Rien ne va plus entre Maliki et Sadr
Le leader chiite irakien, Moqtada el-Sadr, n’a jamais caché son dédain pour le chef du parti Daawa, le Premier ministre Nouri el-Maliki. Bien que les deux hommes soient considérés des alliés proches de l’Iran, il n’en reste pas moins que sur le plan personnel, il n’y a jamais eu d’affinité particulière entre eux. Ainsi, Moqtada a attendu que son rival visite Téhéran pour lui adresser des critiques très sévères, voire humiliantes. En réponse, Maliki a ordonné l’arrestation du député sadriste Jawad el-Chouheili, accusé d’enrichissement illicite et de falsification de documents médicaux. L’insulte de trop pour le flamboyant leader chiite et chef du mouvement sadriste qui a promis de tout faire pour empêcher Maliki de briguer un troisième mandat à la tête du gouvernement. Les élections parlementaires de 2014 s’annoncent chaudes et il n’est pas sûr que l’Iran réussisse cette fois-ci à réconcilier les deux hommes comme il l’avait déjà fait plusieurs fois.
Kadhaf el-Damm triomphant
La décision de la Cour criminelle du Caire d’innocenter Ahmad Kadhaf el-Damm, le cousin du dirigeant libyen exécuté, Mouammar Kadhafi, n’a pas vraiment surpris. Les relations entre l’armée égyptienne et les milices libyennes sont en effet très tendues. L’ancien diplomate, chargé des relations avec l’Egypte, avait été arrêté en mars 2013 et accusé d’être impliqué dans une tentative d’assassinat contre des policiers égyptiens. Tripoli avait alors demandé son extradition, espérant ainsi mettre la main sur l’une des figures les plus emblématiques de l’ancien régime. Mais l’homme d’affaires a, apparemment, su comment convaincre les nouvelles autorités égyptiennes de le libérer pour éviter une mort certaine dans son pays.
Riek Machar vice-président déchu du Sud Soudan, a réussi à bâtir une large alliance autour de lui afin de proposer une alternative au régime du président Salva Kiir Mayardit. Il a, en effet, rallié la veuve de John Garang, leader historique de la libération du Sud, et Pagan Amum, un compagnon de première heure de Salva Kiir. Les opposants promettent un avenir meilleur à leurs concitoyens, qui vivent dans des conditions économiques et sécuritaires déplorables à cause des politiques prônées par le chef de l’Etat, qui se comporte toujours, selon Machar, en chef de guerre. Salva Kiir a, semble-t-il, vu le danger venir et a décidé d’écraser ce projet dans l’œuf. Les combats qui ont eu lieu à Juba cette semaine pour «déjouer une tentative de coup d’Etat menée par Machar», selon la version officielle, ont fait plus de 400 morts et des centaines de blessés.
Jalal Talabani président irakien, traité depuis plus d’un an en Allemagne, a voulu rassurer ses concitoyens en publiant sa photo en compagnie de son épouse venue lui rendre visite. Les proches du leader kurde espéraient ainsi démontrer que leur chef allait bien, afin de démentir les rumeurs circulant sur sa mort cérébrale. Un échec, puisque Talabani est apparu épuisé et vieilli. Les internautes ont ainsi condamné cette nouvelle tentative de duper le peuple irakien, appelant les députés à élire sans tarder un nouveau président de la République, capable d’assumer pleinement ses responsabilités. Curieusement, la présidence n’a toujours pas publié un communiqué expliquant la maladie du président, bien qu’il soit soigné depuis près de treize mois à l’étranger. Agé de 80 ans, il est le septième président de la République irakienne.
En pointillé…
Mohammad Ali Jaafari, chef des Gardiens de la révolution iranienne, n’a pas mâché ses mots en critiquant sévèrement le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qu’il juge trop mou. Le général, connu pour être une des figures les plus influentes du clan conservateur, a accusé le chef de la diplomatie d’être «un ignorant des affaires militaires, ce qui explique ses déclarations absurdes». C’est la première fois que les conservateurs utilisent un ton aussi dur envers les proches du président Hassan Rohani, un langage dont ils avaient abusé sous la présidence de Mohammad Khatami. Pour aggraver les choses, Jaafari a choisi d’adresser ses insultes publiques durant le voyage officiel entrepris par Zarif à Moscou. Le ministre des Affaires étrangères peut manquer d’expérience militaire, mais en matière de diplomatie, Jaafari a beaucoup à apprendre.
Bachir prend sa retraite… en 2015
Selon des sources bien informées à Khartoum, le parti au pouvoir aurait pris la décision de présenter un nouveau candidat aux prochaines élections présidentielles prévues pour avril 2015. Le président malade Omar Hassan el-Bachir, poursuivi par la Cour internationale de La Haye pour crimes de guerre, devrait ainsi prendre sa retraite sans être inquiété par la justice internationale, les militaires lui promettant immunité et protection. L’armée qui l’avait porté au pouvoir aurait un autre candidat dont le nom ne sera pourtant pas divulgué bientôt. C’était pour préparer sa propre succession que Bachir a dû se séparer de ses deux vice-présidents pour permettre à l’heureux élu d’accéder tranquillement au palais présidentiel. Ces changements ne rassurent nullement l’opposition, qui demande que les prochaines élections présidentielles se déroulent dans un climat démocratique, en présence d’observateurs internationaux. Des exigences qui ne seront sûrement pas prises en compte par la junte qui détient le pouvoir par la force depuis plus de deux décennies.
Ocalan ne sera pas libéré
Tout au long de l’année 2013, la communauté kurde avait espéré voir le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, sortir de prison, des négociations ayant discrètement lieu entre des proches de ce dernier et des représentants du gouvernement turc. C’est ce qui avait poussé Ocalan à appeler ses hommes à jeter les armes et à quitter le territoire turc, allant même en fin d’année à leur ordonner la libération de quatre soldats turcs détenus dans les montagnes séparant la Turquie de l’Irak. Mais tout cela ne servira probablement à rien, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ayant annoncé que, contrairement à ce qu’avait révélé Massoud Barzani, président de la province semi-indépendante du Kurdistan, le prisonnier le plus connu de Turquie ne bénéficiera pas de sa clémence.
Le Maroc dit non à l’Afrique
Les nombreuses médiations entreprises auprès des autorités marocaines ne semblent pas changer la politique prônée, depuis plusieurs années, à l’égard de l’Union africaine. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Saadeddine el-Othmani, a déclaré que son gouvernement s’investirait plus avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui, selon lui, est le vrai partenaire stratégique de Rabat. Rappelons qu’à la suite de la décision d’accepter le Polisario au sein de l’UA, le royaume du Maroc y avait gelé sa participation avant de la retirer complètement. Cette situation a poussé plusieurs pays d’Afrique du Nord à s’activer pour exclure le mouvement sahraoui de l’organisation. Mais ce ne sera pas chose facile, les pays de l’Afrique noire appuyant avec force le Polisario, qui résiste à leurs yeux à l’occupation et à la colonisation.
Jalloud s’islamise
Le capitaine Abdessalam Jalloud, compagnon de la première heure du leader Mouammar Kadhafi, qui avait joué jusqu’à la fin des années 90 un rôle prépondérant dans son pays, a choqué l’opinion publique en estimant que la Libye devrait être gouvernée par les islamistes. Connu pour son train de vie extravagant, ses nombreuses conquêtes féminines et son goût pour l’alcool, Jalloud semble avoir changé de mode de vie puisqu’il appelle les forces libérales et nationalistes à accepter la dominance islamiste. Résidant toujours à Paris, dans l’une des rues les plus huppées de la capitale, l’ancien dirigeant espère ainsi se faire pardonner par le mouvement des Frères musulmans qu’il avait pourtant combattu de toutes ses forces pendant plus de trente ans. Mais il n’a pas de quoi se réjouir, son appel ayant été ignoré.
Mascate surprend Riyad
La décision du sultanat d’Oman de rejeter l’Union du Golfe, proposée par l’Arabie saoudite, a choqué le grand frère saoudien qui s’attendait à ce Doha prenne une telle décision et non pas Mascate. Ainsi, lors du sommet du Koweït, le ministre omanais des Affaires étrangères, Yousouf Ben Alaoui, a annoncé le refus de son pays de prendre part à une alliance contre l’Iran, ajoutant: «Nous avons signé des accords avec Téhéran et nous ne pouvons pas prendre part à des alliances allant à l’encontre de nos intérêts». Le sultan d’Oman, Qaboos Ben Saïd, avait choisi, depuis plusieurs années, de bouder les réunions du CCG, sans pour autant brandir la menace du divorce. C’est chose faite, les Omanais ayant désormais opté pour la neutralité, même si cela n’est pas du goût du voisin saoudien.
400 hommes d’affaires saoudiens menacent de retirer leurs investissements d’Ethiopie au cas où le gouvernement d’Addis-Abeba ne revenait pas sur sa décision d’imposer de nouvelles restrictions sur certaines compagnies étrangères. Riyad est dans la ligne de mire des autorités éthiopiennes qui l’accusent d’exploiter et de maltraiter la main-d’œuvre éthiopienne dans le royaume wahhabite. La discorde avait éclaté à la suite de la décision des Saoudiens d’expulser tous les travailleurs illégaux qui comptent plusieurs dizaines de milliers d’Ethiopiens. Fureur à Addis-Abeba, dont l’économie dépend largement du transfert de l’argent de ses citoyens à l’étranger, notamment dans les pays du Golfe. Résultat, Mohammad Ben Abdul Rahman el-Chouhari, président du comité d’investisseurs agricoles en Afrique, a révélé que son organisation avait adressé une lettre au roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, expliquant que ses membres seraient incapables de mener à bien leurs projets si les autorités éthiopiennes ne faisaient pas marche arrière. Face à ces menaces, Addis-Abeba préfère garder le silence, arguant du fait que ses mesures ne visaient aucun pays en particulier.
70% est le pourcentage à la baisse du nombre de touristes accueillis au Pays des Pharaons cette année. Selon les autorités au Caire, seuls deux millions quatre cent mille touristes étrangers ont visité l’Egypte, alors que leur nombre dépassait les douze millions avant la révolution du 25 janvier. Si les étrangers avaient fui les grandes villes tels Le Caire et Alexandrie en 2012, il semble que même les hôtels cinq-étoiles du Sinaï souffrent désormais de ce fléau, puisque la situation sécuritaire dans la péninsule s’est dégradée du fait des attaques terroristes menées par des groupes jihadistes contre des positions de l’armée et des centres balnéaires. Pire encore, le ministère du Tourisme révèle que les visiteurs étrangers ne passent plus que trois nuits en moyenne dans les hôtels, alors que sous l’ère Moubarak, ils y restaient treize nuits.