La Crimée devient l’épicentre des oppositions qui déchirent l’Occident et la Russie, rappelant Berlin pendant la guerre froide. Se cristallisent autour de cette question toutes les passions. La péninsule disputée entre Moscou et Kiev va décider de son avenir dimanche prochain, lors d’un référendum qui posera la question du rattachement à la Russie.
Le président déchu, Victor Ianoukovitch, a expliqué que si la Crimée se détache de l’Ukraine, c’est en raison de la politique des «néofascistes» arrivés au pouvoir à Kiev. Lors de sa deuxième intervention depuis sa destitution, Ianoukovitch a assuré être «le président légitime de l’Ukraine», affirmant qu’il reviendrait bientôt à Kiev, et que l’Ukraine retrouverait vite son unité.
Sur le terrain, l’armée russe a échangé dimanche des tirs avec l’armée ukrainienne, se disputant le contrôle d’un site ukrainien en Crimée, selon l’agence Interfax. Aucune victime de ces accrochages n’a été rapportée. Selon les gardes-frontières ukrainiens, la Russie contrôle désormais onze postes-frontières en Crimée. Quelque 30 000 soldats russes, sans insignes de reconnaissance mais équipés de matériel lourd parfaitement reconnaissable, sont désormais présents dans la péninsule, toujours selon les gardes-frontières ukrainiens.
Pendant ce temps, l’Union européenne a décidé de casser sa tirelire, presque vide, se donnant des arguments pour répondre aux quinze milliards d’euros russes proposés pour sauver l’Ukraine de la faillite. La Commission européenne a pris la décision de débloquer onze milliards d’euros, en collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), donc sous conditions de réformes drastiques, et en plusieurs phases. Une première tranche, cent millions, pourrait être versée dès qu’est trouvé un accord entre le gouvernement ukrainien et le FMI.
L’accord oriental entre l’Union européenne et l’Ukraine, dont le rejet par Ianoukovitch en novembre dernier était le point de départ des manifestations, a peut-être des chances d’être relancé. «Nous sommes prêts à signer l’accord d’association», a insisté José Manuel Barroso.
Selon Bruxelles, l’accord permettrait à l’économie ukrainienne d’économiser 500 millions d’euros en frais de douane et rapporterait 400 millions aux agriculteurs ukrainiens.
Elie-Louis Tourny