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Nº 2916 du vendredi 27 septembre 2013

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Marwan Charbel, ministre de l’Intérieur. «Si les accusés du TSL passent un barrage, ils seront arrêtés»

Le ministre de l’Intérieur dans le gouvernement démissionnaire, Marwan Charbel, se félicite de la reprise de la banlieue sud par les forces de l’Etat et répond aux interrogations de l’heure.
 

Peut-on dire que la sécurité privée n’existe plus dans la banlieue sud et dans d’autres régions libanaises?
Il n’y a aucune autosécurité au Liban sauf celle apparue dans la banlieue sud de Beyrouth. Il y avait un vide que nous n’avions pas pu combler jusqu’à présent. Au moment où les roquettes sont tombées et où il y a eu l’explosion à Bir el-Abed suivie de celle de Roueiss, les forces de sécurité étaient déployées à Tripoli, aux frontières, à Saïda et à Ersal. Si nous avions eu la possibilité d’en dépêcher dans la Dahié, le Hezbollah n’aurait pas érigé lui-même des barrages.

Certains responsables du Courant du futur doutent du sérieux de ce plan et pensent que le Hezbollah a remis la sécurité de la Dahié à l’Etat et non l’inverse. Que leur répondez-vous?
Attendons pour voir qui a raison. Ce qui est dit est faux. L’Etat est présent dans la banlieue sud depuis longtemps. De deux choses l’une: l’autosécurité ou la présence de l’Etat. Nous sommes entrés dans la Dahié pour prouver aux Libanais que nous sommes opposés à la sécurité privée et nous leur disons que nous n’acceptons pas le fait qu’à côté des forces de sécurité se trouve n’importe quel partisan ou personne armée. Si cela devait arriver, je retirerais les forces de sécurité et chacun en assumera la responsabilité.

Quel est au juste le nombre des agents déployés dans la banlieue?
1 082 agents sont aux barrages de contrôle, mais avec les postes de police et les escadrons régionaux, ils arrivent à 2 000.

Quelques heures à peine après le déploiement sécuritaire dans la Dahié, on a entendu des tirs de joie à l’apparition télévisée de sayyed Hassan Nasrallah. Qu’en dites-vous?
Ceci était prévisible. Mais il ne s’agissait que de feux d’artifice.

Est-il vrai que les forces de sécurité se sont déployées pour libérer le Hezbollah des charges ou de n’importe quelle confrontation avec la foule de ses partisans?
Que voulez-vous que nous fassions? Ils font face à toutes les critiques politiques. Nous sommes soupçonnés de les avoir remplacés pour les libérer de leurs charges. Que pouvons-nous en faire? Les assassiner?

Est-ce que les informations que vous détenez vous donnent des craintes de nouvelles explosions? Qu’arriverait-il si, par malheur, ceci se produisait au cœur de la banlieue, comme l’avait dit sayyed Nasrallah. En fera-t-on assumer la responsabilité à l’Etat et dira-t-on que seule l’autosécurité fonctionne?
C’est vrai. Nous en assumons la responsabilité et nous envisageons cela. Mais que devons-nous faire? Nous ne pouvons pas quitter la banlieue en leur laissant le contrôle aux barrages. Nous ne cessons pas de craindre des actes terroristes, c’et pourquoi nous prenons toutes les mesures préventives. Notre priorité est d’empêcher l’entrée de voitures piégées dans la banlieue sud.

Est-il possible d’orienter les recherches sur les suspects réclamés par le Tribunal international?
J’avais déjà dit que si les quatre prévenus demandés par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) passaient un des barrages, ils seraient arrêtés. Mais nous ne sommes pas actuellement à leur recherche, notre mission est de protéger la Dahié contre toute opération terroriste, comme nous souhaitons le faire à Tripoli.

Comment êtes-vous parvenu à un accord sur le déploiement sécuritaire dans la banlieue sud et que s’est-il passé entre vous et hajj Wafic Safa, responsable du comité de liaison au Hezbollah?
Dès que j’ai eu les moyens de déployer 700 à 800 éléments en accord avec l’Armée libanaise, je me suis réuni avec Wafic Safa à qui j’ai exposé le plan et qu’il a immédiatement approuvé.

Pourquoi n’appliquez-vous pas le même plan à Tripoli comme vous le demandent les notables de la ville, dont le ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé?
J’aurais souhaité qu’un tel déploiement se fasse immédiatement, mais un plan similaire ne peut être appliqué à Tripoli où des hommes armés sont sur le terrain et où des conflits opposent les protagonistes qui torpillent toute mesure de sécurité. Plusieurs martyrs et blessés de l’armée et des forces de sécurité en ont payé le prix. Dans la banlieue, les conflits internes n’existent pas. C’est ce qui a facilité l’exécution du plan.

Où en est la réactivation de la police municipale pour la rendre capable de protéger les villages et les localités?
J’ai réuni environ 900 présidents de municipalités au Biel pour leur donner des directives. L’article 74 de la loi sur les municipalités donne à la police municipale le devoir de contrôler la sécurité dans les régions. J’ai signé deux importants décrets pour que les Forces de sécurité intérieure ne s’occupent que de la sécurité. Je leur ai interdit d’intervenir sur les contraventions de l’immobilier, dont la responsabilité incombe aux présidents des municipalités, des caïmacams et des mohafez en charge de régler ces problèmes. Ces derniers peuvent s’appuyer au besoin sur les FSI. Nous entraînons actuellement les polices municipales à l’institut des FSI parmi lesquelles 350 membres appartiennent à la police de Beyrouth où la municipalité compte 700 éléments qui recevaient des salaires sans travailler.

Nous avons entendu des commentaires politiques appelant à ne pas tenir compte de l’appartenance confessionnelle ou communautaire dans les 
services de sécurité comme tel est le cas
actuellement…

Laissez-nous nous solidariser avec ces services, les seuls qui assurent la sécurité et la stabilité au Liban, et écartons toute tentative de les diviser comme l’est la politique entres mouvements du 8 et du 
14 mars.

Peut-on dire à partir de maintenant que la route de l’aéroport est sécurisée pour tous les Libanais et tout touriste arabe ou étranger?
Certainement. Nous avons reçu de nombreux appels de l’étranger et nous n’imaginions pas l’impact positif que ce plan a eu auprès des politiciens étrangers.

Vous avez parlé de l’importance de l’entente politique et de la formation du gouvernement. Qui, à votre avis, les bloque?
Ce qui bloque la formation est le conflit politique. Le pays ne peut plus supporter les zizanies. Cherchons les moyens de dialoguer et de former le gouvernement afin de stabiliser la sécurité et de réactiver l’économie et le tourisme. La situation ne peut pas durer telle quelle. Le seul choix est le dialogue.

Certains s’interrogent sur le sérieux du 
dialogue à l’ombre des armes du Hezbollah…
Il nous faut discuter avec le Hezbollah de l’utilité des armes et de leur nocivité.

En ce qui concerne le transport des armes chimiques de Syrie au Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah l’a démenti. Avez-vous, en tant qu’Etat libanais, des informations sur le sujet?
Allons donc! Pensez-vous que le transfert des armes chimiques puisse se faire dans le coffre d’une voiture, sans compter qu’il coûte des millions de dollars? Leur conservation requiert des lieux préparés à cet égard. Où sont les immeubles capables de garder des armes chimiques? Les mettra-t-on dans un jardin de la Dahié ou au bord du fleuve Wazzani?

Avez-vous du nouveau dans l’affaire des otages de Ersal et celle de l’enlèvement des deux pilotes turcs?
Nous espérons une solution pour très bientôt.

Vous et le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, prévoyez-vous une prochaine visite en Turquie?
La visite est envisagée.

Quels sont les moyens de remédier à la situation des réfugiés syriens et que peut-on espérer de la réunion à New York?
Nous espérons que le président de la République rentrera couronné de succès. 


Propos recueillis par Saad Elias

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