Magazine Le Mensuel

Nº 2934 du vendredi 31 janvier 2014

HORIZONS

La Tunisie. Un pays magique et exotique

Une nouvelle Constitution est votée, lundi, dans le «berceau du Printemps arabe». Un texte historique qui sortira la Tunisie de sa crise politique. En attendant qu’elle entre en vigueur, Magazine vous invite à un petit tour dans le Pays des citronniers, des orangers et du jasmin, pays de la mosaïque, de la poterie et de la faïence, pays des médinas, des hammams et des souks, pays des marchandises chatoyantes et des épices odorantes… Un univers magique, exotique, qui vaut le détour.

Le caractère propre des Tunisiens, leur cosmopolitisme, leur tolérance, leur sens de l’hospitalité font que la Tunisie est un pays où il fait bon se rendre. Du hammam au café, des plages, aux centres de remise en forme, des souks aux médinas, les occasions de jouir de ce pays sont innombrables. Ne vous laissez surtout pas intimider par les islamistes. Certes, leur physique est impressionnant avec leurs grosses barbes, leurs djellabas blanches et leurs regards sévères, mais ça s’arrête là. Ils feront la tête en vous voyant déambuler en shorts ou en maillots, mais n’oseront pas vous importuner pour autant, la femme en Tunisie ayant des droits que même le nouveau régime n’a pas pu lui reprendre. En effet, le statut des femmes dans la société et la place qu’elles occupent sont d’un intérêt majeur. Ce pays constitue à cet égard un cas exemplaire, peut-être le seul dans son genre dans les sociétés arabo-musulmanes, du fait des législations libératrices pour lesquelles les femmes ont lutté et continuent à le faire. Les Tunisiens étant affables et hospitaliers, ils vous accueilleront partout avec de petits bouquets de jasmins du pays à l’odeur enivrante, très particulière. Sur les 162 155 km2 de la Tunisie, focus sur Sousse, Hammamet, Carthage, Sidi Bou Saïd, en passant par Tunis et ses alentours.
De par sa situation géographique, la Tunisie, qui pointe d’un côté vers l’Italie et plonge d’autre part ses racines dans les profondeurs du Sahara, constitue un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, l’Orient et l’Occident. Elle a été le centre de l’empire de Carthage, dont certaines traditions populaires perpétuent l’héritage, et une brillante province romaine dont subsistent des ruines impressionnantes et de somptueux tableaux de mosaïque. Des monuments historiques témoignent des premiers siècles de la civilisation arabo-islamique. Longtemps province de l’Empire ottoman, elle a reçu des influences turques. Au fil du temps, Andalous, juifs sépharades, Italiens et Maltais y ont trouvé une terre d’accueil et ont enrichi la culture tunisienne de toutes les facettes de la Méditerranée. Par exemple, les colonnes des Grandes mosquées de Tunis proviennent des ruines romaines. Les carreaux de faïence combinent les techniques des artisans andalous aux motifs turcs et italiens. La feuille de brik est l’héritière du borek turc. Le pain tabouna, galette cuite sur les parois d’un four en terre, était déjà fabriqué par les Carthaginois. Les marionnettes et les poupées de sucre, originaires de Sicile, appartiennent désormais à la tradition populaire tunisienne. Sans oublier le lointain patrimoine berbère qui perdure dans les tissages, les tatouages et les habitations du Sud. L’artisanat tunisien a donc puisé de différentes sources. Les potiers façonnent d’énormes jarres, des bols, des assiettes, des vases emmaillés. Nabeul est l’un des centres majeurs de la production de poteries. On y trouve des poteries poreuses non vernissées pour le rafraîchissement de l’eau et la conservation des aliments, la poterie culinaire rouge, de la céramique vernissée utilitaire ou décorative, de la céramique émaillée…
La fabrication des tapis est également l’une des spécificités de cet artisanat. En effet, le tissage manuel, activité millénaire et exclusivité féminine, n’a rien perdu de sa vitalité et la production annuelle de tapis se compte en centaines de milliers de kilomètres. Le klim est le tapis orné de rayures unies, le mergoum est celui où alternent rayures unies et bandes à décors géométriques et le zarbiy est le tapis à points noués. Les prix des articles d’artisanat sont libres et marchander est de rigueur. Les articles en or ou en argent sont marqués d’un poinçon, les tapis portent une étiquette de contrôle qui certifie leur qualité et leur texture.
Tunis, la ville chargée d’histoire
Tunis séduit par son charme méditerranéen, son centre historique et ses anciens quartiers européens aux styles architecturaux mélangés. Passage obligé, la médina. Autour de l’avenue Bourguiba, bordée d’immeubles 1930, on y pénètre par Bab-el-Bahr. On flâne entre les anciennes boutiques, les terrasses des cafés et de belles demeures anciennes converties en espaces culturels et en restaurants gastronomiques. Dans la médina, à laquelle on accède par une immense porte en bois, on est propulsé dans des souks, à l’emplacement immuable depuis des siècles occupant le centre de la médina autour de la Grande mosquée, un des édifices religieux les plus importants de Tunis. Des souks couverts de voûtes en briques, de hautes fenêtres garnies de volutes en fer forgé, de petites ruelles et de passages voûtés, de patios ornés de faïence. Les souks sont exubérants, ils sont constitués d’échoppes étroites et profondes. On y trouve toutes sortes de marchandises: des tissus chatoyants, des babouches colorées, des épices odorantes, d’anciens objets typiques du pays… Quelques maisons anciennes qui, de dehors, ne paient pas de mine, ont été transformées en restaurants raffinés. On y déguste, sous des voûtes et entre des murs décorés de faïence et de dentelle de stuc, une fine cuisine locale. Des mosquées décorées de tuiles, des hammams anciens toujours fonctionnels… Aucune maison d’habitation n’existe dans cette zone essentiellement publique et commerciale. C’est l’une des plus vastes médinas du pays et a été classée par l’Unesco au Patrimoine de l’humanité.

 

Sidi Bou Saïd, Carthage, 
Hammamet et Sousse
n Sidi Bou Saïd est le village des artistes et des romanciers, mais aussi des chefs d’Etat et de gouvernement. Premier site protégé au monde, tout en bleu et blanc, il est surnommé «le petit paradis blanc et bleu». C’est le plus beau, le plus pittoresque des villages de la région. Surplombant un magnifique port, Sidi Bou Saïd est réputé pour ses maisons d’une blancheur éclatante, recouvertes de chaux et ornées de moucharabiehs, ses portes cloutées qui s’ouvrent sur des patios et des jardins tapissés de céramiques et plantés de bougainvilliers. Des cafés sont disséminés ça et là. On entre dans ce village par des ruelles pavées, escarpées, sinueuses et on le découvre en musardant à pied au hasard des ruelles où se lotissent de petites échoppes artisanales. Vous pouvez accéder aux plages sablonneuses qui s’étendent au pied du village par un très long escalier en pierre qui vous jette littéralement dans l’eau.
n Fondée par les Phéniciens, Carthage a été l’une des plus grandes cités du monde antique. Du passé légendaire, il reste un site grandiose et des ruines impressionnantes de beauté, isolées au milieu de la verdure parmi des villas somptueuses parsemées autour du palais présidentiel. Il comprend, entre autres, les thermes d’Antonin, l’un des monuments les plus spectaculaires des lieux; les villas romaines, un ensemble d’édifices qui témoigne de l’urbanisme et du mode de vie des citoyens de Carthage; le quartier de Byrsa, qui confirme l’immensité des destructions qu’a subies la cité; le musée de Carthage, Byrsa; le Tophet, sanctuaire de Tanit et Baal Hammon, le plus ancien lieu de culte punique de Carthage; l’édifice à colonnes; le musée paléochrétien; le théâtre qui abrite le très célèbre festival international de Carthage; la basilique de Damous el-Karita…
 
Son climat doux et ensoleillé, ainsi que ses longues plages le long de la mer Méditerranée font de Hammamet une station balnéaire de plus en plus courue. C’est la première station balnéaire tunisienne et la plus prisée. Des villas avec de fabuleux jardins, des hôtels somptueux ou pittoresques, des kilomètres de plages au sable fin. La médina est protégée par une muraille blanche. Un décor de rêve, des rues sinueuses bordées de maisons blanchies à la chaux et aux volets bleus, des patios admirables, une série de cafés d’où on peut voir simultanément le soleil se coucher et la lune se lever. Des boutiques vendant des objets traditionnels du pays. Inévitable, le restaurant Barberousse et son bar à vin juché sur les remparts du fort avec une vue imprenable sur la mer de Hammamet. Spécialités: poissons frais, cuisine locale et méditerranéenne. Une excellente sélection de vins de Tunisie et d’ailleurs.
n Sousse est une ville moderne aux larges avenues rectilignes d’allure européenne. Elle se déploie autour de la médina entourée de forts et de remparts. Cette médina rappelle le passé médiéval de la ville qui fut un centre de propagation de l’islam en même temps qu’une place forte destinée à protéger le littoral contre les incursions chrétiennes. Elle a été classée par l’Unesco Patrimoine de l’humanité.

Danièle Gergès

Le musée du Bardo
Le Musée national du Bardo, inauguré en 1888, est installé dans les anciens appartements du Palais des beys de Tunis. Chef-d’œuvre de l’architecture husseinite du XIXe siècle, il a été converti, en 1885, en musée des antiquités nationales. Cet ancien palais beylical se 
compose du palais officiel, maintenant annexe de l’Assemblée nationale, et de la résidence privée du Bey qui abrite le musée archéologique. Avant d’entrer au musée, on tombe sur les vestiges d’un bastion de l’ancienne muraille, le Bardo ayant été une véritable cité avec son souk, son hammam, sa mosquée, ses casernes, ses résidences… Avec un millier d’œuvres exposées, le Bardo est le premier musée de mosaïques au monde. Dans ce haut lieu, classé monument historique, se côtoient les traditions mauresques et les apports italianisants, attestés par le répertoire décoratif des espaces nobles en stuc, en 
panneaux de céramique et en bois doré et peint.

Infos pratiques
Les Libanais ont besoin d’un visa pour se rendre en Tunisie.
La monnaie est le dinar tunisien (1 dinar équivaut à 1 000 livres libanaises). Les cartes de crédit sont acceptées.
Aucun vaccin n’est exigé.
Climat méditerranéen le long des côtes et aride au sud.
La location de voiture se fait à l’aéroport même. Le réseau routier est d’excellente qualité, la signalisation routière est bilingue et le 
carburant bon marché. Les transports publics sont en bon état et peu onéreux. Les taxis sont équipés de compteurs.
Il n’existe aucun interdit vestimentaire. Cependant, par respect, il vaut mieux éviter les tenues osées et provocantes dans les 
restaurants, les musées, les monuments 
religieux… Très rares sont les restaurants qui refusent d’offrir de l’alcool.
Fermeture des musées nationaux: les lundis.

Related

Innovation. L’ESA anticipe les attentes des générations

Little Arabia en Californie. Le monde arabe de Los Angeles

Libanais à Paris. «Il ne faut pas céder à la peur»

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.