Le Hezbollah coopère avec l’Intérieur
La question sécuritaire a figuré au cœur des pourparlers confidentiels qui ont réuni le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel et l’un des responsables du Hezbollah, à la lumière d’informations secrètes parvenues aux organes de sécurité et au Hezb, faisant état de l’existence d’un plan de déstabilisation de la scène locale, coïncidant avec les derniers développements en Syrie. Il s’agit d’attentats suicide exécutés par des intégristes qui cibleraient, outre des institutions et lieux publics, des responsables et des personnalités libanaises, appartenant au Hezb en particulier. Les cadres sécuritaires tiennent donc des réunions d’échange d’informations pour synchroniser leurs efforts, d’autant plus que les informations reçues étaient accompagnées d’une liste de candidats au suicide qui se seraient introduits au Liban. Des mesures exceptionnelles ont ainsi été adoptées autour de plusieurs lieux sans annonce officielle.
Frangié et Bassil: la fâcherie
Le général Michel Aoun a demandé à ses cadres de faire l’impasse sur la question de ses relations avec le député Sleiman Frangié, car il tient à son alliance avec le député du Nord. De plus, le chef du Courant patriotique libre (CPL) ignore les vrais motifs qui ont poussé Frangié à afficher certaines positions, tout récemment. Une source qui fait la navette entre Rabié et Bnechaï croit savoir que le problème se situe entre le ministre sortant de l’Energie, Gebran Bassil, et non avec le général.
Hezbollah-Moustaqbal: pas de contacts
Pas de rencontres entre le Hezbollah et le Moustaqbal. Les milieux proches du parti de Saad Hariri ont démenti l’information véhiculée par le Hezb, selon laquelle le responsable de l’unité de liaison et de la sécurité, Wafic Safa, se serait réuni avec le général Achraf Rifi, ex-directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI) après le retour de ce dernier d’Arabie où il avait rencontré l’ex-Premier ministre, Saad Hariri. Les mêmes milieux précisent que la dernière entrevue entre les deux hommes avait eu lieu à la Direction générale des FSI. Le Hezb soutenait la prorogation du mandat de Rifi, prorogation bloquée par le général Michel Aoun. Du côté du 8 mars, on dit qu’une réunion élargie pourrait prochainement regrouper des responsables du Hezbollah et du Moustaqbal en vue d’une reprise des relations sur fond d’ouverture entre Riyad et Téhéran. Tout le monde attend le 12 octobre, date prévue de l’arrivée du président iranien Hassan Rohani en Arabie pour effectuer le pèlerinage à la Mecque, sur invitation du roi Abdallah Ben Abdel-Aziz.
Commentaire laconique de Salam
Lorsque la délégation du mouvement Amal a rencontré le Premier ministre désigné, Tammam Salam, ce dernier a longuement et attentivement écouté les explications de ses visiteurs. Il a exprimé, à son tour, toute l’estime qu’il voue au président Nabih Berry et à son rôle, soulignant les multiples initiatives avancées par le chef de l’Assemblée dans le but de faciliter la mise sur pied du gouvernement. Mais Salam s’est abstenu de commenter les clauses de la dernière proposition de Berry. Lorsque l’un des présents lui a demandé s’il appuyait la démarche de la délégation, le président Salam a répondu: «Ce que je peux dire, c’est que j’en ai été informé». Prié d’être plus spécifique, surtout que le chef de l’Etat Michel Sleiman a dit approuver «toute invitation au dialogue», le Premier ministre a ajouté: «Je n’en dirai pas plus».
Ambassadeur non courtois
Réunion élargie au Sérail, consacrée au dossier des déplacés syriens sous la présidence du Premier ministre sortant, Najib Mikati, en présence d’un nombre de ministres, de responsables, de conseillers et d’ambassadeurs de pays donateurs. Les études menées sur ce sujet auraient évalué les besoins du Liban en la matière à 7,5 milliards de dollars, et au moment d’aborder le financement, l’un des diplomates présents a soulevé la question des fonds municipaux gelés au ministère des Télécommunications qui pourraient être utilisés pour des cas d’urgence. L’un des ministres a réagi soulignant qu’il s’agit d’une question d’ordre interne sans lien avec le sujet débattu. Le président Mikati a soutenu le ministre en priant les participants de s’astreindre à l’ordre du jour. L’incident a envenimé l’atmosphère et la réunion s’est achevée sans résultat tangible.
La police en quête d’un chef
Le commandant en chef de la gendarmerie, le général Joseph Doueihy, doit faire valoir son droit à la retraite le 4 octobre et sa succession fait l’objet de pourparlers intensifs entre les responsables. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, s’active pour assurer une couverture politique à cette démarche et régler quelques différends. C’est le commandant des FSI du Mont-Liban, le colonel Abdo Noujaim, qui semble être le favori pour occuper ce poste, et le ministre Charbel essaie de régler le cas du commandant en chef des FSI du Liban-Nord, le colonel Mahmoud Ayoubi, l’officier le plus haut gradé et à qui reviendrait cette fonction en l’absence d’un accord politique sur Noujaim. Sachant que le commandant de la gendarmerie est supposé être maronite.
Réseaux terroristes: mode d’emploi
L’interrogatoire des membres du réseau terroriste, accusés de trafic d’armes, de détention d’explosifs et de tirs d’obus, révèle que les réseaux terroristes qui s’activent au Liban sont organisés, bien entraînés, hautement professionnels, sachant bien déterminer leurs cibles et planifier leurs attaques. De plus, ils sont bien informés, mobiles et connaisseurs en matière de prospection… Selon les informations disponibles, chaque réseau œuvre de façon indépendante et ignore tout des activités des autres, il est dirigé par un cerveau qui reçoit directement les consignes d’un commandement central. Ainsi, si jamais un réseau est démantelé par des organes de sécurité, il ne peut rien divulguer sur les autres. Les cellules dormantes peuvent prendre la relève pour accomplir sa mission programmée.
David Hale à Rabié
La rencontre de l’ambassadeur américain, David Hale, avec le général Michel Aoun à Rabié a interpellé les observateurs. Le diplomate cherche à comprendre la vision de chacune des composantes du paysage politique libanais, «que nous partagions ses idées ou non». La teneur de la déclaration de Hale à l’issue de la réunion a été encore plus surprenante: «Nous reconnaissons, d’un commun accord, que la déclaration de Baabda constitue une base pour tous les Libanais afin qu’ils relèvent les défis actuels». Il a également dénoncé «les attaques cruelles en Syrie contre les minorités, notamment contre les communautés chrétiennes».
Le jihad au féminin
Des moujahidat qui partent au combat du Liban en Syrie est un phénomène récent contre lequel met en garde un expert sécuritaire. Il parle de «terrorisme familial» déjà vu dans certains pays du Golfe, d’Asie, du Caucase et même en Syrie où on a assisté à la mobilisation de plus d’un membre des deux sexes d’une même famille par les groupes takfiristes. La mise sur pied d’une unité de combattantes libanaises en Syrie sur fond de conviction religieuse intégriste est confirmée par un recoupage d’informations. L’intervention auprès des familles de quelques cheikhs et politiques, rapporte l’expert, ne suffira pas à mettre fin au phénomène des moujahidat libanaises qui reste, à ce stade, limité à Tripoli et ses environs. Mais il souligne qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre elles et leurs homologues tunisiennes, marocaines, tchétchènes et turques qui s’adonnent, elles, au «Jihad du Niqab», alors que les Libanaises veulent combattre aux premiers rangs. Le dossier des takfiristes libanais, a conclu l’expert, est de plus en plus consistant et il n’est pas rare que l’on découvre des frères et cousins qui mènent la bataille côte à côte en Syrie.
Repli de Qoussair à Ersal
D’après ses habitants, le village de Ersal continue à subir les conséquences du repli sur le territoire libanais de quelque 7000 combattants de diverses nationalités de la ville syrienne de Qoussair, le soir du 4 juin passé. Environ 3000 d’entre eux se sont installés dans le jurd du village où ils ont créé des camps d’entraînement et percé des routes militaires. Ils se déplacent à bord de véhicules modernes entre les différents postes militaires s’étendant entre Ersal jusqu’au jurd face à la plaine de Qaa, côté libanais. Ces combattants ont reconstruit les réseaux de contrebande d’armes du Liban via Ersal, et de Syrie via les villages damascènes du Kalamoun central. Ainsi, leur arsenal est composé de mitrailleuses de DCA de calibre 14.5 et de lance-roquettes. Ils ont par ailleurs construit une usine pour la fabrication de roquettes, d’explosifs et de ceintures explosives, les pièces nécessaires leur sont livrées de Syrie. Sans compter les dizaines de tunnels qu’ils ont creusés. Les habitants révèlent que le nombre de ces combattants est en croissance constante, ils ont même installé un hôpital de campagne dirigé par le Dr Kassem Zein qui s’occupait de celui de Qoussair, avant le retrait.
Saïda: compétition sur le leadership
Les adeptes du cheikh Ahmad el-Assir procèdent à des vexations à l’encontre de la députée, Bahia Hariri, et cela dérange les citoyens de Saïda, comme le rapporte une source locale. Le cheikh Osman Hneiné s’active dans les milieux d’Assir et défie Sitt Bahia en remettant en question son rôle politique à Saïda, surtout après les événements de Abra. Il est accusé de vouloir maintenir vivace la tendance «assirienne» dans la ville. La source pense que Hneiné veut étendre son leadership sur les fans du cheik en fuite, le temps que ce dernier puisse réorganiser son mouvement. Certaines rumeurs font état d’occasions propices puisqu’un pays du Golfe continue à le financer et à le soutenir. Mais la mission du cheikh Hneiné semble difficile puisque les parents des détenus, suite aux événements de Abra qui ont protesté, la semaine passée, devant la prison de Roumié, lui ont demandé de les épargner, étant engagés à suivre les orientations de la députée Hariri qui a chargé des avocats pour plaider la cause des leurs.
Tiraillements à Dar el-Fatwa
La visite du Bureau des ulémas musulmans à Dar el-Fatwa à Beyrouth n’était pas uniquement consacrée à remercier le mufti pour sa présence à Tripoli après les deux attentats terroristes devant les mosquées Takwa et Assalam. Une source islamique explique que la visite constitue une mutation importante dans le rôle du bureau au niveau sunnite en général, à cause du deuxième sujet débattu. Celui du règlement du différend intersunnite sur le mandat du mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani. Le bureau, essentiellement tripolitain, a réussi à dépasser les contestations des dignitaires de la capitale qui insistent sur l’identité «beyrouthine» de ce dossier et refusent pour cela de rencontrer le mufti Kabbani ou de communiquer avec lui, et contraignent les cheikhs des régions à le boycotter et à rejeter ses décisions. Certains hommes de religion beyrouthins ont poussé l’adversité jusqu’à porter plainte contre le mufti Kabbani devant les tribunaux. Les membres du bureau, le cheikh Salem Rafeï en particulier, savaient bien que leur initiative pour régler ce contentieux ne serait pas acceptée par les instances sunnites, parce qu’elle préconise le maintien du cheikh Kabbani à son poste jusqu’à la fin de son mandat, l’élection d’un Conseil supérieur islamique chérié au plus vite et le gel des divergences sur le comité électeur.