C’est un événement très attendu par les intellectuels, les universitaires et les organisations arabo-américaines. Il se tiendra à l’Arab American National Museum, à Michigan. Durant trois jours, du 4 au 6 avril prochain, les participants étudieront la construction des identités arabo-américaines, le féminisme chez les Arabes d’Amérique et les transformations des études américano-arabes.
Une fois de plus, la conférence qu’organise l’Arab American Studies Association devra susciter bien de débats et d’échanges.
Le féminisme et ses influences
Chaque trois ans, l’AASA organise un tel événement à l’Arab American National Museum. Le but: faciliter la communication et la coopération entre les chercheurs. Le comité de la conférence de cette année est composé, entre autres, des chercheurs Randa Kayali, auteure du livre The Arab Americans (The New Americans), et Matthew Jaber Stiffler, chercheur au musée, ainsi que de Pauline Homsi Vinson, qui enseigne la littérature et aborde régulièrement l’écriture autobiographique des femmes arabes, et de Rita Stephan, connue par le milieu universitaire libanais. Les domaines de recherche de Stephan incluent les Américano-Arabes et les mouvements sociaux. Tout ce monde aura l’occasion de croiser d’autres chercheurs afin d’étudier divers thèmes.
Le premier sujet qui sera à l’ordre du jour traite des deux visions historiques relatant l’histoire des Arabes aux Etats-Unis: celle d’Alixa Naff et d’Ameen Rihani. Considérée «la mère» des études arabo-américaines, Naff a créé la Collection Faris et Yamna Naff au Smithsonian Institution à Washington, DC. Une collection comprenant les entretiens oraux qu’elle a effectués avec les premières générations d’immigrés. Une ressource précieuse pour ceux qui tentent de comprendre l’histoire arabo-américaine. Quant à Rihani, il est le père fondateur de la littérature arabo-américaine et le fondateur d’Adab el-mahjar. Rihani est le premier à écrire des essais en anglais, de la poésie, ainsi que des chroniques de voyage. Selon plusieurs chercheurs, son grand roman, Le Livre de Khalid, constitue la base d’une nouvelle tendance dans la littérature arabo-américaine.
Autre sujet phare de la conférence: le féminisme arabo-américain, notamment l’impact de la littérature dans la construction du féminisme et les coalitions féministes lors des récentes révolutions arabes.
Le troisième thème aborde les artistes arabes et leurs performances. Il s’agit de comprendre aussi la représentation des Moyen-Orientaux dans la téléréalité américaine. Leur place dans l’industrie hollywoodienne.
Enfin, c’est au cours de cette conférence que les mutations touchant les constructions identitaires arabo-américaines seront scrutées. Grâce au fameux roman de Randa Jarrar, A map of home (livre traduit en douze langues et considéré l’un des meilleurs romans de 2008), ou au célèbre livre de Rabih Alameddine, The Hakawati. Quoi de mieux que les écrits de cet auteur libanais partageant son temps entre son pays d’origine et la Californie pour mieux décortiquer l’identité arabo-américaine?
Pauline Mouhanna, Etats-Unis
L’AASA en bref
Fondée en 2012, l’Arab American Studies Association regroupe des chercheurs et des personnes intéressés par l’étude arabo-
américaine: l’histoire, l’origine ethnique, la culture, la littérature, l’art, la musique, la
politique, la religion, ainsi que d’autres aspects des expériences arabo-américaines. Les objectifs de l’association sont de stimuler la recherche universitaire et de faire progresser les études sur les Arabes de la diaspora aux Etats-Unis et en Amérique du Nord.