La démission de Ghazi Aridi est le dernier acte d’une comédie gouvernementale tragique. Au Grand sérail, le faiseur de rois s’appelle Walid Joumblatt. En l’absence de Saad Hariri, leader naturel du premier parti sunnite du pays, c’est le leader du PSP, fort de sa représentativité parlementaire, qui s’est emparé de ce rôle. Mais son talent de conciliateur n’a pas suffi à sauver le gouvernement de Najib Mikati. L’homme fort de Tripoli, qui s’est substitué de main de maître au chef du Courant du futur, a dû jeter l’éponge, le 23 mars dernier, victime de l’opposition du Hezbollah et du CPL sur une multitude de sujets. Mais son gouvernement n’a pas quitté le pouvoir. Il continue de gérer les affaires courantes, malgré la désignation de Tammam Salam, il y a plus de huit mois.
L’affable député de Beyrouth, qui jouit pourtant de l’accord de la quasi-unanimité du Parlement, est dans l’incapacité de former un gouvernement. La faute au bras de fer incessant qui oppose le Courant du futur au Hezbollah. S’appuyant sur le penchant du Premier ministre désigné pour lui, le 14 mars refuse toute participation du Hezbollah tant qu’il continuera à agir en Syrie, appelant même à la formation d’une équipe de technocrates, voire à celle d’un gouvernement de fait accompli, une possibilité qu’a évoquée le président de la République Michel Sleiman. La succession des formules proposées ne fait pas illusion. L’antagonisme calqué sur le conflit syrien fait du gouvernement l’otage de l’ouverture éventuelle d’une fenêtre régionale.
Nº 2929 du vendredi 27 décembre 2013
Article précédent