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Nº 2908 du vendredi 2 août 2013

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La protection des personnalités. 60 milliards de livres par an

La décision de retirer les éléments supplémentaires des Forces de sécurité intérieure (FSI), chargés d’assurer la protection des personnalités politiques, a suscité de vives critiques, d’autant que nombre de députés et de responsables ont fait et continuent à faire l’objet de menaces.

Après les magistrats, la décision du Conseil central de sécurité s’est étendue aux personnalités politiques. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, justifie la décision de retirer des agents affectés à la protection, par le besoin de renflouer les gendarmeries en effectifs et d’envoyer certains éléments en formation professionnelle.
En principe, la protection des personnalités est assurée uniquement par les agents de la Sûreté de l’Etat. Depuis 2005, les choses ont changé. Après l’assassinat de Rafic Hariri, et la série d’attentats qui a suivi, ainsi que les menaces qui pèsent sur certaines personnalités politiques, les agents des FSI ont été chargés d’assurer la sécurité d’un bon nombre de personnes, dans leurs résidences, pendant leurs déplacements et sur leurs lieux de travail. Selon une étude réalisée par «l’Internationale pour les informations» en 2010, le coût de la sécurité des personnalités politiques dépassait 60 milliards de L.L. par an.
Aussitôt après la guerre de 1975, les organes de sécurité s’étaient vu confier la mission de protéger certains responsables et hommes politiques. Cette mission était répartie entre l’armée, la Sûreté générale, les FSI, la police du Parlement et la Sûreté générale. Le décret No 3509 du 30 mai 1993 organise cette protection. Il la confie à la Sûreté générale et précise le nombre d’agents affectés aux personnalités politiques. Ainsi, un ancien président de la République peut bénéficier de dix éléments, un ancien président de la Chambre, ainsi qu’un ancien président de gouvernement pourront bénéficier de huit éléments. Un ministre actuel aura quatre éléments pour assurer sa sécurité, et un député deux. Un chef de communauté aura six éléments et la veuve d’un président de la République en aura deux.

Amendements successifs
Ce décret a été amendé par le décret No 4411 du 30 décembre 1993, qui stipule que toute personnalité menacée a droit à la protection par décision du directeur de la Sûreté générale, après approbation du Conseil central de sécurité. D’autres amendements permettent à un ancien président de la République de demander la protection de l’armée, quitte à ce que le nombre ne dépasse pas les dix éléments de sécurité auxquels il a droit (décret No 13470 de 5 novembre 1998). Un autre amendement permet la protection des anciens vice-présidents de la Chambre et du Conseil par quatre éléments chacun (décret No 6697 du 18 novembre 2001).
Après 2005, cette mesure a englobé d’autres responsables, ainsi que des magistrats ou des journalistes, contrairement aux décrets adoptés jusqu’alors. Le décret No 2512 du 14 juillet 2009 a réorganisé le secteur, en remettant la protection des anciens présidents de la République à l’Armée libanaise, tout en laissant au commandement de l’armée le soin de définir le nombre d’éléments, initialement limités à dix, selon les besoins. Il a aussi augmenté de deux à quatre, le nombre d’éléments désignés pour assurer la protection des députés. Le nouveau décret a englobé la protection de plus de 164 magistrats qui bénéficieront d’un seul agent chacun pour sa sécurité.
Outre les organes de sécurité, la garde présidentielle assure la protection du président de la République. D’autres organes sont en charge de la sécurité, telles la police du Parlement et la garde gouvernementale. La police du Parlement, qui ne groupait que quelque 100 éléments au départ, a beaucoup gonflé. Elle compte actuellement plus de 550 dont les frais atteignent six milliards de L.L. annuellement. Le nombre des éléments de la garde gouvernementale a aussi grossi et atteint quelque 600 éléments avec des frais de 10,9 milliards de L.L. toujours par an. D’autres agents sont affectés au service des hauts militaires. Le coût annuel de ce service varie entre 7 et 10 milliards de L.L.
La question est de savoir comment concilier le besoin réel de protection des personnalités politiques menacées et la nécessité de mieux gérer le secteur.

Arlette Kassas

2700 gardes
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a indiqué que plus de 2700 agents des FSI assuraient la protection de personnalités politiques: anciens présidents de la Chambre et ex-Premiers ministres, députés et ministres actuels et anciens, ainsi que des magistrats actuels et anciens.
 

 

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