Ahmad el-Assaad, président du parti de l’Option libanaise, a déclaré qu’il était présent lors de l’incident qui a coûté la vie à l’un de ses partisans, Hachem Salman, devant l’ambassade d’Iran. Il promet une escalade de son action.
Comptez-vous entreprendre d’autres mouvements après l’assassinat du responsable estudiantin du parti, Hachem Salman?
Bien sûr, nous allons vers l’escalade. Pour le moment, nous examinons les mouvements à entreprendre dans le cadre d’un plan concret. Nous n’acceptons pas que le sang du martyr ait été versé pour rien. Hachem Salman est mort pour le Liban et nous espérons que son martyre soit l’étincelle qui réveillera le peuple afin qu’il pense à se soulever contre le statu quo, à l’instar de Mohammad Bou Azizi en Tunisie. Hachem représente chacun d’entre nous, s’ils veulent nous tuer tous, pas de problème!
Les partisans du Hezbollah ont eu recours à
l’intimidation pour vous empêcher de manifester dans la rue. Allez-vous réussir à faire face aux chemises noires?
Nous connaissons leur style. Nous savons qu’il y a des sacrifices à consentir. J’étais présent avec les protestataires. Ma voiture était à l’arrêt et j’ai assisté au spectacle. Nous avons réussi à quitter les lieux. Aujourd’hui, la liberté ne se présente pas sur un plateau d’argent. Tous attendent un changement de la conjoncture régionale, ce n’est pas de cette façon que les vrais changements s’opèrent. La révolte du peuple libanais doit être à la mesure de son désespoir. Il y a un prix, nous sommes prêts à le payer.
Vous contestez l’implication du Hezbollah dans les batailles en Syrie, alors que, lui, dit vouloir protéger les arrières de la Résistance…
Le Hezbollah raconte beaucoup d’histoires. Il prétend combattre à Qoussair pour empêcher les takfiristes de pénétrer au Liban pour nous agresser… C’est pourquoi, je voudrais demander au Hezbollah si Hachem Salman le chiite, fils et petits-fils de chiites, est takfiriste. Après ce qui s’est passé, on peut dire que le Hezbollah a un problème avec celui qui ne partage pas son avis, qu’il soit chiite, sunnite ou chrétien. Ils sont prêts à liquider toute personne qui n’appuie pas leur projet. Nous étions devant l’ambassade d’Iran pour adresser un message au régime iranien. Le groupe était formé en majorité d’étudiants, et tout le monde sait que l’intervention du Hezbollah en Syrie lui a été dictée par Téhéran. Nous voulons dire à ce régime: s’il est de votre intérêt de défendre Bachar el-Assad en Syrie, fort bien! Envoyez votre armée pour l’aider. Pourquoi demander à nos jeunes de combattre à votre place? Jusqu’à quand allons-nous continuer à servir de bouclier?
Le chef du Hezbollah pense que l’emprise des groupes armés en Syrie représente un grand
danger pour tous les Libanais, et pas seulement pour le Hezbollah et les chiites. C’est pour garder le Liban à l’abri qu’il a été combattre en Syrie. Votre commentaire?
Il veut justifier son action en Syrie et pour cela il invente des motifs. La vérité, et nous le savons tous, c’est que les agissements du Hezbollah en Syrie provoquent un très grave problème, qui s’étendra sur des générations, pour le Liban et les chiites du Liban. Pourquoi nous créer des ennemis dans le monde arabe? Juste parce que le régime iranien veut protéger Bachar el-Assad? Telle est la vérité. Tout le reste n’est que prétextes peu crédibles.
Estimez-vous que le Hezbollah a enregistré une
victoire à Qoussair ou qu’il se dirige vers sa chute?
Chaque balle tirée par le Hezbollah à l’intérieur du territoire syrien est une défaite. Il n’y a pas eu de victoire. Avons-nous remplacé Jérusalem par Qoussair? C’est une mascarade. Ce qui se passe à Qoussair ou ailleurs constitue une défaite pour tout citoyen doté d’une conscience et d’un sens des responsabilités. Ce n’est pas permis! Il existe en Syrie deux camps qui sont en conflit, nous souhaitons évidemment que la Syrie devienne un pays démocratique, civilisé, pluripartite, quel rôle le Hezbollah ou tout autre parti a à faire là-dedans?
Le renforcement de la force armée du Hezbollah constitue-t-il une garantie pour les chiites?
Ces armes représentent un danger qui menace les chiites et le Liban tout entier. Parce que ces armes nous attirent des ennemis au sein même de notre environnement.
Qu’est devenue l’équation tripartite (l’armée, le peuple, la Résistance) contre laquelle
vous vous insurgez?
C’est un grand mensonge. Malheureusement, le Liban est en manque d’hommes d’Etat. Nous avons de «jeunes enfants» d’Etat, des individus qui convoitent des fonctions supérieures. En l’absence d’hommes, l’Etat est inexistant. Les hommes d’Etat doivent être crédibles, transparents, fermes…
Ceux qui se prétendent responsables chez nous occupent des postes sans y être responsables.
Propos recueillis par Saad Elias