Bkerké soutient les choix de Sleiman
Le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, a assuré au président Michel Sleiman, lors de leur récente rencontre, qu’il pouvait compter sur l’appui du patriarcat quelle que soit la décision prise concernant la mise sur pied du gouvernement. Le prélat maronite étant convaincu que toute démarche entreprise par la présidence de la République doit être consolidée et soutenue par les instances et leaders chrétiens. Quant aux déclarations du patriarche au sujet du cabinet neutre, elles visaient juste à transmettre les appréhensions de certaines forces politiques, appréhensions que le prélat ne partage pas. Mais, indiquent des sources, les prises de position de quelques évêques, proches de Bkerké, n’ont pas manqué de susciter étonnement et questionnement… Certains parmi eux ont été jusqu’à déclarer à la télévision que tous ces remous relatifs au gouvernement ne visent qu’à faire avaler la pilule de la prorogation du mandat présidentiel. Après s’être enquis de cette affaire, les milieux de Baabda ont compris que ces rumeurs sont le fait de parties politiques et non du siège patriarcal.
Le 8 mars, prochaine cible?
Un parlementaire du 8 mars avoue craindre que les leaders de sa coalition soient des cibles privilégiées pour les terroristes, au cours de la prochaine étape. Surtout que les takfiristes ne cherchent pas à dissimuler leur aversion envers cette coalition, l’accusant d’être à la solde du régime Assad. Plusieurs personnalités du 8 mars ont donc pris leurs précautions, surtout après les deux dernières explosions, et la propagation d’infos faisant état de la circulation en ville de plusieurs véhicules piégés. Des délégations diplomatiques ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter les grands hôtels et les centres commerciaux, pendant cette période.
Arslan interprète la Constitution
Des personnalités libanaises, proches du régime syrien, orchestrent des campagnes de dénigrement contre le président libanais, Michel Sleiman, en avançant souvent des opinions dénuées de sens et de bon sens. Le député Talal Arslan a ainsi déclaré que si jamais le chef de l’Etat signait le décret de formation d’un gouvernement impartial, il accomplirait un acte anticonstitutionnel. Arslan n’a pas pris la peine de préciser à quelle clause il se référait pour bâtir son jugement. Il a même été plus loin en disant que la position du président deviendrait de ce fait anticonstitutionnelle et que l’on pourra, dans un tel cas, présenter un recours en invalidation du mandat présidentiel restant!
Hariri-Aoun: la non-rencontre
L’ex-Premier ministre, Saad Hariri, n’a rencontré le général Michel Aoun ni à Rome, ni à Paris, comme l’ont laissé entendre les milieux du 8 mars. Toute réunion entre les deux hommes, avancent les proches du président Hariri, doit être précédée par des éclaircissements de la part du général qui n’arrête pas de lancer des accusations contre l’ex-Premier ministre. Une rencontre est inutile tant que le chef du Courant patriotique libre (CPL) n’a pas défini ses options malgré la tiédeur qui caractérise ses relations avec ses alliés du 8 mars. «Il ne sert à rien, confie un député du Moustaqbal, que les réunions entre les délégations du Tayyar et du Moustaqbal se poursuivent, en l’absence d’une perspective d’aboutissement à de quelconques résultats».
Riyad et la marge de manœuvre du 14 mars
Le rôle imputé à l’Arabie saoudite dans le dossier gouvernemental libanais est exagéré. La réalité, révélée par des sources libanaises proches de Riyad, est que le royaume n’exerce aucune pression sur ses alliés, sans toutefois être totalement détaché ou peu intéressé par le dossier libanais, et sans vouloir laisser la voie libre à l’Iran. La position saoudienne se résume comme suit: laisser une marge de manœuvre et un pouvoir de décision au 14 mars. L’Arabie n’a aucune objection à ce que les composantes de cette coalition décident de participer au gouvernement, sans intervenir pour les encourager à le faire. Si ses alliés refusent de siéger autour de la table du Conseil des ministres aux côtés du Hezbollah, là aussi elle ne s’ingèrera pas dans leurs affaires.
Les chrétiens marginalisés
Les forces chrétiennes principales du 14 et du 8 mars n’ont aucune influence sur le cours des choses. Leur rôle se limite à réagir à tout accord construit, dans ses lignes principales, sans leur participation. Les acteurs du jeu politique, en période de conflit tout comme en période de règlement, sont essentiellement les communautés chiite et sunnite. Et plus particulièrement le Moustaqbal et le Hezbollah. Les chrétiens marginalisés font du hors-piste et la marge de manœuvre qui leur est accordée est bien étroite. Ils sont cantonnés à l’acceptation ou au rejet des arrangements gouvernementaux conclus sans eux. C’est ce qu’ont remarqué des milieux proches de Bkerké qui craignent que cet état de fait ne s’applique à l’élection présidentielle et que le futur président consensuel soit le résultat d’une entente sunnite-chiite.
Les Kataëb aux agapes iraniennes
Le représentant du président Amine Gemayel, Sejaan Azzi, est l’unique personnalité du 14 mars qui a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jawad Zarif, dans le cadre du dîner donné par l’ambassade d’Iran à l’hôtel Phoenicia. Le président Gemayel, comme on le sait, est en contact avec les Iraniens qui lui ont adressé une invitation officielle à Téhéran. Mais la visite reste tributaire d’un rendez-vous avec le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, que le président Nabih Berry avait rencontré.
Les modalités de l’aide à l’armée
Cap sur Paris pour le commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, qui a emporté dans ses bagages une liste détaillée des besoins de la troupe. Une source française révèle que l’aide d’une valeur de trois milliards de dollars offerte par l’Arabie saoudite à l’Armée libanaise via Paris pourrait commencer à être concrétisée dans un mois. Par ailleurs, une délégation française est attendue à Beyrouth au cours des prochaines semaines pour des pourparlers avec diverses instances, en insistant sur la nécessité de la protection des institutions publiques, et notamment la présidence de la République. Les tractations avec le commandement de l’armée porteront sur les modalités d’exécution de l’accord franco-saoudien.
Joumblatt chez les Iraniens
Le député Walid Joumblatt parachève sa stratégie tranquille de rapprochement des forces du 8 mars, suivant un plan précis visant à améliorer l’environnement pour la transmission du leadership joumblattiste à Taymour, selon une source de la Montagne. L’image du leader druze près du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jawad Zarif, au dîner du Phoenicia, a conféré à Moukhtara comme une place prépondérante sur l’échiquier régional. Ce qui va l’aider à se repositionner sur le dossier syrien, surtout après la consigne donnée, il y a quelque temps, par Joumblatt à ses proches les mettant en garde contre la poursuite des contacts avec les chefs de l’opposition en Syrie. Si le député du Chouf est entré dans le cadre iranien, c’est à la suite des conseils de son ami Jeffrey (Feltman), actuellement considéré l’antenne de la politique internationale de Joumblatt. Des journalistes ont rapporté que, lors de ce fameux dîner, l’ex-député Wiam Wahhab aurait envoyé un petit billet à Joumblatt portant le commentaire suivant. «Cela vous va bien de présider l’axe de la Résistance». Ce dernier a souri avant de répondre: «Nous devons accorder la présidence à Fayçal Bey»! (l’ex-député Fayçal Daoud).
Israël recrute sur Facebook
Les Renseignements israéliens investissent encore plus de moyens dans l’espace virtuel afin de recruter des agents arabes dont des Libanais, d’après un expert sécuritaire. Les réseaux sociaux, explique-t-il, sont devenus un outil d’espionnage et d’enrôlement d’espions. Certains des agents, qui ont été arrêtés, seraient tombés dans le piège via ces réseaux. Les Israéliens, poursuit l’expert, ont créé des unités de combat dans l’espace virtuel pour assurer leur sécurité cybernétique et élargir leur champ de manœuvre. Ainsi, ces unités ont-elles pu infiltrer les réseaux de communication dans nombre de pays arabes, africains et asiatiques, pour surveiller les citoyens des pays islamiques qui y travaillent. Les tentatives secrètes israéliennes d’embauche de Libanais en Côte d’Ivoire, révélées par certains rapports, sont réelles. D’ailleurs, la plupart des agents libanais appréhendés auraient été contactés à l’étranger. Des sociétés israéliennes avaient publié des encarts publicitaires d’offres d’emplois sur Facebook en Côte d’Ivoire s’adressant aux arabophones qui ont l’accent libanais.
Terroristes, les Ikhwan d’Egypte?
Quel rôle pour les Ikhwan au Liban après la décision du gouvernement égyptien d’interdire leurs activités politiques et de les considérer comme un mouvement terroriste? La Jamaa islamia, branche libanaise du mouvement international des Ikhwan, présidée par son «guide spirituel» à partir du Caire, avait pris parti pour l’organisation mère égyptienne contre le gouvernement en place.
Les sources politiques signalent que Le Caire pourrait prochainement demander à la Ligue arabe, à l’Organisation du congrès islamique, et à l’Interpol de soutenir le gouvernement dans sa lutte contre le terrorisme téléguidé par le commandement des Ikhwan à partir d’Istanbul, Beyrouth, Londres, Gaza, Tripoli (Libye) et Tunis contre le pouvoir, l’armée et les institutions de la République égyptienne. Une requête de ce genre pourrait contraindre le gouvernement libanais à assumer ses responsabilités face à l’activité des Ikhwan en Egypte. La justice égyptienne a entamé, il y a quelques jours, l’examen du décret du gouvernement el-Beblaoui qui inscrit les Ikhwan sur la liste des mouvements terroristes.
Député jordanien controversé
La querelle entre un citoyen libanais du village de Marj dans la Békaa-Ouest et le député jordanien, Mohammad el-Dawaïmé à Chtaura, sur fond de priorité de passage, n’est pas passée inaperçue. Les commentaires sur les réseaux sociaux jordaniens se sont multipliés, indiquant que Dawaïmé prétend être le président de la Commission de l’Energie et des Ressources au Parlement jordanien, ce qui n’est pas vrai. «Ce député, ont indiqué certains Jordaniens, est une honte pour notre pays», dénonçant la visite de félicitations qu’il avait effectuée à Shimon Peres à l’occasion de l’anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. L’homme est également accusé d’avoir touché à la contrebande de substances illicites en utilisant la voiture qui porte une plaque d’immatriculation du Parlement. Dawaïmé avait contacté l’ambassade de son pays à Beyrouth prétendant avoir été battu par le Libanais à Chtaura. L’ambassade a prévenu les Affaires étrangères libanaises qui ont transféré la plainte devant la justice.