Du 21 février au 9 mars, Alain Plisson présente, au théâtre Tournesol, la pièce Volpone du dramaturge britannique Ben Jonson, avec son groupe de comédiens amateurs, au profit d’associations de bienfaisance.
Avec chaque nouvelle pièce, Alain Plisson se lance dans une aventure, une belle aventure, avec ses difficultés et ses moments de joie, une aventure dont il ne connaît pas l’issue: l’accueil que lui réservera le public. Même si, actuellement, le théâtre au Liban s’éloigne de plus en plus de cet esprit aventureux, préférant se positionner dans l’acquis, dans la facilité, Alain Plisson, lui, garde toujours cet esprit amoureux du théâtre, du vrai théâtre et de sa mission principale de communication.
A chaque fois, il espère communiquer avec son public, et que ce dernier portera «extra muros» la communication entre salle et scène une fois la pièce terminée. Et c’est ce qui conditionne à chaque fois le choix des spectacles qu’il met en scène. Cette fois-ci, il s’est tourné vers Volpone de Ben Jonson, dramaturge britannique, «concurrent direct de Shakespeare» et qui, même s’il n’est pas largement connu auprès du public lambda, il l’est énormément dans les milieux du théâtre. D’ailleurs, se rappelle Alain Plisson, «la version arabe de Volpone a été l’un des plus grands succès du théâtre libanais, Le3bet el khetyar, mise en scène par Raymond Gebara et interprétée par la crème des acteurs libanais. Ça a été un triomphe, les gens s’arrachaient les places».
Eternellement actuelle
Venise, 1606. Volpone, riche levantin, amateur de bonne chère et de femmes, assisté de son âme damnée, Mosca, a trouvé un moyen astucieux pour s’enrichir encore plus; il feint d’être mourant. Le notaire Voltore, le négociant Corvino et l’usurier Corbaccio convoitent son héritage et le couvrent de cadeaux. Après de nombreux complots et jeux de dupes, cette machination va évoluer d’une façon loufoque et baroque à la fois, et va se terminer d’une manière inattendue.
Alain Plisson a décidé de garder la pièce dans son contexte initial, de lui rester fidèle, sans rien y changer, car «elle est tellement bien écrite et les situations si cocasses». Axée sur un thème éternel: le pouvoir corrupteur de l’argent, c’est «une pièce qui ne se démode jamais, qui parle à tous les publics de tous les temps, sinon elle n’aurait pas vécu depuis 1606 jusqu’à nos jours, à travers des interprétations multiples dans des genres très différents», pièces, films, téléfilms, opéras, comédies musicales… «Sous des apparences de comédie légère, Volpone a un fond très noir, très cruel, ajoute Plisson. Elle dépeint les êtres humains sous leur aspect le plus sordide. La partie satirique est très drôle et la partie critique très cruelle; deux aspects qui sont aussi intéressants l’un que l’autre». Une dualité bien serrée entre ces deux côtés qui implique «un équilibre à maintenir sur scène, de manière à ne pas le rompre, pour ne verser ni dans le drame ni dans la bouffonnerie».
Depuis fin octobre, Alain Plisson et sa troupe s’activent à la préparation du spectacle. «Une expérience mouvementée», explique-t-il, avec la difficulté éprouvante de trouver les acteurs, une grande partie de ceux qui l’accompagnent généralement, mais aussi de nouveaux visages, de les réunir, de répéter en essayant de maintenir l’équilibre entre les aspects comique et cruel de la pièce, dans un climat général de tension et d’angoisse. Tout en s’occupant des moindres détails: l’éclairage pour suggérer les changements d’espaces scéniques, les costumes d’époque auxquels il accorde une très grande attention, le décor simplifié mais étudié pour créer une illusion de richesse, la conception musicale… «Tout s’imbrique dans le théâtre et tout doit trouver sa place normalement dans le spectacle, sinon on tombe dans l’artifice du show-off». Et Alain Plisson de préciser que la principale difficulté à laquelle fait face actuellement le théâtre au Liban, c’est le théâtre en lui-même: «Malheureusement, le public n’a plus la même ouverture sur le théâtre. Actuellement, les gens vont au théâtre pour rigoler et se divertir et une fois sortis, tout est oublié tant c’est sans importance, même si parfois il y a des pièces très intéressantes, mais qui ne sont pas suffisamment éclairées. C’est normal qu’il y ait un théâtre du divertissement, mais il finit par tout bouffer au Liban. On va vers la facilité, c’est ce qui est triste et regrettable».
Volpone, c’est du 21 février au 9 mars, au théâtre Tournesol, à 20h30, avec Jean-Elie Ged, Robert Arab, Etienne Kupélian, Philippe Fayad, Alain Plisson, Natacha Antonellou Achcar, Denise Chéhab, Cyril Jabre, Laurent Kupélian et Jacques Mokhbat.
Nayla Rached
Billets en vente à la Librairie Antoine.