Alors que le cabinet Mikati expédie les affaires courantes, le Premier ministre désigné, Tammam Salam, s’active pour former son gouvernement qu’il pourrait annoncer d’ici le 15 mai. Un cabinet de 24 ministres semble se profiler. Mais les obstacles ne sont pas tous surmontés.
Un nouveau gouvernement d’ici le 15 mai, voire même pour ce week-end. C’est ce que semblent avancer plusieurs milieux proches du nouveau Premier ministre, Tammam Salam, chargé de cette lourde tâche. Après maintes discussions avec l’ensemble des partis politiques libanais, Salam pourrait opter pour un cabinet constitué de 24 ministres. Un chiffre qui n’est pas dû au hasard, mais bel et bien à la réalité de la scène politique libanaise.
Si on ne connaît pas encore les noms des ministrables, en revanche, la formule choisie semble entérinée. Tammam Salam formerait ainsi un gouvernement composé de trois tiers, à savoir un tiers (soit huit ministres) pour le 8 mars, un tiers pour le 14 mars et, enfin, un dernier tiers pour les centristes, dont le chef de l’Etat Michel Sleiman et désormais, Walid Joumblatt.
Selon des sources proches du Premier ministre désigné, il semble que Salam «insiste pour la formation d’un gouvernement de 24 membres, dont les portefeuilles seront équitablement répartis». Cela afin d’assurer «la représentation de toutes les composantes et un minimum de stabilité politique au gouvernement, malgré les grosses tempêtes qui entourent le Liban». Toujours selon ces sources, le camp du 8 mars pourrait scinder ses huit portefeuilles avec «l’octroi de quatre ministères au Courant patriotique libre de Michel Aoun (sur un total de 12 portefeuilles réservés aux chrétiens dans le gouvernement), tandis que le bloc Hezbollah-Amal récupèrerait 4 ministres. Le CPL se serait opposé à la rotation des maroquins, préférant conserver les portefeuilles de l’Energie et des Télécoms, tandis que le mouvement Amal souhaiterait rester aux Affaires étrangères.
Dans le bloc centriste, le président de la République Michel Sleiman pourrait nommer un cinquième ministre chiite, ainsi que deux ministres chrétiens. Tammam Salam et Walid Joumblatt pourraient nommer chacun deux ministres.
Enfin, pour le dernier tiers attribué au 14 mars, les différentes composantes se répartiraient la désignation des huit ministres comme elles l’entendent. Telle une épée de Damoclès, Tammam Salam aurait, selon les sources, mis sa démission dans la balance, si un des tiers composant le gouvernement venait à quitter le cabinet.
A quelques jours de l’échéance attendue, Tammam Salam continue de s’activer et de rencontrer les ténors de la classe politique. La demande du 8 mars d’obtenir le tiers de blocage semble ne pas pouvoir faire long feu. Salam devait rencontrer cette semaine une délégation de cette coalition afin de l’évacuer complètement, car la constitution d’un tiers de blocage empêcherait la formation d’un cabinet efficace.
Autre demande qui a de grandes chances d’échouer, celle de voir le nouveau gouvernement composé de personnalités candidates aux élections. Ce à quoi Salam semble fermement s’opposer, lui qui s’était prononcé au départ pour un gouvernement de technocrates. Toutefois, le Hezbollah pourrait faire des concessions sur le plan intérieur, préférant se consacrer pour l’heure au front syrien.
Si Tammam Salam annonce bel et bien la formation de son gouvernement d’ici le 15 mai, sa tâche ne sera pas pour autant aisée. Parmi les dossiers chauds et complexes qui l’attendent, la supervision des élections législatives, ou encore la consécration de la politique de distanciation, définie dans la déclaration de Baabda, et adoptée par son prédécesseur. Avec des écueils supplémentaires sur son chemin, comme l’équation peuple-armée-résistance défendue par le 8 mars et rejetée par le 14 mars, et par Salam lui-même. Il faudra aussi, au préalable, que les trois tiers s’entendent sur la déclaration ministérielle, ainsi que sur la ligne politique générale du gouvernement. Bref, l’heure de la délivrance n’est pas près de sonner.
Jenny Saleh
8-8-8 contre 7-7-10
Avant que la formule du 8-8-8 ne fasse son chemin, Tammam Salam aurait proposé au 8 mars comme au 14 mars sept portefeuilles à chacun, les dix restants étant répartis entre le bloc centriste et le Premier ministre lui-même. Une option refusée en bloc par le 8 mars, pour qui cela reviendrait à donner au 14 mars le contrôle de l’Exécutif, Tammam Salam étant proche de ce camp. La formule du 8-8-8 semble être donc la seule qui pourrait être retenue.