Très peu d’informations filtrent sur le voyage à Rome du leader du CPL qui a quitté Beyrouth dimanche dernier. Est-il seulement question de discussions avec des responsables du Vatican sur la situation des chrétiens d’Orient?
Lundi matin, le bureau d’information du président du Bloc parlementaire du Changement et de la Réforme a publié un communiqué cinglant, signé de la main du général Michel Aoun. «Certains médias ont rapporté, en citant ce qu’ils ont appelé des sources ou des proches de Rabié, des bruits concernant la visite du général Michel Aoun à Rome. Nous disons qu’il n’y a pas de sources ou de cercles à Rabié, ni de près, ni de loin. Lorsque le général veut s’exprimer ou annoncer quelque chose, il le fait en personne ou par un communiqué officiel, non à travers des fuites ou des rumeurs, fausses pour la plupart». Le communiqué s’achève par ces mots: «Bien que nous respections le travail des médias dans leur quête d’informations, nous leur demandons d’avoir du tact et de ne pas se cacher derrière des sources pour donner une certaine crédibilité à des échos pour les faire passer pour des informations».
Cette mise au point intervient en réaction aux bruits de couloir diffusés, ces derniers jours dans la presse nationale, sur le programme du leader du Courant patriotique libre (CPL) à Rome. Les informations livrées sur le sujet par les médias proches du parti sont liminaires. Ce voyage intervient en pleine discussion sur la formation du futur gouvernement. Quelques heures avant son départ pour l’Europe, l’élu du Kesrouan s’est entretenu avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sur ce dossier. Certains cadres du CPL n’hésitent pas à se dire étonnés. «Cette visite était une surprise pour tout le monde», indiquait l’ancien ministre Mario Aoun ce lundi. «Personne ne sait ni qui va le recevoir, ni qui il va rencontrer». Le lendemain, le député de Jbeil, Simon Abi Ramia, déclare: «S’il rencontrait le pape François ou s’il avait d’autres rencontres, alors celles-ci seraient rendues publiques. Si le général et ses interlocuteurs veulent que leur rencontre soit gardée secrète, alors nous la garderions secrète».
Déclarations qui éclairent d’un jour nouveau les informations rapportant que Michel Aoun a rencontré au Vatican plusieurs responsables du Saint-Siège, rencontres qui pourraient être couronnées par une entrevue avec le pape François. Dans ses bagages, disent ces sources, le leader du CPL a emporté celui de la situation des chrétiens au Liban et dans la région à la période actuelle. D’autres échos laissent à penser que la situation au Liban en général, et la question des élections présidentielles en particulier, pourraient être au menu de ces discussions, histoire de relayer la nécessité de les tenir dans les délais prévus par la Constitution. Sur la base de ces indiscrétions, s’est greffée une autre possibilité, celle d’une rencontre entre le général et le leader du Courant du futur, Saad Hariri. Selon certaines sources, des contacts au sein des deux partis auraient été entrepris pour permettre sa tenue à Paris. Une éventualité qui se base surtout sur la proximité géographique entre la France et l’Italie, puis sur la stratégie d’ouverture, décidée et amorcée depuis plusieurs semaines par le CPL envers l’ensemble des partis politiques du pays, que les mauvaises langues n’hésitent pas à relier aux élections présidentielles.
Le flou qui entoure cette visite ne fait qu’alimenter ces dérivatifs.
Julien Abi Ramia
Sandri à Beyrouth
Vendredi 10 janvier, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales auprès du Vatican, reçu par le nonce apostolique, Gabriele Caccia, à l’Aéroport international de Beyrouth, a atterri au Liban, en provenance de Rome, pour une visite de trois jours. Après avoir rencontré le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, avec lequel il a abordé «la situation générale au Moyen-Orient et la contribution du
Saint-Siège et des Eglises orientales qui peut favoriser le maintien de la présence
chrétienne au Moyen Orient», selon le
communiqué officiel, le cardinal a été reçu à Baabda par le président Sleiman. Au terme de cette rencontre, Sandri a exprimé «l’attachement du Saint-Siège à la stabilité du Liban et à l’unité nationale».