Vers un troisième mandat?
Le deuxième mandat du président de la province semi-indépendante du Kurdistan, Massoud el-Barzani, expire à la fin de l’année. La question de sa succession est donc ouverte. Selon les lois en vigueur dans la province irakienne, il n’est pas permis de briguer un troisième mandat. Mais ce n’est pas l’avis des supporters de Barzani, qui prétendent que son investiture en 2005 ne peut pas être prise en compte, puisqu’il n’avait pas été élu mais désigné à son poste. Pendant que l’opposition interne crie au scandale, les observateurs suivent de près la position du président irakien, Jalal Talabani, qui aurait le dernier mot à ce sujet, car son soutien à l’actuel président permettrait à Barzani de briguer un nouveau mandat sans que cela ne cause de vrais problèmes. Feuilleton à suivre.
La Libye, un pays de droits?
Le journaliste libyen Amara el-Khattabi, détenu depuis près de cinq mois, n’est pas près de retrouver la liberté. Les juges insistent à repousser son procès pour lui faire passer le plus de temps possible en prison. Son crime, avoir publié dans le journal Al-Umma les noms de 87 juges corrompus. Fureur au sein de la magistrature qui compte faire d’Amara el-Khattabi un exemple pour ses confrères qui oseraient prendre leur métier au sérieux. Ces pratiques sont malheureusement courantes au pays de Omar el-Mokhtar depuis la prise du pouvoir par Mouammar Kadhafi en 1969. Mais que la révolution libyenne, déclenchée au nom de la liberté, ait recours aux mêmes pratiques est décevant.
Ahmad el-Fahad el-Sabah président de l’Association arabe des Comités nationaux olympiques, a préféré se tenir à l’écart de la bataille féroce qui oppose divers candidats arabes autour du poste de président de la Confédération asiatique de football. Or, plusieurs candidats des pays du Golfe ont déjà affiché leur désir d’occuper ce poste, ce qui a provoqué des tensions entre Qataris, Emiratis et Bahreïnis. Fahad a même tenté de réconcilier les différents prétendants, mais sans succès, aucun des trois n’étant disposé à se retirer. Le nouveau président ne sera donc pas originaire des pays du Golfe.
Mohammad el-Baradei qui a fondé début 2012 le parti al-Dostour, risque de voir sa formation partir en éclats à cause des dissensions multiples qui secouent ses rangs. C’est ce qui explique la décision prise par des dizaines de jeunes militants de présenter leur démission et de quitter le parti, car ils n’approuvent pas la ligne politique adoptée par ses dirigeants, qui est, selon eux, décalée des vrais problèmes qui touchent la rue égyptienne. Afin de faire face à cette crise, l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique s’est entretenu avec les frondeurs qui exigent la tenue d’élections internes afin de changer la direction en place. Entre-temps, des sources proches de Baradei assurent que ce dernier est dégoûté par la tournure des événements et a décidé de ne pas se représenter lors des prochaines élections parlementaires, voire de se retirer de la vie politique.
Tawadros II revient
Le pape Tawadros II, chef de l’Eglise orthodoxe égyptienne qui était entré en réclusion totale après les incidents meurtriers qui ont coûté la vie à sept Coptes au Caire, à la mi-avril, est revenu dans la capitale. A travers ce geste, le successeur de Chenouda III souhaitait lancer un message fort contre les attaques aux armes à feu contre la cathédrale Saint-Marc, à Abbassiya, une première depuis plus de quarante ans. Mais face aux tensions grandissantes, il a dû réintégrer son poste pour que les choses ne dégénèrent pas. Cependant, le prélat a fait savoir que tant qu’une enquête sérieuse n’était pas menée par les autorités, il ne recevra aucun dirigeant politique, en signe de protestation contre le laxisme et l’indifférence de l’organisation des Frères musulmans vis-à-vis des agressions dont sont victimes les Coptes.
En pointillé…
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan mène, depuis sa prise du pouvoir, une guerre sans merci contre les journalistes qui osent le critiquer. Dernier épisode en date, Ambrin Zaman, journaliste à Khabar Turc, connue pour ses attaques virulentes contre l’approche par les islamistes du dossier kurde, vient d’être limogée de son poste. Erdogan, en négociation avec le leader du PKK kurde, Abdallah Ocalan, a estimé que les attaques de Zaman survenaient au mauvais moment, exigeant ainsi son limogeage. La journaliste reste cependant plus chanceuse que Hassan Jamal, journaliste à Milliyet, arrêté et emprisonné pour atteinte à la sécurité de la République. Résultat, sous le règne d’Erdogan, des centaines d’écrivains, d’analystes et de chroniqueurs ont vu leurs carrières détruites. Même au temps des militaires, la presse turque avait plus de liberté.
Un ministre sanguinaire
Depuis la nomination de Moshe Ya’alon au ministère israélien de la Défense, les médias israéliens ne cessent de rappeler le rôle de cet ancien chef d’état-major de l’armée dans l’assassinat d’Abou Jihad, le numéro 2 de l’OLP, en 1988. Le général à la retraite avait lui-même tiré plusieurs balles sur le leader palestinien à l’intérieur de sa villa dans une banlieue de Tunis. Mais contrairement à son prédécesseur, Ehud Barak, qui adorait raconter son rôle dans l’assassinat de trois leaders palestiniens à Beyrouth, en 1973, Ya’alon maintient un silence radio sur cette affaire. Questionné à ce sujet à plusieurs reprises, il s’est refusé à tout commentaire, assurant que cette affaire ne devait pas être débattue dans les médias. Ya’alon a même eu l’audace de répondre à un journaliste: «L’opération de Tunis! De quoi me parlez-vous au juste?».
Abdel-Maksoud devrait se calmer
Le ministre égyptien de l’Information, Salah Abdel-Maksoud, qui avait tenu des propos indécents envers son interlocutrice Zeina el-Yazigi, au mois d’octobre dernier, vient de récidiver. En effet, à l’occasion de sa participation à une cérémonie, il a répondu à la journaliste Nada Mohammad, qui lui demandait où en était la liberté de la presse en Egypte: «Viens chez moi et je te montrerai où en est la liberté de la presse». Cette réponse, qui avait suscité des rires parmi les participants, a été très mal accueillie par les activistes et les bloggeurs qui demandent désormais le limogeage d’Abdel- Maksoud. Ce membre de la Confrérie des Frères musulmans aurait même agacé son propre mouvement, puisque des sources au Caire assurent que, au prochain remaniement ministériel, le ministre de l’Information sera le premier à être remplacé.
La guerre de succession est ouverte
Le Congrès national au pouvoir au Soudan depuis 1989, suite au coup d’Etat militaire mené par le général Omar Hassan el-Bachir, est confronté à des divisions internes sans précédent. Ces dissensions ont refait surface à la suite de la décision de Bachir de ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles, pavant la voie aux successeurs potentiels. Mais, surprise, il n’est pas sûr que le général tienne parole, ce qui expliquerait la sanction prise à l’encontre de Ghazi el-Atbani, chef de la majorité au Parlement, limogé après avoir souligné que selon la Constitution, le président Bachir n’avait pas le droit de se représenter. Fureur au palais présidentiel, qui a senti qu’Atbani lançait ainsi sa propre campagne électorale. A Khartoum, on n’est pas optimiste quant à un changement à la tête de l’Etat.
Mort d’un bourreau
Le colonel britannique Ian Henderson est mort à l’âge de 86 ans dans la capitale londonienne. Ancien officier de Sa Majesté, il avait reçu dans les années 50 la médaille la plus prestigieuse pour son rôle dans l’écrasement de la révolte Mau Mau au Kenya, une campagne qui avait causé la mort de plusieurs milliers de personnes. C’est sûrement ce qui avait poussé la famille des Khalifa de Bahreïn à le nommer chef des services de renseignement du petit îlot entre 1968 et 1998. Des années durant lesquelles des dizaines d’activistes ont été torturés, violés et tués en prison, ce qui explique la joie exprimée sur les réseaux sociaux par les opposants chiites à l’annonce de son décès. Ce n’est pourtant pas l’avis de son disciple, le colonel Adel Fleifel, actuel chef de la police secrète, qui a salué la mémoire de «ce grand homme». D’origine écossaise, il avait continué, même après sa retraite en 1998, à donner ses conseils au roi et à son oncle le Premier ministre.
2400 prisonniers politiques auraient dû être libérés par le régime syrien après la dernière amnistie présidentielle. Or en réalité, cette annonce faite en grande pompe était vide de tout contenu, puisque sur le terrain il n’y a eu ni pardon ni libération. Les médias du régime, habitués aux orchestrations, n’ont pas cité de noms ni montré les photos des personnes libérées. Depuis l’éclatement de la crise syrienne, ce n’est pas la première annonce du genre, faite par le président Bachar el-Assad. Dans la plupart des cas, les personnes libérées ont été arrêtées à nouveau quelques heures plus tard. Résultat, des analystes estiment que plus de 100000 opposants sont aujourd’hui détenus dans les geôles syriennes, pendant que l’opposition détient pour sa part quelques milliers de sympathisants du président.
1000 livres égyptiennes est la somme reçue par le très controversé cheikh salafiste Youssef el-Badri en échange de sa participation à un programme sur la chaîne télévisée Annahar. Le prédicateur, qui avait exigé que la présentatrice de l’émission porte un foulard, a passé un mauvais quart d’heure. La jeune femme, n’ayant pas apprécié l’insulte qui lui a été adressée par Badri, a réagi ainsi: «Est-ce que vous avez pris 1000 livres de la production pour venir m’insulter? Et bien, je ne porterai plus le foulard comme vous l’avez imposé». Riham Saïd a donc jeté le foulard, refusant de continuer l’émission et s’est retirée du plateau, pendant que le cheikh salafiste la menaçait et que la chaîne la renvoyait. Cet épisode a été suivi par des millions d’internautes qui ont exprimé leur soutien à Riham qui, pour sa part, a fait savoir qu’elle tentait à travers son geste de montrer l’hypocrisie des salafistes qui disent quelque chose face à la caméra et autres choses en coulisse.