L’implantation de la guerre syrienne pose une multitude de défis au Liban, qui remet en cause son identité.
AL-MONITOR
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Diffusion: 16500 visiteurs par jour.
Créé en 2012 par le président du Levant Foundation, l’investisseur Jamal Daniel.
L’une des grandes plumes invitées sur le site, l’éditorialiste du quotidien al-Akhbar, Jean Aziz, explique pourquoi l’attentat contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth constitue «une leçon de terrorisme».
Tout d’abord, l’opération a été menée par deux kamikazes, permettant à ceux qui ont planifié l’attaque de renforcer la portée de l’horreur en faisant un grand nombre de victimes. Une attaque suicide envoie un message de peur à tout le monde: vous ne pouvez pas échapper à la mort et vous n’avez aucune chance de dissuader ou d’empêcher nos attaques. Deuxièmement, l’opération a directement visé l’ambassade d’Iran. En ce sens, les commanditaires de l’attaque ont frappé les principaux dirigeants et décideurs de leur ennemi. Ceci est un autre message de type terroriste: si nous pouvons taper la tête, nous pouvons frapper partout ailleurs – y compris chez vous. Troisièmement, les kamikazes ont logé dans un hôtel touristique haut de gamme au cœur de Beyrouth, dans une zone connue pour ses cafés populaires. Le choix de l’hôtel Sheraton Four Points n’est pas un détail sans signification. Cette partie du message est claire: nous savons nous fondre dans la masse et frapper les touristes.
Quatrièmement, les cartes d’identité retrouvées sur les corps des terroristes. Le message? Nous n’avons pas apporté de kamikazes d’Irak, de Libye ou de tout autre pays de ce type. Nous avons des soldats au Liban.
NOUVEL OBSERVATEUR
Pays: France.
Genre: hebdomadaire.
Diffusion: 530000 exemplaires par semaine.
Le journal de gauche raconte comment le trafic de haschisch est dopé par la guerre en Syrie.
Abou Sami, cultivateur de cannabis au Liban, se frotte les mains: le conflit en Syrie voisine a non seulement paralysé l’Etat, l’empêchant de détruire ses cultures, mais a dopé le trafic, la frontière étant beaucoup moins contrôlée. «Cette année, la récolte a été abondante. Les autorités ne nous ont pas livré la guerre car elles étaient occupées ailleurs». Dans le village d’Abou Sami, situé en contrebas d’une montagne aride et que les cultivateurs interviewés par l’AFP souhaitent ne pas identifier, les «hangars» sont en activité en plein jour: c’est l’appellation donnée aux garages où cribleurs et égreneuses électriques transforment le cannabis en poudre. Au bord des routes sinueuses, hommes et femmes sont à l’œuvre derrière des rideaux coulissants à moitié fermés. Une scène qui ne choque personne, car, disent-ils, «c’est l’unique source de revenus». «Les cultures n’ont pas été détruites cette année. La crise syrienne a beaucoup joué», confirme Joseph Skaff, chef de la lutte antidrogue. Selon les agriculteurs, la demande a augmenté de plus de 50% depuis un an, et la majorité du haschisch est écoulée vers la Syrie. «Vu le risque, les 40 grammes qui se vendent 20 dollars au Liban s’achèteront 100 dollars en Syrie et 500 au moment d’arriver en Turquie». Avec la hausse de la production, le kilo à 1000 dollars s’achète aujourd’hui au Liban à 500.
LA PRESSE
Pays: Canada.
Genre: quotidien.
Diffusion: 210000 exemplaires par jour.
Le journal francophone de Montréal publie une longue interview du cheikh Omar Bakri.
Le cheik Omar Bekri a créé l’émoi au Liban cette semaine en déclarant que le double attentat meurtrier devant l’ambassade de l’Iran ne pouvait pas être qualifié d’attentat suicide, mais qu’il fallait plutôt parler d’une opération de sacrifice. Pour le cheikh, «Dieu a dit, donne-moi ta vie et tes richesses. Combats pour moi, tue pour moi et sois tué. Je t’offrirai en retour le paradis. C’est un raccourci vers le paradis. Les deux hommes se sont sacrifiés pour Dieu. C’est un acte violent, de la violence cinq étoiles, nul doute, un acte terroriste. Mais dans la psyché des moudjahidin, le terrorisme et la violence peuvent représenter la destruction de la vie, mais aussi être pro-vie. Ils sont maintenant des héros aux yeux des jihadistes dans le monde», croit-il.
Le personnage est controversé. Même à Tripoli, la plus grande ville sunnite dans le nord du Liban où il vit, le cheikh est loin de faire l’unanimité dans les milieux salafistes et ne prétend pas parler en leur nom. «Je ne suis pas un membre d’al-Qaïda, je ne peux que l’espérer. J’aimerais faire partie d’al-Qaïda, c’est une bénédiction de Dieu, mais je ne suis pas à la hauteur», dit-il à voix basse. «Ce n’est qu’une question de temps avant que l’on voit le drapeau islamiste flotter sur le Liban», souhaite-t-il.
EL PAIS
Pays: Espagne.
Genre: quotidien.
Diffusion: 380000 exemplaires par jour.
Le pendant du Monde dans la péninsule ibérique titre: Ersal, le camp de réfugiés qui ne dit pas son nom.
Les tentes blanches siglées UNHCR et battues par le vent sont installées à l’extérieur de la bourgade de Ersal, dans la Békaa libanaise, à la frontière de la Syrie en guerre. Les enfants courent devant les latrines et les points d’eau. Il s’agit, à ne pas s’y méprendre, d’un camp de réfugiés. Sauf que les autorités vous interdisent de l’appeler ainsi. Le site de Ersal abrite environ 350 personnes qui ont fui les combats dans leur pays natal: c’est, en fait, le premier terrain officiellement géré au Liban par les Nations unies pour Syriens déplacés qui comporte eau courante, W.-C. et autres aménagements. «Ce n’est pas un camp, c’est un site de transit temporaire», insiste un travailleur humanitaire.
Jusqu’à la construction du camp de Ersal, les réfugiés syriens s’étaient installés dans des bâtiments inachevés, chez des amis ou dans des tentes et des abris de fortune. Le nouveau site de transit est un luxe en comparaison. Le terrain a été aplani, les tentes sont uniformes et ceux qui y vivent affirment avoir l’eau courante et bénéficier d’une nourriture correcte. Les toilettes en dur sont même équipées de brosses de nettoyage. Ninnette Kelley, déléguée du HCR au Pays du Cèdre, explique que l’agence onusienne a identifié des terrains et dégagé des fonds pour dix-sept projets de sites similaires dans le pays. «Le problème n’est pas de savoir si le HCR est prêt ou non. La question est de savoir quand le gouvernement donnera le feu vert», souligne-t-elle.
LA CROIX
Pays: France.
Genre: quotidien.
Diffusion: 104000 exemplaires par jour.
Le journal d’obédience chrétienne publie le portrait d’un homme d’Eglise libanais plein d’initiatives.
Ses convictions, le père Fadi Daou le sait, sont loin de tomber sous le sens dans son propre pays, le Liban. «Nous ramons à contre-courant», admet ce prêtre de 42 ans, figure atypique de l’Eglise maronite, dont il coordonne les relations œcuméniques et interreligieuses. Sa notoriété, cet universitaire au tempérament discret la doit surtout à la fondation Adyan, qu’il a créée en 2006 avec une poignée d’amis chrétiens et musulmans, tous convaincus de l’urgence de «trouver un espace d’engagement commun». Elle n’a cessé de croître et emploie aujourd’hui douze personnes à plein temps.
C’est peut-être dans le domaine éducatif qu’ont eu lieu les avancées les plus spectaculaires: l’équipe du P. Daou a réussi le tour de force de faire signer une charte aux diverses communautés religieuses du pays, il y a un an. «Le gouvernement nous a confié un mandat pour réformer le programme scolaire, afin de repenser notre mémoire commune, souvent parcellaire, de façon à poser les fondements d’une nouvelle éducation à la citoyenneté».
Julien Abi Ramia
Top Thèmes
En tête des sujets traités par la presse internationale cette semaine, la situation explosive de Tripoli avec, à la clé, des reportages sur le terrain et des témoignages d’habitants de Bab el-Tebbané et de Jabal Mohsen. Vient ensuite l’afflux de réfugiés syriens au Liban, à l’heure où l’hiver approche.