Magazine Le Mensuel

Nº 2937 du vendredi 21 février 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Antiterrorisme: le facteur palestinien
Dans sa lutte sécuritaire ouverte contre le terrorisme, l’Armée libanaise réalise des performances qui ne sont pas toujours divulguées. La traque des groupes extrémistes est surtout focalisée sur le camp de Aïn el-Heloué qui constitue leur refuge principal. Le pistage de ces éléments se fait en coopération avec les mouvements palestiniens à l’intérieur du camp, comme l’expliquent des sources sécuritaires. A cet égard, les contacts sont dans l’impasse après que les Palestiniens eurent rempli leurs engagements en livrant les prévenus à la justice libanaise. Les responsables sécuritaires ont, par ailleurs, reçu des réponses «convaincantes» sur l’incapacité des mouvements palestiniens à affronter ouvertement les organisations islamistes déployées à l’intérieur du camp. D’abord parce que les résultats d’une telle confrontation ne sont pas garantis, et parce que l’OLP n’a pas pris la décision de déclencher une bataille contre les radicaux présents à Aïn el-Heloué.

 

Hezbollah: comment contourner la fitna
Pour répondre aux attentats suicide qui le ciblent, le Hezbollah prendra un supplément de mesures pour étouffer la fitna et opérer une plus grande ouverture sur les composantes politiques sunnites, d’après les informations véhiculées par ses sources. Ainsi, des réunions ont eu lieu récemment entre des leaders du Hezb et des forces salafistes libanaises, arabes et africaines dans le but de parvenir à une entente, une démarche supervisée par le secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, en personne. Le chef du Hezbollah se concentre sur la lutte contre la fitna. D’ailleurs, après l’explosion du Hermel, il avait donné des ordres clairs pour dégager la route de Laboué devant les habitants de Ersal, bien qu’il ait perçu le degré de révolte des gens du Hermel.
La réponse à l’attentat de Choueifate passe par l’attaque des terroristes à Yabroud, indiquent les sources. En parallèle, le Hezbollah a lancé un appel aux combattants sunnites libanais les invitant à se retirer du Krack des Chevaliers et à rentrer au Liban, pour éviter un surplus de tension au Nord. Tout comme la réaction aux roquettes tombées au Hermel a entraîné un recul des combattants du Front al-Nosra sur environ 200 km à l’intérieur du territoire syrien.

Tension sur l’axe Rabié-Bnechaï
Les nuages continuent à s’amonceler entre Rabié et Bnechaï. La formation du gouvernement a élargi le fossé entre le général Michel Aoun et l’ex-ministre Sleiman Frangié. Des informations sont parvenues à ce dernier, indiquant que le général est cramponné au portefeuille de l’Energie qu’il veut absolument attribuer à Gebran Bassil, et qu’il refuse fermement de l’octroyer à un autre membre du Bloc. Or, en apprenant que le chef du Bloc du Changement et de la Réforme a approuvé l’octroi de ce portefeuille à un Arménien, Frangié s’est mis en colère promettant de prendre sa revanche lors des prochaines législatives. Mais les âmes de bonne volonté s’activent pour rabibocher les deux alliés.


Bkerké: une charte tout en finesse
Bkerké a su formuler son communiqué avec beaucoup d’habileté, dit-on dans certains milieux islamiques, et d’autres nationaux arabes, particulièrement sensibles à la question de la neutralité du Liban. Les évêques ont adopté un style mitigé, comme ils l’ont fait quand ils ont mentionné la neutralité positive en abordant la cause palestinienne dans le paragraphe suivant. L’évocation de la cause palestinienne était bien trouvée, mais n’aurait-il pas fallu, se demandent ces milieux, mentionner aussi les droits humains et sociaux des réfugiés palestiniens?

La meilleure formule possible
«La meilleure formule possible en ces circonstances difficiles». C’est en ces termes que le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, a décrit le cabinet du président Tammam Salam. «Ce gouvernement n’est ni neutre, ni composé de technocrates, a-t-il poursuivi, sinon on aurait désigné un médecin à la Santé, un avocat à la Justice et ainsi de suite… C’est une équipe bien politique construite sur des équilibres délicats».
Le président de la Chambre ne pense pas que la formule est sujette à implosion à tout moment, du fait qu’elle regroupe des faucons du 8 et du 14 mars, mais estime qu’elle aura moins de difficultés que la précédente à «couleur unique» présidée par Najib Mikati. Le chef du Parlement révèle qu’il compte œuvrer à l’adoption rapide d’une nouvelle loi électorale, afin que les législatives puissent être organisées à l’expiration du mandat parlementaire actuel.

La bonne étoile d’Abou Faour
Après l’éviction de l’ex-ministre des Travaux publics, Ghazi Aridi, de la scène politique, le nom du ministre de la Santé, Waël Abou Faour, très proche de Taymour Walid Joumblatt, connaît une ascension fulgurante, font remarquer les observateurs. Emissaire privilégié et exclusif de Moukhtara, c’est lui qui est chargé de communiquer avec les blocs parlementaires, les responsables et les dignitaires religieux incluant le cardinal Béchara Raï, c’est lui aussi qui a pour mission de poursuivre les contacts avec les autorités saoudiennes.

Priorité à l’armée
Pour compléter les pourparlers que le chef de l’Etat Michel Sleiman a entrepris avec le président François Hollande à Tunis, une délégation militaire française est attendue à Beyrouth, en cours de semaine, pour des conciliabules portant sur la livraison du don saoudien à l’Armée libanaise. Le président libanais avait demandé à son homologue français que les armes offertes incluent des avions, des hélicoptères et des fusées de qualité, lors de leur rencontre principalement axée sur le renforcement de l’institution militaire pour qu’elle soit en mesure de défendre le pays et de préserver sa sécurité. Le président Sleiman a perçu l’intérêt porté par la France aux préparatifs et contrats nécessaires entre Riyad, Paris et Beyrouth afin d’accélérer la livraison des armes à la troupe.

Mgr Matar honore Mikati
Déjeuner en l’honneur du président Najib Mikati donné par l’évêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, en présence de personnalités de la Ligue maronite. Le Premier ministre démissionnaire s’était rendu au siège de l’évêché pour présenter ses vœux à l’occasion de la Saint- Maron, puisqu’il était hors du pays lors de la messe officielle célébrée le 9 février. Il n’a pas manqué de faire l’éloge de la charte de Bkerké qui a eu un effet «rassembleur». Un conseiller du patriarche aurait confié à un ministre démissionnaire que le siège patriarcal n’était pas opposé au maintien du cabinet Mikati en place jusqu’à l’élection présidentielle.

 

Fronde des détenus islamistes
D’après un récent rapport, les FSI ont fait échec, la semaine passée, à un nouveau plan mis au point par les détenus islamistes du bâtiment B de la prison de Roumié. Le plan prévoyait l’occupation des autres bâtiments, notamment celui qui abrite les mineurs, afin de prendre ses résidants en otages pour négocier avec la direction de la prison les conditions de détention de certains et la libération d’autres. Après la découverte du stratagème, par les organes de surveillance, des mesures exceptionnelles ont été prises comme le blindage de toutes les portes des divers bâtiments, bloquant ainsi les passages menant au bâtiment B. Le rapport révèle que les services de sécurité ont prévenu les prisonniers islamistes qu’ils traiteront toute rébellion avec fermeté en ayant recours, s’il le faut, à l’usage de la force en cas d’invasion de la section des mineurs. Ces mêmes détenus avaient adressé des menaces à la direction, réclamant que les femmes qui viennent leur rendre visite en prison ne soient pas soumises à une quelconque fouille, même via des appareils électroniques.

Combattants libanais radicaux à Homs
L’un des motifs qui entravent la réconciliation dans le vieux Homs est la présence d’un nombre de combattants libanais, palestiniens et du Golfe encerclés par l’armée du régime depuis plus d’un an. Ces éléments reçoivent leurs directives du cheikh libanais Daï el-Islam Chahhal qui leur a intimé l’ordre de poursuivre le combat et de refuser la réconciliation. Une source sécuritaire informée indique que l’un des deux commandants qui dirigent l’opposition armée sur le front de Yabroud est libanais, et note une forte participation libanaise sur le front al-Zara – petite bourgade dans le rif de la ville de Tal-Kalakh à l’ouest de Homs, située sur les hauteurs aux alentours du Krack des Chevaliers – où le chef de guerre actuel est un libanais, ex-prisonnier du groupe Fateh el-islam, qui avait été libéré en août 2012. Trois Libanais auraient été tués à al-Zara lors d’une opération militaire exécutée par l’armée syrienne le 15 février: Dia’ el-Jarrah, Azzam Dahdouh et Abdel-Rahman el-Kaysi. D’autres Libanais avaient péri dans la même région, il s’agit de: Ali Jbeir, Jawad el-Cheikh et Radouan Hammoud. C’est là, dans ce village avoisinant Wadi al-Nassara que se déroule actuellement une rude bataille entre les soldats du régime et les combattants takfiristes.

Nagi Abi Assi prend l’initiative
Après l’annonce de la naissance du nouveau gouvernement, le représentant du secrétaire général de l’Onu, Derek Plumbley, présent à l’étranger, est entré en contact avec Nagi Abi Assi, conseiller du président Michel Sleiman pour les affaires politiques et diplomatiques, pour le féliciter de l’action diplomatique menée à l’adresse de capitales arabes et européennes en vue de solliciter la confiance internationale et régionale et assurer une couverture préalable à la formation d’un cabinet politique. Une telle démarche, de l’avis de Assi, pouvait encourager les camps en présence à arrondir les angles et c’est ce qui a finalement eu lieu, lorsque les émissaires de retour de Riyad et de Téhéran sont arrivés porteurs de messages encourageants pour la mise sur pied d’un gouvernement politique rassembleur. C’est Abi Assi, d’après un diplomate, qui est derrière cette initiative susceptible de paver la voie à l’échéance présidentielle.

L’Onu peu encline à se déployer au Nord
Le procès-verbal d’une réunion d’un haut responsable international avec l’un des cadres supérieurs d’un grand parti a été repris dans un rapport diplomatique. Durant l’entretien, la personnalité locale a dénigré les invectives successives que certains députés serinent contre l’armée, en cette période délicate, ainsi que les déclarations qui justifient implicitement les crimes terroristes. Tous ces propos sont à l’opposé des positions du président Saad Hariri, a ajouté la personnalité, qui s’affiche contre les groupes takfiristes, auteurs de ces attentats, ainsi qu’à celles des Nations unies qui condamnent clairement le terrorisme et ses adeptes. Quant au responsable onusien, poursuit le rapport, il a blâmé certains politiques qui continuent à réclamer le déploiement de forces internationales aux frontières avec la Syrie, ce qui n’est pas stipulé dans la résolution 1701. La tendance dans les grandes capitales est de mettre fin à leur présence militaire dans les régions chaudes à travers le monde, a porsuivi le diplomate. Il s’est interrogé sur un ton critique: les Libanais veulent-ils que nous engagions nos forces dans des régions militaires, pour qu’elles surveillent le passage des extrémistes et des voitures piégées? Ou bien souhaitent-ils que nous menions une guerre contre les radicaux présents à la frontière libano-syrienne, alors que les armées américaines et de l’Otan s’apprêtent à se retirer d’Afghanistan?

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