L’arrestation par l’Armée libanaise de l’un des terroristes les plus recherchés, Naïm Abbas, mercredi, intervient alors que des rapports sécuritaires troublants, parfois contradictoires, font état d’une dégradation de la situation au Liban. Magazine enquête.
Une nouvelle fois, l’Armée libanaise a frappé un grand coup contre la nébuleuse responsable de la plupart des attaques terroristes perpétrées au Liban ces derniers mois. Lors d’une opération digne des films d’espionnage, les services de renseignement militaires ont arrêté, mercredi, à Beyrouth, le dénommé Naïm Abbas, dont le nom a été cité dans les aveux du cheikh Omar el-Atrache.
Naïm Abbas, un Palestinien né en 1970, serait le cerveau de plusieurs attentats terroristes commis ces dernières semaines dans la banlieue sud de Beyrouth, et aurait joué un rôle de premier plan dans l’assassinat, en 2008, du général François el-Hage, chef de la chambre d’opération de l’Armée libanaise.
Ancien membre du Jihad islamique, il avait été arrêté pour son implication dans des tirs de roquettes contre le territoire israélien, dans la seconde moitié des années 90. Après sa sortie de prison, il s’est rapproché des mouvements extrémistes, jusqu’à devenir l’une des personnes les plus influentes et les plus actives dans cette mouvance.
L’interrogatoire de Naïm Abbas a permis d’éviter un nouveau drame dans la banlieue sud de Beyrouth. Il a révélé l’existence d’une voiture piégée dans un garage de la région de Mazraa, à Beyrouth. Les fouilles ont permis de découvrir le véhicule piégé avec 100 kilogrammes d’explosifs.
Dans ce contexte, des sources de sécurité indiquent que le Hezbollah aurait adopté un nouveau plan visant à démanteler des cellules terroristes radicales opérant au Liban. Le parti aurait déjà localisé l’emplacement de certaines cellules dormantes et en aurait informé les services de renseignement de l’armée. «Cette pratique est assez courante, les services de renseignement de l’Armée libanaise ont pour habitude d’échanger des renseignements sécuritaires avec le Hezbollah», explique un officier de l’armée commentant l’information à Magazine sous couvert d’anonymat.
L’officier signale que les services de renseignement seraient à la poursuite de divers individus suspectés d’activités terroristes. Certains se trouveraient dans la vallée de la Békaa, d’autres au Liban-Sud, dans les environs des camps palestiniens. «Nous surveillons également de près un jeune homme de Majdel Anjar qui, comme le cheikh Omar el-Atrache, serait d’apparence modérée et qui gérerait une cellule radicale à partir de la Békaa», rapporte à Magazine un officier de l’armée appartenant à la brigade du contre-terrorisme. L’armée serait également à la recherche d’un certain nombre de partisans du cheikh Ahmad el-Assir toujours en fuite. Le cheikh Assir s’était fait remarquer en attaquant, l’été passé, l’Armée libanaise dans le secteur de Abra, à Saïda. Une source palestinienne affirme qu’un certain nombre de ses supporters auraient passé une période de temps dans le camp de Aïn el-Heloué, auprès des nouvelles cellules radicales en relation avec Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda.
Par ailleurs, de nombreuses rumeurs et contre-rumeurs ont circulé dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon l’agence de presse iranienne Irna, un réseau terroriste dépendant de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) aurait été découvert dans le secteur sud de Beyrouth. Il serait dirigé par les services de renseignement saoudiens. «Cette information a toutefois été démentie par l’armée», signale l’officier.
Les enquêtes préliminaires menées par la Direction des services de renseignement de l’armée ont également confirmé l’implication du dénommé Nawaf el-Hussein, un collaborateur de Omar el-Atrache, dans plusieurs attentats. Hussein serait originaire du village de Jlala, dans la Békaa, assure l’officier de l’armée. Il aurait été impliqué dans le transfert des voitures piégées utilisées dans des attentats.
Les services de renseignement de l’armée seraient toujours à la poursuite des collaborateurs de Hussein et Atrache qui leur auraient apporté un soutien logistique et technique et assuré le transfert des véhicules piégés.
Mona Alami
Les barrages du Hezbollah à Hermel
Des sources proches du quotidien al-Joumhouriya ont révélé que l’armée a refusé d’accéder à la demande du Hezbollah de permettre à ses partisans d’établir des barrages dans la ville du Hermel. Des partisans du parti ont organisé un sit-in devant l’entrée de la ville, afin de demander l’établissement de barrages, après les attentats suicide qui ont frappé la région tout récemment.