Rien ne va plus
Les tensions entre Gaza et Le Caire sont montées d’un cran après la découverte par l’armée égyptienne au Sinaï d’une cache d’armes, provenant de Gaza et utilisées par les islamistes pro-Morsi. Un développement qui a poussé les autorités égyptiennes à fermer définitivement le passage de Rafah, au moment où la police militaire interdisait le voyage des officiels du Hamas via Le Caire. Sur le terrain, les islamistes ont répliqué en arrêtant plusieurs ressortissants égyptiens vivant dans la bande sous divers prétextes. Mais cela ne sera pas suffisant pour faire plier Le Caire, puisque l’armée égyptienne considère que le Hamas est la première source de soutien au mouvement des Frères musulmans et au président déchu Mohammad Morsi.
Hazem Beblaoui
le Premier ministre égyptien, a démontré qu’il était l’homme de la situation malgré toutes les difficultés et les menaces qui pèsent sur son pays. Sa cote de popularité ne cesse de grimper, surtout après sa décision de renvoyer au Qatar un prêt de deux milliards de dollars. Il voulait ainsi prouver que le Pays des Pharaons ne pouvait être acheté par le petit émirat qui joue depuis plusieurs années un rôle dépassant de loin sa petite superficie. Depuis la chute de Mohammad Morsi, Doha semble en perte de vitesse en Egypte, en Syrie, dans le Maghreb et, bien entendu, dans le Golfe.
Recep Tayyip Erdogan
le chef du gouver-nement turc, qui promettait à ses électeurs de résoudre le problème kurde avant la fin de cette année et de répondre positivement aux demandes des minorités alaouite et chrétienne, ne tiendra pas parole. Le processus de paix, qui était en marche, s’est bloqué suite à la colère kurde due aux promesses non tenues d’Ankara. Résultat, les représentants du PKK ont, non seulement suspendu les négociations, mais ont aussi demandé à leurs combattants de mettre un terme à leur retrait vers l’Irak voisin. Abdallah Ocalan a même indiqué, à partir de sa prison, que si les régions kurdes ne se voient pas accorder une semi-indépendance, il ordonnerait à ses hommes de reprendre la lutte armée. Le chemin de la paix est encore loin, ce qui affaiblit encore plus la position d’Erdogan, qui se considérait, il y a quelques mois encore, le modèle du leader islamiste démocrate.
Le guide soutient le président
Depuis l’élection du cheikh Hassan Rohani à la tête de la République islamique d’Iran, la scène politique semble en pleine mutation. Le cheikh modéré voulant démontrer qu’il compte exercer pleinement ses prérogatives présidentielles sans l’ingérence des Gardes de la révolution. Il est monté donc au créneau et a appelé publiquement ceux-là à respecter les consignes du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny. Mais l’ancien diplomate n’a perdu aucun de ses talents, puisqu’il a ajouté que la révolution n’aurait pas pu triompher sans le soutien et le rôle joué par ces mêmes gardes. De son côté, le guide Ali Khamenei, premier soutien des conservateurs, a fait savoir qu’il était d’accord avec le président. Il a demandé à toutes les institutions de l’Etat de l’épauler dans son projet de remettre le pays sur le chemin de la croissance. Mahmoud Ahmadinejad doit se mordre les doigts.
Saleh prépare son retour
L’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, semble préparer son retour sur la scène politique. Le mandat du président provisoire, Abed Rabbo Mansour Hadi, expire dans quatre mois et l’ex-président a, d’ores et déjà, opposé son refus aux tentatives de sa prorogation. Selon l’ancien chef d’Etat, le Pays du Qat mériterait une vie démocratique et une rotation au sommet de l’Etat. Drôle de constat puisque lui-même avait gardé le pouvoir par la force pendant près de trente ans, ne cédant sa place que sous les énormes pressions internationales exercées sur lui et suite à l’attentat manqué contre lui.
En pointille
Le chef du Parlement irakien, Ossama el-Nojeifi, semble avoir pris ses distances avec la communauté sunnite dont il est l’un des représentants les plus influents dans l’Etat. Au moment où la Liste irakienne, présidée par Iyad Allaoui, boycottait la conférence de dialogue national orchestrée par le Premier ministre Nouri el-Maliki, Nojeifi a choisi d’y participer. Une décision qui lui a mis à dos ses alliés d’hier, qui n’ont pas compris ce choix politique qu’ils considèrent suicidaire. Cerise sur le gâteau, le chef du Parlement s’est rendu à Téhéran et s’est entretenu avec le très controversé général Kassem Soleimani, chef de la brigade al-Qods. Un homme qui, selon tous les experts, tient d’une main de fer le dossier irakien au grand désespoir de la minorité sunnite.
Oussama el-Baz n’est plus
L’ex-conseiller politique du président Hosni Moubarak, Oussama el-Baz, avait occupé une place prépondérante au cours des vingt premières années du règne de l’ancien raïs. Diplomate, il avait brillé dans les pourparlers de Camp David, se faisant ainsi un nom sur la scène internationale. Il était de même chouchouté par la haute société égyptienne et proche des stars du grand écran, notamment après son mariage avec l’actrice Nabila Obeid. Connu pour son franc-parler, il avait pris le choix de s’éclipser en 2002 à cause de son opposition farouche au projet de Suzanne Moubarak de céder le pouvoir à son fils Gamal après la disparition de son mari. Il n’est donc pas surprenant que Baz ait participé à la révolution du 25 janvier qui a mené à la chute du raïs.
Touche pas à mon roi
Le procureur général marocain n’a pas perdu son temps. Il a ordonné l’arrestation immédiate du journaliste Ali Anouzla, directeur du site Lakome.com. Le bloggeur, proche des milieux islamistes radicaux, avait publié sur son site une vidéo d’Aqmi prônant la violence. Pire encore, Abdel-Malek Droukdel, un des principaux leaders jihadistes dans le Sahara, apparaît dans l’enregistrement couvrant d’insultes le roi Mohammad VI, qu’il a traité d’infidèle. Fureur à Rabat dans les milieux proches du palais, car le roi est considéré par la Constitution marocaine comme le Commandeur suprême des musulmans. Toute atteinte à sa personne constitue un crime grave qui doit être puni. Les organisations des droits de l’homme, quant à elles, ne voient pas les choses du même œil et considèrent que les conseillers du roi ramenaient le pays aux heures les plus sombres de la répression d’Hassan II.
Rallonge de deux ans pour Bouteflika
Le président algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, semble avoir fait un choix définitif quant à son avenir politique. Le mandat présidentiel, qui prend fin en avril 2014, sera prolongé de deux ans par le Parlement. Ceci signifie que les Algériens ne devront pas se rendre aux urnes, comme le prévoit la Constitution, pour élire le nouveau chef de l’Etat. Face à ce retournement de situation, les généraux de l’armée et les hauts responsables de l’Etat ont été pris à contrepied. Ils pensaient que l’ère Bouteflika était terminée. Entre-temps, une nouvelle alliance présidentielle s’est formée pour donner plus de crédibilité à ce scénario. Un plan mis en place par le jeune frère du chef de l’Etat, el-Saïd Bouteflika, considéré véritable homme fort d’Alger depuis les problèmes de santé du président. Même si le régime réussit à imposer son projet sur l’ensemble du pays, la maladie de Bouteflika pourrait avoir le dernier mot.
Une opposition divisée
Le régime du président mauritanien Mohammad Ould Abdel-Aziz a divisé les forces de l’opposition à l’approche des élections législatives. Ainsi, Messaoud Ould Boulkheir, une des figures les plus hostiles au régime, a annoncé qu’il participerait au processus électoral et appelé tous les opposants à faire de même. Or, ce processus, condamné d’avance par les organisations des droits de l’homme, ne servirait que de tremplin au président Ould Abdel-Aziz, pour renforcer sa mainmise sur le pouvoir. Des analystes à Nouakchott ont noté que ce retournement de situation est dû au rôle du Qatar sur la scène interne, Doha souhaitant voir naître une nouvelle alliance entre armée et mouvements islamistes. Dire que l’année dernière, le prince Hamad Ben Khalifa Al Thani fut chassé de la capitale mauritanienne après une altercation avec le président du pays.
1 000 combattants irakiens chiites se trouveraient en Syrie. C’est du moins ce qu’assure Hammam Hammoudi, président du comité des Affaires étrangères au Parlement irakien. En visite à Paris, il a nié toute implication de Bagdad dans la guerre en Syrie, assurant que son pays n’avait rien à voir avec ce conflit et que quelques centaines de miliciens avaient rejoint le Pays des Omeyades pour protéger le mausolée de Sayyeda Zaïnab, vénérée par les chiites. «On ne peut pas comparer le rôle joué par ces jeunes à celui du Hezbollah libanais. Ils ne sont pas sur le terrain pour défendre le régime, mais plutôt le mausolée». Pour la première fois, un officiel irakien reconnaît publiquement la présence de combattants chiites en Syrie, la position officielle prétendant que ces accusations sont mensongères et non fondées. Néanmoins, Hammoudi a tenté de rassurer ses hôtes français en déclarant que le gouvernement irakien était en désaccord avec Damas, «qui joue un rôle négatif dans mon pays».
12 millions est le nombre approximatif des alaouites en Turquie. Ils représentent ainsi 15% à 20% de la population du pays. S’il est impossible de déterminer le chiffre exact, cela est dû au black-out imposé par les autorités turques pour qui ce sujet est très sensible. D’ailleurs, pour la majorité sunnite qui détient les pouvoirs politique et militaire, les membres de cette minorité sont des citoyens de seconde catégorie. C’est ce qui expliquerait les tentatives répétées d’imposer une vision unique de l’islam aux alaouites. Dernier épisode en date, la décision du maire d’Ankara, membre du parti au pouvoir, de bâtir une mosquée sunnite sur un terrain situé au milieu d’un quartier alaouite. Fureur de ces derniers qui promettent de ne pas se laisser faire, occupant ainsi par la force le terrain en question.