Magazine Le Mensuel

Nº 2931 du vendredi 10 janvier 2014

general

Carlos Azar. Artiste aux multiples talents

Acteur, chanteur, présentateur, Carlos Azar a plus d’une corde à son arc. La célébrité ne lui a rien fait perdre de sa modestie, sa simplicité et surtout son désir de se surpasser. Réaliste, il sait parfaitement qu’un jour, les projecteurs vont s’éteindre. Mais d’ici là, son étoile ne fait que briller. Portrait.
 

En jogging, casquette et lunette, il arrive très décontracté au café où notre entretien a lieu, un endroit où Carlos Azar a visiblement ses habitudes. Il n’hésite pas à se lever de table pour aller saluer les gens, ni à avoir un mot gentil pour les serveuses. Carlos Azar n’est pas un nouveau venu dans le monde du spectacle. On pourrait même dire qu’il y est né. Fils du célèbre acteur et chanteur Joseph Azar, il a ouvert les yeux dans une famille où tout le monde parlait d’art et de spectacles et où les réunions entre auteurs, compositeurs et chanteurs se succédaient. Il se souvient qu’enfant, il écoutait son père réciter des rôles ou discuter des paroles d’une chanson ou de notes musicales. De cette période, il a gardé ce côté exigeant, qui étonne toujours ses interlocuteurs, dans le choix de la musique et des paroles de ses chansons. Les soirées culturelles étaient fréquentes à la maison. «Elles étaient pleines de rires, de chants et de danses. Avec mes yeux d’enfant, je les voyais comme des scènes théâtrales, comme si j’assistais à une messe», dit-il.
Tous les jeunes de la famille Azar ont subi l’influence de la musique. «Mon frère aîné est professeur de guitare et propriétaire d’une école de musique, mon second frère est professeur au conservatoire national et ma sœur est pianiste», dit Carlos Azar. Il est le seul de la famille à vouloir suivre les traces de son père dans le monde du théâtre. «Je ne voulais pas que tout ce que mon père a fait pendant cinquante-cinq ans de carrière s’achève. J’ai voulu continuer ce qu’il avait commencé».
Carlos Azar ne fait pas partie de ces enfants qui manifestent, dès leur plus jeune âge, des talents artistiques particuliers. «Je n’ai jamais joué dans une pièce à l’école ou fait partie de la chorale». Au départ, il ne trouve auprès de ses parents aucun encouragement pour entreprendre une carrière artistique. Bien au contraire, ils veulent le tenir loin du monde du spectacle et le poussent à faire des études en gestion d’entreprise. «Ils pensaient que ce métier ne nourrit pas son homme et que les choses étaient toujours telles qu’elles étaient à leur époque où s’il n’y  avait pas de pièce de théâtre, l’acteur restait chez lui. Aujourd’hui, c’est différent. Il y a la télévision, le cinéma, le doublage», souligne l’acteur.

De la gestion au théâtre
Au bout d’une année d’études en gestion, il réalise que ce n’est pas ce qu’il voudrait faire. Il présente le concours de l’Institut des beaux-arts de l’Université libanaise où il est classé premier. Il obtient un diplôme d’études supérieures en Culture théâtrale. Il apprend également, pendant cinq ans, la technique du chant oriental au conservatoire national du Liban et cinq ans le piano à l’Usek (Université Saint-Esprit de Kaslik). «Le talent seul ne suffit pas. Les études sont très importantes, car elles lui donnent plus de poids». Dans le choix de ses chansons, Carlos Azar fait son autocensure. Il consulte, souvent, son père et suit ses conseils. La critique ne lui fait pas peur et il est le premier à la faire. «Je n’attends pas que l’on me critique. Quand il y a lieu, je le fais moi-même. J’aime la critique constructive, elle ne me dérange pas», affirme l’artiste. Très direct, Carlos Azar n’aime pas ceux qui sont complaisants avec lui. «Je ne
suis complaisant avec personne». Alors que, de nos jours, l’apparence est un élément capital pour réussir, Carlos Azar reconnaît, qu’effectivement, l’aspect physique joue un rôle important. «Nous sommes à une époque où l’image passe avant la voix. Les gens aiment la beauté, partout au monde et non seulement au Liban».
Encore étudiant en première année, il se présente à un casting pour la série télévisée Familia, auprès de Mona Tayeh et Marwan Haddad. «J’avais si bien lu le script, que Mona Tayeh en était sidérée et a cru que quelqu’un m’avait passé celui-ci et que je l’avais déjà préparé», raconte Azar. Depuis, il a joué dans plusieurs séries télévisées, des pièces de théâtre, ainsi que dans des films de cinéma dont le dernier en date  est Cashflow. Carlos Azar a également présenté des émissions télévisées pendant cinq ans sur plusieurs chaînes. Il a commencé par Sabah el- kheir ya Loubnan (Good Morning Lebanon) de 2004 à 2007 sur la chaîne publique Télé-Liban, puis sur la OTV des émissions telles que Yawm jdid (2007-2009), Min la Min et Scénariste (2010).

 

La femme, moteur principal
C’est son apparition dans l’émission Celebrity Duets qui l’a propulsé dans le monde de la chanson. Outre son talent d’acteur, Carlos Azar a démontré qu’il était doté d’une très belle voix. «Pourtant, j’avais commencé à chanter bien avant d’être acteur puis j’ai arrêté car je voulais d’abord me faire un nom», confie Azar. Il rejette toutes les propositions qui lui sont faites par différents producteurs et décide, avec son ami Georges Haddad, de fonder sa propre boîte de production Cedar Stars.
Lorsqu’on lui demande où se retrouve-t-il le mieux, dans la peau de l’acteur ou du chanteur, il déclare aimer les deux et les mener en parallèle. «J’ai mis en veilleuse ma carrière de chanteur jusqu’à ce que je devienne un acteur connu, mais je me sens aussi bien dans la peau de l’un que 
de l’autre».
Contrairement aux phénomènes de mode qui ne font que passer, Carlos Azar travaille sur la durée. «Ce qui reste ce sont les chansons qui durent. Il y a des chansons qui ont plus de cinquante ans et qu’on écoute toujours avec le même plaisir». Malgré sa notoriété, il a réussi à garder les pieds sur terre. Ses anciens amis occupent une place très importante dans sa vie et la femme demeure pour lui le moteur principal. «La mère, la sœur, l’amie ou l’amante, la femme demeure le moteur principal autour duquel tourne la vie de l’homme, de sa naissance, à sa mort en passant par son mariage. La femme l’accompagne dans toutes les étapes de la vie. Seule la présence d’une femme lui assure la stabilité psychique dont tout homme a besoin». Carlos Azar n’aime pas jouer à la star inaccessible: «Je suis contre l’idée de la star vivant dans sa tour d’ivoire, celle qui ne se mêle pas aux gens. C’est bien l’amour et l’admiration des gens qui nous poussent là où nous sommes. J’aime garer ma voiture dans la rue Hamra, me promener à pied, me mêler aux passants, leur parler et me faire photographier avec eux. C’est pour eux que je fais tout cela et c’est grâce à eux que j’ai réussi, pourquoi les snober?». Des rêves, il en a plein la tête, mais il ne sait pas les exprimer. Avec un sourire, il reconnaît: «Je vois des images que je ne pourrai pas traduire en paroles». S’il n’avait pas été artiste, il aurait voulu être basketteur ou menuisier. «J’aime beaucoup le basket et j’ai déjà joué dans une équipe. J’aurais aussi aimé être menuisier. J’aime l’odeur du bois, son toucher». Il a appris à n’attendre rien de personne. «J’agis toujours selon ma conscience sans rien attendre en retour». 


Joëlle Seif

Azar 2014
Actuellement, Carlos Azar se prépare à tourner une nouvelle adaptation du roman d’Agatha Christie, Dix petits nègres. «Ce sera une série télévisée de trente épisodes». En été, il tournera Cashflow II, la suite du film cinématographique, Cashflow, qui a emporté un grand succès. Il a aussi un programme de concerts prévu et son nouveau clip est diffusé depuis le 8 janvier.   

Ce qu’il en pense  
Social Media: «Ce sont des instruments très importants, à condition de savoir les utiliser. C’est une arme à double tranchant. Elle est utile pour atteindre un grand nombre de personnes, mais peut aussi répandre des nouvelles qui ne sont pas forcément exactes. Il faut toujours s’assurer de chaque 
information avant de la propager 
sur Facebook ou Twitter».
Ses loisirs: «Le sport occupe une place très importante dans ma vie, ainsi que toutes sortes de lectures. Les livres, les articles de presse, toutes sortes de sujets. Je suis tellement passionné par mon travail qu’il reste mon hobby principal. C’est quelque chose que j’exerce avec joie et enthousiasme et il faut que cela reste ainsi. Lorsque cette passion se transforme en simple métier, elle perd sa valeur».        
Sa devise: «Rien ne dure indéfiniment. Chaque vedette connaît un jour ou l’autre le déclin. Il faut se préparer au fait que personne ne reste à jamais sous les feux des projecteurs et qu’un jour, ceux-ci s’éteindront. Je suis préparé à cela».

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