Le Bureau Moyen-Orient de l’Agence de la Francophonie lance le prix régional du journalisme francophone illustré. Ce concours est ouvert à tous les étudiants en journalisme et en lettres, dont l’âge varie entre 18 et 30 ans, venant du Liban, d’Egypte, d’Irak, de Jordanie, de Palestine et de Syrie.
Partant ainsi de l’expression «J’ai 20 ans et…», qui doit figurer au début de l’article en complétant la suite, l’œuvre journalistique des participants (article et illustration au fusain seulement) doit «confronter au regard du lecteur, un regard jeune global sur la région et ses politiques ou un regard critique spécifique sur une actualité particulière à caractère social, économique, politique ou culturel». Ce concours a pour objectif d’encourager les étudiants à un traitement original des sujets régionaux, de favoriser leur engagement dans la défense de la liberté d’expression et de les sensibiliser à travailler en binôme. Ce prix récompensera deux œuvres journalistiques et leurs auteurs. Au total, deux prix seront offerts et quatre lauréats bénéficieront, chacun, d’une allocution de stage professionnel à l’international.
C’est dans le cadre du lancement de ce prix régional que Salwa Nacouzi, directrice régionale de l’AUF, nous présente les enjeux du métier de journalisme. A la question de savoir où se situe la frontière entre le vrai journalisme et le simple témoignage, Nacouzi explique que ce métier nécessite une prise de distance avec le sujet traité, tout en utilisant le témoignage comme sa source primaire. Faisant la distinction avec le journalisme d’opinion où l’information est lue à travers une grille politique ou idéologique spécifique, la directrice régionale de l’AUF insiste sur la nécessité d’encadrer les journalistes dans le but de donner du sens à une certaine légitimité de l’information. Le contexte régional actuel dans lequel nous vivons requiert une réelle formation que doivent suivre les journalistes. «C’est un métier qui ne s’improvise pas et qui demande une utilisation de l’information avec une certaine objectivité, affirme Nacouzi. Un vrai journaliste doit savoir transmettre l’information telle quelle même si cela va à l’encontre de ses propres convictions, de ses appartenances politiques ou idéologiques».
Cependant, la diffusion de toute information devrait se faire selon des règles préétablies. Alors que le journaliste amateur ne risque rien – juridiquement – en publiant une information erronée, le journaliste professionnel, lui, se doit de respecter l’éthique du métier. «Avec tous les blogs qui se multiplient, tous les apprentis journalistes qui, n’ayant suivi aucune formation, se permettent de publier des informations, la plupart du temps, non fondées, une prise de conscience est de nos jours indispensable à la survie du métier de journalisme». Il manque aujourd’hui un cadre juridique, une législation supposée responsabiliser les journalistes amateurs. «Nous faisons de plus en plus face à un problème de désinformation avec des médias qui cessent d’être de simples arbitres», conclut Nacouzi.
Natasha Metni
Une question d’éthique
«Outre les droits et les devoirs juridiques stipulés par les normes juridiques pertinentes, les médias assument, à l’égard des citoyens et de la société, une responsabilité morale qu’il faut souligner, particulièrement dans un moment où l’information et la communication ont une grande importance tant pour le développement de la personnalité des citoyens que pour l’évolution de la société et de la vie démocratique». Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, résolution 1003 (1993) relative à l’éthique du journalisme.