Magazine Le Mensuel

Nº 2922 du vendredi 8 novembre 2013

general

La tuerie de Mastita. Cherchez la femme

Vendredi 1er novembre, la petite ville tranquille de Mastita, près de Jbeil, a été le théâtre d’une véritable scène de guerre qui a coûté la vie à quatre personnes. L’objet du conflit, la belle Pamela, convoitée par deux jeunes hommes.

Pamela Jawhari est une jeune Syrienne de 21 ans née à Aramoun, dans le caza de Aley. Il y a près d’un an, elle s’est entichée de Tony Bou Younes, originaire de Akoura, sur les hauteurs de Jbeil, que Pamela quitte finalement il y a plusieurs mois. La rupture est violente. Tony ne digère pas. Pendant des semaines, il la suit, la harcèle. Pamela décide alors de changer de numéro de téléphone. En septembre, elle et son père s’installent dans un appartement à Mastita, adossé à la localité de Blat. Ce vendredi 1er novembre, Pamela sort dîner dans un restaurant de Jbeil en compagnie de son petit ami du moment, Alain el-Qouba, qui vient de Amchit, à qui elle raconte ses malheurs avec Tony. Au restaurant, à 23h45, le téléphone de Pamela sonne. Au bout du fil, c’est Tony. Pamela panique et tend le téléphone à Alain. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, bien avant qu’ils se soient liés à Pamela, et se détestent cordialement. Le ton de la discussion monte rapidement. Ils se donnent rendez-vous à Mastita, au pied de l’immeuble de la jeune fille, pour régler cette histoire. Ce ne sont pas deux Roméo qui se battent pour leur Juliette, mais deux egos qui se battent pour l’orgueil. L’affrontement est programmé pour deux heures du matin.
Alain et Pamela d’un côté, Tony de l’autre rameutent leurs cliques. Alain appelle son père Michel, propriétaire d’une galerie de voitures à Mastita, en contrebas, sur la route parallèle à l’autoroute de Jbeil. Il est accompagné de deux de ses employés syriens, Khaled Ahmad et Refaat Krad. Lorsqu’Alain dépose sa petite amie chez elle, son père et ses compères sont déjà là. Pas de signe de Tony. Michel et les Syriens se dirigent vers leur voiture pour quitter les lieux, Alain fait de même. C’est à ce moment-là que Tony apparaît. Il emmène des copains à lui comme Carlos Ghossein et son frère Jad. Le père d’Alain prend peur. Il revient sur ses pas et tente de parler à Carlos qui se dirige vers la voiture de son fils. Mais le ton monte dangereusement. Ils en viennent même aux mains. De leurs voitures, les compagnons des deux camps assistent à la scène. Lorsque le face-à-face dégénère, les deux groupes sautent de leurs véhicules. Ils sont armés. Une véritable bataille rangée éclate. Les balles volent dans tous les sens. L’affrontement ne dure que dix minutes.
Les témoignages parlent d’une scène digne des films policiers. Aux tirs de mitraillettes se mêlent les cris d’effroi. Le bilan est effroyable. Le prétendant Tony Bou Younes est tué à bout pourtant, sur le parking de l’immeuble. Le père d’Alain, Michel el-Qouba, est retrouvé sur la banquette de sa voiture, assassiné de sang-froid. Sans doute tentait-il de se protéger lorsque les premiers coups de feu ont été tirés. Le corps du travailleur syrien, Refaat Krad, est retrouvé près d’une autre voiture, à quelques mètres de Tony. Carlos, son frère Jad et Khaled Ahmad sont blessés. Les deux premiers ont été soignés à l’hôpital, le troisième a tenté de fuir mais a été retrouvé à Halba, tout comme Alain el-Qouba, arrêté 24 heures après avoir tenté de se faire la malle. Trois blessés et trois morts directs au sortir d’un affrontement qui aura causé la mort d’une quatrième personne. En apprenant le décès de son fils Tony, Youssef Bou Younes (70 ans), s’est suicidé en se tirant une balle dans le ventre. Retrouvée à plat ventre derrière un véhicule garé juste devant la porte de son immeuble, Pamela est désormais entre les mains de la justice, rescapée d’une tragédie amoureuse qu’elle n’a pas voulue. 


Julien Abi Ramia

Trafic d’armes
A Jbeil, les rumeurs vont bon train sur la 
version de l’histoire qui mettrait en scène deux jeunes jaloux maladifs. Sur les lieux du drame, les enquêteurs ont retrouvé dans le coffre des voitures appartenant aux acteurs de la tragédie une soixantaine d’armes à feu au total. Une découverte qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans la ville.
Une extrapolation que les services de l’enquête ont tenu à fermement démentir dans un 
communiqué, niant les rumeurs sur une 
transaction d’armes qui se serait mal terminée.

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