confiance à un gouvernement d’union nationale?
Walid Joumblatt veut juste faciliter la formation du gouvernement des élections et l’action de Tammam Salam.
L’Arabie saoudite a-t-elle eu un rôle dans la nomination de Tammam Salam?
C’est nous qui faisons la promotion de nos candidats auprès des autres et non l’inverse. Les relations de la famille Salam avec le royaume saoudien et le parrainage qu’offre le royaume aux Makassed ne sont pas un secret. Mais Tammam Salam n’a pas été choisi par Riyad. Il a reçu un large appui arabe, dont celui de l’Arabie saoudite. Comme il a également reçu un appui international comme ce fut le cas pour Najib Mikati au nom de la nécessaire stabilité.
Que dites-vous à ceux qui pensent que nous remplaçons la tutelle syrienne par la tutelle saoudienne?
Les dépôts saoudiens auprès des banques libanaises, la confiance dans notre économie, l’achat de terrains et leur exploitation constituent-ils une tutelle? Les Saoudiens ne vivent pas au Liban, ils y passent deux ou trois semaines d’estivage et y dépensent de l’argent. Ils accueillent dans leur pays des centaines de milliers de Libanais, toutes catégories et confessions confondues, auxquels nous devons une grande partie de nos rentrées et du revenu national.
Si un ministre des Affaires étrangères, à l’exemple de Adnan Mansour, était désigné, Tammam Salam pourra-t-il l’affronter?
Il est à même de l’affronter car il bénéficie de l’appui d’une majorité qui réclame une véritable distanciation. J’espère et j’attends de sayyed Hassan Nasrallah qu’il sorte ses forces de Syrie. Cela faciliterait le dialogue national sur la stratégie défensive.
Comment qualifiez-vous la position du Premier ministre désigné au sujet des armes du Hezbollah?
Sa position est claire. Il n’est pas provocateur et reste très prudent sur certains sujets, mais il est ferme sur les questions stratégiques nationales.
Que pensez-vous du rapprochement de Joumblatt et Arslan?
Ce rapprochement entre les deux maisons est stable depuis des décennies. Je ne pense pas que quelqu’un puisse le briser.
Est-ce pour ouvrir une brèche dans l’entente avec Saad Hariri ou pour se présenter à Aley que Ghazi Aridi n’a pas présenté sa candidature à Beyrouth?
Ne mêlons pas les choses. Le ministre Aridi a invoqué des raisons personnelles.
Propos recueillis par Saad Elias