Elle a tranquillement fait son chemin dans le monde de la presse. Après neuf années à la NBN, elle anime l’émission à succès Baadna maa Rabia sur la NTV. Loin des projecteurs, elle donne l’image d’une grande simplicité. Elle évoque à cœur ouvert ses rêves et ses angoisses. Femme orientale, elle se veut une mère avant tout. Portrait de Rabia Zayyat.
Elle vient du Sud, plus précisément de Tyr. «Je ressemble à un poisson. Je ne peux pas vivre loin de l’eau. Le bleu du ciel et le bleu de la mer représentent beaucoup pour moi», confie Rabia Zayyat. Son père lui a donné le prénom de Rabia, car elle est la quatrième fille dans la famille et parce qu’il avait de l’admiration pour Rabia Adawiyya, la poétesse. Elle a vécu la guerre et souffert des multiples invasions israéliennes, mais cela ne l’a rendue encore que plus consciente de la valeur de la vie et l’a poussée à réaliser quelque chose de la sienne. A cause de la guerre, elle a vécu avec son frère deux ans en France, dans la ville de Bordeaux.
Très jeune, elle était déjà fascinée par le monde de la presse et de l’audiovisuel. De longues heures devant son miroir, elle imitait les vedettes de la télé dont son idole Souad Karout Achi. «Faire de la télévision était un rêve pour moi. Un secret que je cachais au fond de moi-même». Mais les circonstances de la vie empêchent Rabia Zayyat de réaliser son rêve. Après avoir suivi des cours de gestion, elle étudie par correspondance la psychologie. Mais on n’échappe pas à son destin. Elle revient au Liban et fait ses débuts à la NBN, où elle passe neuf ans au cours desquels elle présente plusieurs émissions: un programme matinal puis Beauty inn, Sijal… Son départ pour la NTV représente un tournant dans sa carrière. Après un bref passage aux journaux télévisés, elle présente l’émission W eltakayna aand Rabia qui se transforme aussitôt en Baadna maa Rabia. «Je ne me suis pas retrouvée dans les informations. Ce n’était pas moi».
Se conformant à la nouvelle vague qui consiste à recevoir plusieurs invités à la fois, elle gère un plateau de cinq personnalités, chacune venant d’un horizon différent. «Une émission de ce genre est difficile à mener. Vous devez connaître l’histoire de chacun des invités, faire la connexion entre eux, passer d’un sujet à l’autre, retenir de chacun l’essentiel et ne pas se perdre dans les détails. Cela ne veut pas dire que n’importe qui peut mener à bien une émission où il ne reçoit qu’un invité. Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir une grande force et une large culture».
La beauté seule ne suffit pas à garantir le succès, selon Rabia Zayyat. «On ne peut pas être dans la durée si on est seulement belle. Il faut cultiver son esprit également». La concurrence ne fait pas peur à Rabia Zayyat. «Homme ou femme, je m’estime en compétition avec tout le monde. C’est la compétition qui me fait avancer et c’est une raison pour relever le défi, se développer et donner le meilleur de soi-même. Lorsqu’on ne se sent pas en rivalité, on est frappé d’ego et on stagne. On ne fait plus d’effort pour s’améliorer», dit-elle. Durant ses émissions, le même respect est accordé à tous les invités quoique la répartition des rôles n’est pas la même. «Il y a toujours un invité principal et c’est normal qu’on lui accorde une plus grande importance».
Mère avant tout
«Ma meilleure réalisation et ma plus grande performance sont mes quatre enfants. Je suis mère avant tout», dit Rabia Zayyat. Mariée à Zahi Wehbé, ils ont deux enfants, un garçon, Dali (5 ans) et une fille, Kanz (4 ans). Rabia est aussi la mère de deux jeunes gens, nés d’un premier mariage, Karim (19 ans) et Ali (17 ans). Sa relation avec ses enfants, en particulier avec les aînés, est très amicale. «Ils ont très bien accepté mon mariage et leur relation avec Zahi est empreinte de respect et d’affection». Sa rencontre avec Zahi Wehbé était prédestinée. «Sans le connaître, je sentais qu’il existait un lien très fort avec cet homme. Quand je le regardais à la télévision, j’avais le pressentiment qu’un jour je travaillerai aussi dans ce domaine et je ferai sa connaissance». Un ami commun les présente l’un à l’autre. «Dès notre première rencontre, j’ai tout de suite su que c’était l’homme de ma vie. Il y avait cette alchimie entre nous dès le début, puis notre relation a évolué doucement». Pour elle, il est plus qu’un mari. C’est son professeur, son conseiller. «J’ai beaucoup d’admiration pour lui», dit-elle. Selon Rabia Zayyat, Zahi Wehbé ressemble à sa poésie. «Il n’est pas comme la majorité des intellectuels arabes qui écrivent quelque chose et pensent autre chose. Il n’a pas cette schizophrénie. Il m’appuie et me soutient constamment. Il ne met aucune limite à mon ambition». Rabia Zayyat se voit une femme orientale typique qui connaît ses limites. «Je crois fermement aux droits de la femme, mais je pense aussi qu’une famille ne peut pas fonctionner avec deux têtes. Il faut qu’il y ait un chef, un capitaine qui mène le navire à bon port». Pour elle tout est réciproque. La sécurité assurée par l’homme est complétée par la sécurité affective qu’apporte la femme. «Zahi sait parfaitement qu’il est marié à une femme qui a de l’ambition et qui cherche à se réaliser. Et moi je sais que je suis mariée à un poète qui a besoin de son espace et d’une certaine liberté. Nous sommes deux amis qui font leur chemin ensemble main dans la main».
Travailleuse acharnée, Rabia Zayyat occupe plus d’une fonction. Elle est productrice et présentatrice de son émission Baadna maa Rabia. Elle est aussi styliste pour la revue de mode Sayidati, ainsi qu’associée dans un centre médical de dermatologues Nü Yü. Mais pour la présentatrice, sa fonction première est celle de mère. «Je suis une mère à plein temps de deux enfants en bas âge. Je fais tout avec eux. Je travaille les avant-midis pour me consacrer entièrement à eux les après-midis». Pour élever ses enfants, elle a renoncé à toute vie sociale. «On ne peut pas à la fois élever ses enfants et avoir une vie sociale. J’aime rester à la maison. Je ne sors pas beaucoup». Rabia Zayyat est une femme croyante qui s’en remet à Dieu en toute circonstance. C’est une fille de la nature et n’aime pas la ville. «J’aime la nature, les arbres, la verdure… Tout cela me donne une sérénité et une paix intérieure». Réaliste, elle garde les pieds sur terre. Elle sait parfaitement que la célébrité dont elle jouit ne va pas durer. «J’en profite maintenant mais je suis consciente que tout cela est éphémère». Elle est préparée pour le jour où elle ne sera plus sous les feux des projecteurs. «Je sais que la vie continue avec ou sans moi. L’essentiel est de laisser un bon souvenir chez les gens. Jamais je ne me comporte comme une star. Je suis très terre à terre et sur ce point nous nous ressemblons Zahi et moi». Elle est attirée par la mode et accorde une grande importance à son apparence physique. Avec une sincérité désarmante et si rare, elle reconnaît avoir peur de la vieillesse. «Les rides, les marques de vieillesse me font peur. Je ne suis pas en paix avec moi-même sur ce plan. J’admire toutes celles qui affichent fièrement leurs rides et vous disent que chaque ride porte un souvenir et raconte une histoire».
Joëlle Seif
Ce qu’elle en pense
-Social Networking: «Je suis très active sur Twitter car c’est un moyen d’être en contact avec les gens. C’est aussi un espace dans lequel je peux m’exprimer. Dans mon travail, je suis neutre et je reste impartiale. Je suis sur Facebook aussi, mais j’y suis moins active que sur Twitter».
-Ses loisirs: «J’aime la bonne chère, la lecture et la marche».
-Sa devise: «Agis pour ta vie d’ici-bas comme si tu devais vivre à jamais et agis pour ta vie de l’au-delà comme si tu devais mourir demain».
Avec Ziad Rahbani
La présence de Ziad Rahbani sur le plateau de son émission Baadna maa Rabia a connu un grand succès. «J’étais très en alerte ce jour-là car Ziad avait déjà donné cinq interviews télévisées et je voulais tirer de lui quelque chose de nouveau». Rabia Zayyat a réussi à montrer le grand Ziad Rahbani sous un nouveau jour en dévoilant son côté humain. Un homme simple, qui ressemble à tout le monde, qui aime la bonne cuisine et apprécie les petits plaisirs de la vie.