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Nº 2897 du vendredi 17 mai 2013

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Gouvernement du «fait accompli». Ce n’est que partie remise

L’Arabie saoudite, avec Walid Joumblatt en chargé de mission, a reporté la formation d’un gouvernement du fait accompli. Ni les intentions, ni la formule promue par le Premier ministre désigné Tammam Salam ne plaisent au Hezbollah, encore moins à Nabih Berry en tête, qui a remis les pendules à l’heure.

Tammam Salam a sans doute profité du fracas du débat public sur la loi électorale pour mener sa barque dans la plus grande tranquillité. Son gouvernement a très nettement été relégué au deuxième plan et ce, par tous les partis politiques du pays. Les choses sérieuses d’abord, le reste viendra. Seules quelques confidences de proches et de visiteurs réguliers relayées par la presse sont là pour suivre la réflexion du Premier ministre désigné, moins présent sur la scène médiatique que son prédécesseur Najib Mikati. La situation ne lui sied guère, d’autant que le personnage est d’une nature extrêmement discrète. Mais ses actes et ses intentions parlent pour lui. En son palais de Mousseitbé, Salam bout d’impatience. Cette colère froide, il la partage uniquement avec son premier cercle et le président de la République, Michel Sleiman. Leurs situations se ressemblent un peu. Tous deux défendent bec et ongles le pouvoir qu’ils détiennent. Histoire de faire la nique à ces partis qui ne cessent de le leur confisquer, l’option du fait accompli a été toujours dans les tuyaux.
Signe avant-coureur, le très peu de rencontres avec certains acteurs de la vie politique du pays. Le Hezbollah et ses alliés sont snobés, tout comme Nabih Berry, le président du Parlement. Les Forces libanaises sont également écartées. Tammam Salam agit seul et plus d’un mois après sa désignation unanime, il s’est concocté deux possibilités. Un gouvernement resserré de 14 technocrates qu’aucun parti n’aurait nommés, dont sa composition assure un minimum de représentativité communautaire et qui pourrait avoir l’aval du chef de l’Etat. Lorsque Nabih Berry a eu vent de leurs intentions, son sang n’a fait qu’un tour. Le président et le Premier ministre qui privatisent le dossier du futur gouvernement sans consulter le médiateur de Aïn el-Tiné. Il aura suffi de quelques heures pour écarter, du moins pour le moment, l’option du gouvernement du fait accompli.
Le leader du PSP est le premier à se mettre en action. Accompagné de son fils Teymour, du ministre Waël Abou Faour et du député Nehmé Tohmé, il s’envole pour Jeddah où il rencontre le prince Bandar Ben Sultan, chef des services de renseignements saoudiens et interlocuteur privilégié du pays sur le dossier libanais et le leader du Courant du futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Qui de Joumblatt ou de ses interlocuteurs saoudiens a posé un veto aux intentions de Salam? Riyad est disposé à jouer un rôle stabilisateur au Liban et le leader druze tient à sauvegarder les équilibres internes.
Depuis les navettes du week-end, tous ont baissé de ton. Lundi, le Premier ministre désigné s’est rendu à Aïn el-Tiné pour y retrouver le président du Parlement Nabih Berry. Ces derniers jours, le leader du mouvement Amal n’a pas caché sa colère contre Salam et Sleiman. Le discours du député de Beyrouth a dû le rassurer, au moins provisoirement. «J’œuvre toujours auprès de toutes les parties afin de parvenir à une décision satisfaisante pour tous. Je ne suis pas pressé, mais je n’aime pas le retard. Je n’envisage aucune démarche incompatible avec l’intérêt national».
Pour le Hezbollah et ses alliés, l’essentiel est sauvegardé. Désormais, le bras de fer se joue sur un autre terrain. Alors que Joumblatt s’est déclaré favorable à un gouvernement de 24 ministres: huit au 8 mars, huit au 14 mars et huit aux «centristes», l’ancienne majorité reste attachée à l’obtention du tiers de blocage au sein de ce gouvernement. Les acteurs de ce dossier attendent toutefois l’issue du débat sur la loi électorale.

Julien Abi Ramia
 

La mise en garde du Hezbollah
Ces derniers jours, les représentants du Parti de Dieu ont multiplié les déclarations sur le dossier du gouvernement Salam, expliquant par la voix du chef du bloc parlementaire du parti Mohammad Raad, que la formation d’un gouvernement du fait accompli, qui ne respecterait pas les demandes de la coalition en fonction de sa représentativité au Parlement, «déstabiliserait le pays».
Pour certaines sources du parti, «l’initiative avortée de Tammam Salam visait à écarter le Hezbollah du gouvernement».      

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