Gül n’a pas dit son dernier mot
Les relations entre le président turc, Abdullah Gül, et son ancien mentor le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, semblent être au plus bas. Le désir du chef de l’Exécutif d’occuper le poste suprême au sein de l’Etat n’arrange pas les choses. Depuis, les deux amis de trente ans semblent diverger sur tous les sujets importants. Ainsi, Gül a pris une position différente d’Erdogan concernant les développements en Syrie, en adoptant une approche plus modérée envers Damas. D’ailleurs, ses déclarations à New York ont mis les points sur les «i» en exprimant son inquiétude face au rôle des groupes extrémistes syriens. Au moment où Erdogan prend ses distances avec Téhéran, Gül, quant à lui, considère qu’il ne peut y avoir de solution en Syrie sans une médiation iranienne.
Le roi en colère
Selon des sources à Manama, le roi bahreïni, Hamad Ben Salman Al Khalifa, serait furieux contre le président américain Barack Obama. Ce dernier avait mentionné dans son discours à l’Onu les tensions sectaires qui existent dans le royaume. Or, selon la famille au pouvoir, les troubles qui durent depuis deux ans et demi seraient dus aux ingérences iraniennes et non pas à des problèmes internes entre les communautés sunnite et chiite. Ceci explique les critiques, à peine voilées, du ministre des Affaires étrangères, Khaled Ben Ahmad Al Khalifa, et de l’ambassadeur du Bahreïn à l’Onu, Hoda Nounou, à l’égard du discours du chef de la Maison-Blanche.
Moktada Sadr le leader chiite irakien, a brisé le silence en émettant une fatwa qui interdit toute attaque contre la communauté sunnite. Le pays des Abbassides, selon lui, ne devrait pas succomber aux tensions sectaires. L’avenir de l’Irak ne peut se faire sans la participation des sunnites. Cet appel avait été précédé d’une autre fatwa émanant du grand ayatollah Ali Sistani, qui bannit toute atteinte contre les lieux de culte musulmans, toutes communautés confondues. Il faut espérer que ces appels soient entendus par les deux parties pour que s’arrête le bain de sang quotidien en Irak.
Omran el-Zohbi le ministre syrien de l’Information, s’est fait connaître grâce à son discours très dur repris par les médias officiels syriens. Son dernier exploit: avoir diffusé sur la télévision nationale une entrevue surréaliste avec Rawan Qadah, une vidéo dans laquelle la jeune fille de 16 ans, originaire de la province de Deraa, avait accusé son père de l’avoir forcée à se prostituer au profit de la révolution. Les téléspectateurs ont pu entendre le récit peu flatteur d’une mineure dont le nom et le portrait n’ont pas été masqués, comme l’exige l’éthique journalistique. Ainsi, la vie d’une adolescente est détruite à tout jamais. Le ministre, également originaire de Deraa, a refusé toutes les critiques qui lui ont été adressées à ce sujet, affirmant qu’il faisait son devoir.
En pointillé…
Le roi de Jordanie Abdallah Ben el-Hussein semble avoir gagné son pari contre la confrérie des Frères musulmans. La chaleur de l’été jordanien ne s’étant pas traduite dans la rue qui s’est calmée après plusieurs semaines de grogne. Depuis, le roi a tendu la main aux islamistes et les a appelés à participer au dialogue afin de régler leurs divergences avec le gouvernement en place. Cette main tendue survient au moment où la branche modérée prend le dessus sur les radicaux du mouvement, mettant fin aux tensions qui menaçaient de noyer le royaume dans une guerre civile sanglante. Les analystes à Amman notent que les modérés avaient eu le dernier mot après l’échec du régime des Frères musulmans en Egypte.
Garde à vous!
Le président algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, a réalisé son objectif: imposer ses choix aux généraux. Après avoir remanié son gouvernement, il détrône les tout-puissants chefs des services de renseignement. Les observateurs s’attendaient à une réaction négative de la part des militaires qui, au contraire, ont renouvelé leur allégeance au chef suprême des armées. Le président malade a, de ce fait, mis un terme aux spéculations sur son avenir politique et a renforcé les chances de voir son mandat présidentiel prolongé pour une période de deux ans. Face à ce scénario machiavélique, les islamistes algériens semblent bien trop faibles et isolés pour faire échouer les plans de Bouteflika.
Ankara tourne la page
Le rêve de joindre l’Union européenne a toujours hanté les dirigeants turcs prêts à tout pour plaire à Bruxelles. Les temps ont bien changé puisque l’ascension au pouvoir des islamistes, dits modérés, a bouleversé les priorités des leaders à Ankara, qui semblent même avoir complètement abandonné ce projet. Le ministre chargé des Affaires européennes au sein du gouvernement actuel a même déclaré: «Vu l’opposition de certains pays membres, nous ne rejoindrons probablement jamais l’UE. D’ailleurs, ce refus va à l’encontre des intérêts de l’Europe et non de ceux de la Turquie». Des propos qui n’ont pas choqué à Ankara, puisque désormais seuls 44% des citoyens turcs souhaitent voir leur pays intégrer l’UE, alors que neuf ans auparavant, ce chiffre atteignait les 75%. Cette tendance inquiète sérieusement les partis laïques qui ont peur de voir le pays d’Atatürk sombrer, encore une fois, dans un fanatisme religieux tel que celui qu’ils ont connu sous l’égide de l’Empire ottoman.
Ahmadinejad humilié
L’Université iranienne, créée sous le mandat de Mahmoud Ahmadinejad, qui avait obtenu toutes les autorisations nécessaires en un temps record malgré les obstacles administratifs, vient de prendre une décision surprenante: rendre à la caisse de l’Etat la somme de six millions de dollars. Selon les observateurs à Téhéran, le recteur de l’université, en cours de construction, aurait perçu cette assistance très généreuse le dernier jour du mandat du président sortant. Scandale, puisqu’Ahmadinejad n’avait pas le droit d’utiliser ce compte présidentiel pour des dépenses personnelles. D’ailleurs, l’un des conseillers du nouveau président, Hassan Rohani, a qualifié cet acte de «criminel et d’illégal». Cet épisode en dit long sur les multiples affaires de corruption dont l’ancien président et son entourage, notamment son gendre Rahim Masha’i, se sont rendus coupables.
Abou Dhabi se démarque de Doha
La visite effectuée par le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, à New York, n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide des Emirats arabes unis. Washington avait refusé de délivrer des visas aux membres de la délégation officielle syrienne et c’est grâce à l’intervention personnelle du frère du président émirati Khalifa Ben Zayed Al Nahyan, le ministre des Affaires étrangères Abdallah Ben Zayed, auprès de son homologue John Kerry, que Moallem a pu gagner les Etats-Unis. Rebelote: après le refus des Etats membres de l’Union européenne de permettre à l’avion syrien d’atterrir sur leurs aéroports, les Emiratis ont proposé à Moallem de faire escale à Dubaï sur son chemin vers New York. Ces développements ont été très mal vus à Doha, ennemi numéro un du régime syrien.
Mechaal plutôt que Abbas
Le gouvernement du Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, semble avoir gagné le soutien d’un allié de taille: Benyamin Netanyahu. Malgré les accusations échangées entre les deux partis, le gouvernement de droite israélien préfère la bande de Gaza sous le contrôle du Hamas. Selon des experts militaires israéliens, seul le mouvement de Khaled Mechaal a les moyens de maintenir le calme entre l’Etat hébreu et le secteur encerclé. Ainsi, les généraux à la retraite du Tsahal ont qualifié l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, d’inexistante, ajoutant que si Israël jouit, aujourd’hui, d’un calme relatif sur sa frontière sud, c’est grâce aux efforts déployés par la police du Hamas. Cette analyse n’est pas surprenante, Tel-Aviv voulant humilier Abou Mazen et affaiblir son image aux yeux de ses concitoyens.
20 milliards de dollars est la somme dont pourrait bénéficier le gouvernement marocain grâce aux revenus pétroliers des nouveaux gisements découverts sur les côtes des îles Las Palmas. Les experts marocains assurent qu’ils possèdent les moyens nécessaires pour faire fonctionner ces nouvelles plateformes en moins d’un an. Seul problème: le conflit territorial qui oppose l’Espagne au voisin marocain rend presque impossible le lancement des travaux nécessaires. Déjà en 2001, les deux pays ont frôlé la catastrophe, quand le gouvernement de droite, présidé par Jose Maria Aznar, avait tenté d’exploiter des régions maritimes objets de disputes. Ce n’est que grâce à l’intervention américaine que ce projet avait été stoppé. Douze ans après, c’est au tour de Rabat de tenter d’en faire de même, bien que les chances de voir se réaliser un tel projet soient minces, vu l’opposition de Madrid.
4500 jihadistes tunisiens ont été interdits de voyage par les autorités de leur pays. Pour cause: leur désir de se rendre en Syrie pour mener le combat contre le régime du président Bachar el-Assad. Ce chiffre a été révélé par le président Al-Moncef el-Marzouki, qui a précisé que plus de mille Tunisiens se trouvaient actuellement au Pays des Omeyades aux côtés des rebelles. Marzouki a enfoncé le clou en exprimant sa crainte de les voir rentrer en Tunisie «car dans ce cas, nous devrons les combattre». Ces propos choquants ont poussé les journalistes à lui demander comment il pouvait adopter une position aussi ferme envers les jihadistes, au moment où les islamistes d’Ennahda gouvernaient Tunis. Le président, connu pour avoir sa propre vision des événements, a nié le fait que le mouvement Ennahda fasse partie de l’Organisation internationale des Frères musulmans et assuré que les islamistes ne tenaient pas les rênes du pouvoir. Drôle d’analyse, Marzouki devant son poste à Ennahda qui détient une large majorité parlementaire.