Au lendemain de l’enlèvement des deux pilotes de la Turkish Airlines sur la route de l’aéroport de Beyrouth, la Turquie a annoncé qu’elle retirerait une partie de ses troupes de la mission du maintien de la paix des Nations unies au Liban. Des sources turques et onusiennes assurent que la décision du retrait avait été prise avant l’enlèvement des deux pilotes. Malgré cela, l’inquiétude occidentale augmente quant à la présence de la force internationale au Liban-Sud.
La Finul a été mise en place au sud du Liban en 1978, par la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies, au lendemain de l’invasion israélienne du pays. Les troupes sont arrivées dans la région, le 23 mars 1978. A l’époque, elles comptaient en majorité des contingents norvégiens, irlandais, suédois et finlandais. L’Iran aussi en faisait partie avant la révolution islamique. Sa mission était alors de «confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, de rétablir la paix et la sécurité internationales et d’aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité effective sur toute la région». Mais comme la résolution 425 tardait à être mise en application, la Finul est restée dans la région, et son mandat a été prorogé à deux reprises en raison de l’invasion israélienne de 1982 et du retrait des troupes israéliennes en 2000.
La présence des forces onusiennes n’avait pas empêché Israël d’effectuer à plusieurs reprises des opérations dans la région connue pendant des années sous le nom de «Fath Land» jusqu’à la grande invasion de 1982, lorsque les troupes israéliennes sont arrivées aux portes de Beyrouth, la première des capitales arabes à être envahie par Israël.
Les soldats de l’Onu ont dû faire front à plus d’un incident depuis leur présence au Liban. Le contingent français s’est heurté à des problèmes avec les forces chiites dans la région, surtout en 1983, si bien qu’en mars 1984, la France avait annoncé, avant que la situation ne s’améliore, son intention de retirer son contingent de la Finul. En 1986, elle comptait plus de 1 392 hommes sur les 5 825 venant de neuf pays.
La Finul a dû faire également face à des tirs en provenance de la zone sous contrôle de l’armée du Liban-Sud de Saad Haddad. Faute de coopération des différentes parties et de l’incapacité du gouvernement libanais à rétablir son autorité dans la région, la mission de la force onusienne n’était pas aisée.
Après l’opération, «les raisins de colère» de 1996, qui a abouti à la création d’un comité tripartite libanais, israélien et syrien sous la présidence alternée des Etats-Unis et de la France, Israël se retire de la région du Sud en 2000, gardant sous son contrôle les fermes de Chébaa. L’armée israélienne lance, le
12 juillet 2006, une vaste offensive aérienne et maritime sur le Liban, après l’enlèvement à sa frontière de deux soldats et la mort de huit autres. Elle bombarde Beyrouth et le Liban-Sud, cause de graves dommages dans les infrastructures et impose un blocus aérien et maritime sur le Liban.
La mission de la Finul est alors élargie en fonction de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Outre son mandat d’origine, elle «contrôle l’arrêt des hostilités, accompagne et appuie les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le Sud et fournit son aide pour assurer un accès humanitaire aux populations civiles». Son effectif actuel dépasse 13 000 personnes de différents pays, dont principalement l’Espagne, l’Italie et la France. En juillet 2010, La tension monte entre le Hezbollah et les Casques bleus de la Finul. Plusieurs incidents contre les éléments de la Force sont enregistrés.
La Finul a payé de son sang sa présence au Liban. Entre 1978 et 1982, 22 soldats norvégiens ont trouvé la mort dans des attentats israéliens. La Norvège retire son contingent en 1998. Des soldats espagnols et irlandais ont perdu leurs vies dans plusieurs incidents et attentats.
La Finul reste, depuis 1978, le grand témoin des invasions israéliennes répétées et des incidents survenus dans la région du Liban-Sud.
Arlette Kassas
Retrait turc
Certaines sources turques affirment que le retrait de 250 personnes du contingent de leur pays tient compte des besoins de la Finul, et n’est pas lié à l’enlèvement des pilotes turcs. Entre 100 et 300 Turcs sont toujours actifs dans le cadre des unités de marine relevant de la Finul. La Turquie a, toutefois, appelé ses citoyens à quitter le Liban et ceux qui comptent s’y rendre à annuler leur voyage à moins d’un «impératif vital».