Magazine Le Mensuel

Nº 2907 du vendredi 26 juillet 2013

Le Saviez-Vous

Charles Malek. La véritable histoire d’une fausse trahison

Charles Malek, l’un des grands politiciens et penseurs du Liban, est célèbre, notamment, pour son rôle dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui a vu le jour en 1948. Cependant, son passage aux Nations unies a fait l’objet d’une sérieuse polémique en 1959.
 

Depuis 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Malek est sur le devant de la scène politique internationale. Ambassadeur du Liban aux Etats-Unis et auprès de l’Onu, il représente le Liban à la Conférence de San Francisco, qui a donné le jour à l’Organisation des Nations unies. Rapporteur de la Commission des droits de l’homme à l’Onu, il y est nommé président du Conseil économique et social. Il participe aux côtés de la déléguée américaine à l’Assemblée générale, Eleanor Roosevelt, à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme. En 1958, il préside la treizième session de l’Assemblée générale de l’organisation.
En mai 1959, un incident fait oublier à certains responsables l’importance de Charles Malek. A l’époque, alors qu’il présidait l’Assemblée générale, il est accusé de «trahison». Pourtant, l’affaire est bien simple, comme devait l’expliquer plus tard Malek, en réponse à la polémique qui avait éclaté.
L’affaire est soumise à la Chambre des députés. Malek est accusé d’avoir visité le pavillon israélien à la foire de New York et porté un toast à «l’amitié au Moyen-Orient» avec le consul d’Israël. Certains députés exigent sa comparution et son jugement par la Chambre. Ils vont jusqu’à demander que soit retirée sa nationalité libanaise et appellent à un «châtiment exemplaire». Toute forme de collaboration d’un Libanais avec Israël devant être condamnée.

 

Défenseur de la Palestine
D’autres parlementaires prennent la défense de Malek, relevant qu’il avait toujours défendu la cause palestinienne à l’Onu sans jamais faillir à son rôle. Pierre Gemayel appelle ceux qui l’ont attaqué à bien étudier son dossier, son passé et les leçons de patriotisme qu’il avait toujours données avant de le mettre au banc des accusés. Pour lui, les Israéliens ont monté toute l’histoire pour discréditer le Liban. Il souligne que «si les Arabes avaient écouté Charles Malek et Michel Chiha sur l’affaire palestinienne, nous n’en serions pas là». Adel Osseiran, de son côté, demande que Malek soit entendu avant d’être accusé, car il est indispensable de mieux comprendre les dessous de l’affaire.
Quelques jours plus tard, les explications de Malek sur l’incident mettent un terme à toute la polémique. Les faits sont clairs: en tant que président de l’Assemblée de l’Onu, il est invité par le maire de New York à une foire. Dirigé vers un escalier roulant, il se voit offrir une coupe de champagne. Très vite, il comprend qu’il se trouve dans le pavillon israélien et se dépêche de quitter les lieux et de publier une mise au point dans le New York Times avant que l’affaire ne s’ébruite et parvienne au Liban. Charles Malek n’avait donc rien à se reprocher. Les manœuvres israéliennes tentaient encore une fois de nuire au Liban en semant la zizanie entre ses fils.

Arlette Kassas

Les informations de cet article sont tirées d’articles sur Internet et du Mémorial du Liban – Mandat Fouad Chéhab, de Joseph Chami.

Qui est-il?
Charles Malek est né en 1906 à Btirram-
Koura. Il fait ses études à l’Ecole 
missionnaire américaine pour garçons de Tripoli et ensuite à l’Université américaine de Beyrouth. Diplômé en mathématiques et physique, il rejoint l’Université Harvard aux Etats-Unis, où il suit les cours d’Alfred North Whitehead et obtient un PhD.
Il enseigne à Harvard ainsi que dans d’autres universités américaines. Il a reçu au moins 50 diplômes honorifiques d’établissements d’enseignement supérieur des Etats-Unis, du Canada et d’Europe. Il est désigné ministre de l’Education nationale en 1956 et 1957, et ministre des Affaires étrangères de 1956 à 1958. Il est élu à l’Assemblée nationale en 1957. En 1976, il fonde le Front pour la liberté et l’homme au Liban. Il est décédé le 28 décembre 1987 à Beyrouth, à la suite d’une intervention chirurgicale.

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