Nouveau scandale à l’Elysée. Déjà malmené dans les sondages, le président de la République française, François Hollande, voit sa vie privée − et une liaison présumée − étalée à la Une d’un magazine people.
Nouveau coup dur pour François Hollande. Déjà au plus bas dans les sondages depuis son élection à la plus haute fonction de l’Etat, une nouvelle affaire, privée celle-ci, vient écorner son image. A l’origine des faits, le magazine people Closer, qui a rompu la semaine dernière avec le traditionnel respect de la vie privée des chefs d’Etat jusqu’alors en vigueur dans la presse, en affichant en couverture et sur pas moins de sept pages intérieures, une liaison présumée avec une actrice. Selon l’hebdomadaire, François Hollande entretiendrait une relation, depuis plusieurs mois, avec Julie Gayet, alors que le président est officiellement en couple − bien que non marié − avec la journaliste Valérie Trierweiler.
Closer publie des photos montrant un homme casqué se rendant à scooter, tard dans la nuit, dans l’immeuble où est entrée plus tôt l’actrice, à proximité du palais présidentiel, pour n’en ressortir que dans la matinée du lendemain. Bien que l’on n’aperçoive pas le visage du chef de l’Etat sur les photos, le magazine s’appuie, entre autres, sur des comparaisons de chaussures pour étayer ses accusations. Celles-ci seraient les mêmes que celles que portait le président lors de son déplacement à Riyad, le 29 décembre dernier. D’autres photos montrent le visage de l’un des gardes du corps du président, aisément identifiable, déjà aux côtés de François Hollande en février 2012.
On assiste aussi en images, à l’arrivée de la comédienne de 41 ans dans l’immeuble du VIIIe arrondissement de Paris. Le paparazzi à l’origine des clichés a même livré des photos montrant le garde du corps du président apportant les croissants tôt le lendemain matin, selon Closer.
Prévenu de la sortie à scandale du magazine, François Hollande se fend alors, quelques heures avant la parution, vendredi 10 janvier, d’un communiqué transmis à l’Agence France Presse en son nom propre. Il y déplore, en tant qu’homme et non en tant que président, «profondément les atteintes au respect de la vie privée auquel il a droit comme tout citoyen», annonçant «examiner les suites, y compris judiciaires, à apporter à cette parution». En revanche, aucun démenti n’est formulé. Ni par le président, ni par l’actrice Julie Gayet.
La sécurité du président
Il n’en faudra pas plus, on s’en doute, pour que l’ensemble des médias − même ceux dits «sérieux», en comparaison aux magazines people − s’emparent de l’affaire. Histoire de lui donner une tournure plus rigoureuse et moins people, la plupart des médias s’inquiètent d’un autre aspect, celui de la sécurité du locataire de l’Elysée. Le quotidien Le Figaro, par exemple, estime que l’affaire Gayet-Hollande démontre «de profondes failles dans la sécurité du chef de l’Etat», qui a pu «échapper à la surveillance du service officiellement chargé de sa sécurité». «Traqué comme une starlette, le chef de l’Etat aurait tout aussi bien pu entrer durant ces longues heures dans le viseur d’un groupe terroriste ou de n’importe quel déséquilibré, pour peu que celui-ci ait loué un appartement en face de la garçonnière présidentielle où se rendait l’actrice Julie Gayet», écrit, acerbe, le journaliste Jean-Marc Leclerc, dans l’édition du 14 janvier. Dans le même article, un ancien patron du service de protection des hautes personnalités, dénonce les failles. «Est-ce bien la peine d’offrir, à grands frais, une sécurité haut de gamme au premier des Français, si celle-ci n’est pas capable de le protéger d’un chasseur d’images aux intentions médiocres?
(…) Il n’est jamais bon qu’un officiel de haut rang se défie de sa sécurité pour la confier à deux ou trois intimes choisis selon on ne sait quel critère». Devant ces attaques, le patron du ministère de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est empressé de préciser que «dans cette affaire, la sécurité du président n’a jamais été menacée», soulignant que le GSPR, le groupe chargé de sa protection, était «autonome» et qu’à ce titre «si (le président) décide d’aller à un endroit, c’est de sa responsabilité».
Mais ce n’est pas tout. Comme si les infidélités présumées du président français et les soupçons de failles de sécurité n’étaient pas suffisants, une autre affaire vient encore se greffer dans ce scandale.
L’appartement où auraient eu lieu les amours clandestines de François Hollande et Julie Gayet depuis l’automne 2013 se retrouve lui aussi au cœur de la polémique. Si l’appartement appartient à un ancien commerçant de 71 ans, Jean-Pierre Discazeaux, il serait en revanche loué depuis 2003 à Emmanuelle Hauck, qui n’est autre que l’ex-femme d’un certain Michel Ferracci, lié à la mafia corse. Celui-ci, bien connu des services de police français, a d’ailleurs été condamné en novembre 2013 par la justice pour «abus de confiance», dans l’affaire du Cercle Wagram, qui impliquait justement la mafia de l’île de Beauté. Pire, Emmanuelle Hauck, qui prêtait donc son appartement à Julie Gayet, était devenue la compagne depuis 2012 d’un autre personnage corse sulfureux, François Masini, tué par balles le 31 mai 2013. Elle aurait d’ailleurs été interrogée à trois reprises par la police en qualité de témoin. Des faits qui soulèvent des questions sur les capacités du GSPR, censé assurer la protection du président de la République, à vérifier les lieux où se rendait François Hollande.
Côté politique, les réactions n’ont pas manqué, même si elles sont restées prudentes. Si, à gauche, dans le Parti socialiste, on préfère aborder le sujet par le biais du respect de la vie privée auquel tout citoyen a droit, d’autres ont été moins tendres avec François Hollande. Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, avec sa verve habituelle, a lâché une petite phrase ironique sur son blog: «Au moins, on sait pourquoi il a toujours l’air ravi», avant d’effacer ses propos et de regretter, plus tard, que François Hollande ne soit pas «plus habité par la fonction présidentielle». La charge la plus frontale est venue de Jean-François Copé, président de l’UMP, dimanche sur France 5. Il a estimé que cette affaire était «désastreuse pour l’image de la fonction présidentielle». «Quand on fait la liste des “moi président” qu’il nous avait assénés, avec rétrospectivement beaucoup de prétention», durant la campagne présidentielle, «il ne reste plus grand-chose de tout cela et c’est la fonction présidentielle qui est profondément atteinte», a-t-il jugé.
Reste à savoir si cette affaire aura des conséquences durables sur le chef de l’Etat. Des sondages révèlent que pour l’heure, les Français n’ont pas changé d’avis sur François Hollande, déjà très impopulaire. A l’international, la presse, notamment britannique, se gausse de ce nouvel impair − avéré ou non − du président français, déjà souvent moqué depuis le début de son mandat pour d’autres raisons.
Quant au principal intéressé, il devait s’exprimer lors de sa conférence de presse de la rentrée. Alors qu’il était attendu sur des sujets autrement plus importants, comme la fiscalité ou l’emploi, les révélations de Closer sont tombées au plus mauvais moment…
Jenny Saleh
Qui est Julie Gayet?
L’actrice de 41 ans, qui se retrouve au centre de l’affaire Closer, a déjà tourné dans une
cinquantaine de films. Personnalité discrète que l’on n’a pas l’habitude de retrouver à la Une des magazines à scandales, Julie Gayet est aussi une femme résolument engagée à gauche. Militante très investie, sur les traces de son père médecin, l’actrice aurait déjà participé à la campagne présidentielle de Ségolène Royal, en 2007. Ironie du sort, puisque
Ségolène n’est autre que l’ex-compagne de François Hollande… Gayet récidive en 2012 en entrant dans l’équipe élargie de François Hollande lors de sa campagne. A l’époque, elle s’était d’ailleurs livrée, sur une vidéo, à des propos dithyrambiques sur son candidat, vantant ses qualités et ses programmes. La fascination du pouvoir, peut-être…
Trierweiler hospitalisée
Première victime directe de l’affaire Closer, la compagne officielle de François Hollande, Valérie Trierweiler. Sans doute sonnée par ces révélations, la journaliste est hospitalisée depuis vendredi, officiellement pour une cure de repos de dix jours et pour subir des
examens, selon son conseiller Patrice
Biancone. Frédéric Gershel, journaliste au Parisien, qui a pu parler à Valérie Trierweiler, révèle que celle-ci «sait qu’une clarification est nécessaire». Selon des proches, elle «n’ignorait rien des rumeurs qui couraient dans Paris depuis des semaines. Elle a simplement voulu croire qu’elles étaient fausses». Le Parisien révèle également que François Hollande se serait chargé lui-même «de confirmer la mauvaise nouvelle à sa
scompagne», le jeudi précédant la parution de Closer. Quant à leur avenir commun, le flou restait de mise à l’heure où nous écrivions.