En prévision d’une éventuelle attaque militaire en Syrie, les chancelleries occidentales ont mis en place des dispositifs d’alerte et d’exfiltration pour leurs ressortissants installés sur le territoire libanais.
Le 6 septembre, le département d’Etat américain «a décidé de réduire le nombre de personnels non essentiels et celui des membres de leurs familles de l’ambassade à Beyrouth en raison des menaces contre les sièges des missions américaines et contre le personnel». Le communiqué presse les citoyens américains de quitter le pays au plus vite et déconseille tout voyage pour des raisons de sécurité. Washington a parallèlement annoncé avoir réduit sa présence diplomatique au consulat d’Adana, dans le sud de la Turquie proche de la Syrie, pour des motifs similaires. «Ce sont des menaces potentielles», a déclaré à la presse une porte-parole du département d’Etat, Marie Harf. «Naturellement, les tensions dans la région, notamment en Syrie, jouent un rôle là-dedans». L’anniversaire du 11 septembre et les menaces d’al-Qaïda également. Le mois dernier, Washington avait fermé dix-neuf représentations diplomatiques dans le monde arabo-musulman par crainte d’éventuels attentats, avant de les rouvrir, à l’exception de celle du Yémen, au bout de huit jours.
Face à ces menaces et au risque réel de «répliques», la France se veut clairement en état d’alerte, surtout après les menaces explicitement exprimées par Bachar el-Assad. «Le peuple français n’est pas notre ennemi, mais dans la mesure où la politique de l’Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi. Il y aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France», a expliqué le président syrien dans un entretien au Figaro. Le Quai d’Orsay a décidé, après les trois attentats de juillet et d’août dans la banlieue sud de Beyrouth et à Tripoli, de renforcer la vigilance sur l’ensemble du territoire. Dans une annonce publiée en une de son site, l’ambassade de France au Liban a exhorté tous ses ressortissants à limiter dans une large mesure leurs déplacements sur l’ensemble du territoire. Dans la partie ouest du pays, de Zghorta à Jezzine «les déplacements y sont déconseillés sauf raison impérative», prévient le Quai d’Orsay. Dans la Békaa, l’extrême sud et l’extrême nord, les déplacements y sont «formellement déconseillés».
Ces dispositifs d’alerte ne s’arrêtent pas aux fonctionnaires et aux SMS de routine.
En fin de semaine dernière, l’Italie a envoyé un navire de guerre dans l’est de la Méditerranée, qui pourrait être utilisé pour évacuer les troupes italiennes dans le sud du Liban en cas d’embrasement de ce pays voisin de la Syrie, a indiqué vendredi la marine italienne.
«C’est notre meilleur atout pour agir rapidement en cas de besoin d’évacuation», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la marine italienne, à propos de la présence du navire, positionné devant les côtes libanaises. L’Andrea Doria, un destroyer de 153 mètres de long, «va surveiller la situation». Interrogé par la première antenne de radio publique Radio Uno, le ministre de la Défense Mario Mauro a souligné que le navire «vient s’ajouter aux forces navales de la Finul», la force des Nations unies au Liban. «Sa mission spécifique, grâce à ses systèmes radar sophistiqués, est d’aider le contingent à surveiller les communications aériennes». Mais, selon le ministre italien, «le navire peut aussi être utilisé pour tout autre événement, sachant qu’à bord, il y a des soldats et des hélicoptères capables éventuellement d’évacuer une partie du contingent». L’Italie a aussi prévu d’envoyer, le cas échéant, sur place une frégate appelée Maestrale pour patrouiller au large du Liban.
Il ne s’agit que d’une «mesure de précaution et d’une procédure qui se déclenche à partir d’un certain niveau d’alerte», ajoute le ministre italien qui rapporte une conversation avec le commandant de la Finul, le général Paolo Serra, qui lui aurait dit: «Il y a de fortes tensions, mais nous tenons le coup».
Julien Abi Ramia
Manifestation anti-américaine
Le sursis donné par Barack Obama a remobilisé les opposants à une frappe qui voient dans son hésitation la possibilité d’un infléchissement de la position américaine. Au cours du week-end, 250 Libanais, simples citoyens et militants de partis alliés au régime syrien, ont tenté de manifester leur opposition à l’intervention devant l’ambassade américaine à Beyrouth décrite comme «une salle d’opération pour la guerre contre la Syrie». En vain, l’accès à la colline qui mène à l’ambassade avait été bouclé par une armada de forces de sécurité.