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Nº 2944 du vendredi 11 avril 2014

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La Brenne. Tourisme, dépaysement et découvertes

Lorsque George Sand avait écrit à propos de la Brenne: «On se croirait loin, bien loin de la France, dans quelque désert où l’homme n’aurait point encore pénétré», le «pays des mille étangs» était encore une région vierge au centre de la France.

L’origine du nom «Brenne» est totalement inconnue. Certains la lient à la présence des buttes de sable et de grès connues sous le nom de buttons. La région est une véritable mosaïque de paysages où se mêlent l’eau, les bois, les landes et les prairies parfois dominées par des buttons dont la légende attribue la paternité au géant Gargantua. Les habitants répètent que «pour aller de Tours à Limoges, le géant Gargantua a dû traverser la Brenne à pied. Malgré ses grandes jambes, il s’enfonçait un peu plus à chaque pas et ses énormes pieds, couverts de boue, le gênaient pour marcher. De temps en temps, il devait secouer ses bottes et, chaque fois, il en tombait assez pour former une butte».
Au Moyen Age, la Brenne était une zone marécageuse. Selon la légende, les moines de Méobecq et de saint Cyran y ont aménagé des étangs au VIIIe siècle. Devant l’impossibilité de cultiver le sol, car trop humide en hiver et trop sec en été, ils ont l’idée de créer des étangs et de les peupler de poissons. Ce fut le début de la pisciculture dans la région qui, selon son historique, ce sont plutôt les seigneurs de Brenne qui, à partir du XIIIe siècle, y auraient aménagé les étangs avec l’aide des paysans. A la fin du XVIIIe siècle, ces étangs atteignaient une superficie de 6 500 à 7 500 hectares.
Sauvage et mystérieuse, la Brenne regroupe des habitats naturels et des espèces menacées de la faune et de la flore sauvages. Elle compte 34 communes étendues sur 1 411 km2 où vivent essentiellement des agriculteurs.
La flore de la Brenne est originale et très diversifiée. On y dénombre une multitude d’espèces végétales comme le trèfle strié ou l’érable de Montpellier. Plus de 1 200 espèces végétales sont recensées, dont certaines très rares, tels les plantes grasses ou parasites, les arbres nains et des orchidées. On y trouve aussi divers animaux comme le chevreuil, le cerf élaphe, les sangliers….
Dès l’Antiquité, le déboisement a débuté avec le charbonnage des forêts à des fins sidérurgiques. A partir du milieu du Moyen Age, les forêts disparaissent et du XIVe au XVIe siècle, de très nombreux étangs de pisciculture sont construits. La Brenne devient, au début de la période dite moderne, un pays de plantes de sous-bois telle la bruyère, de prairies aussi et surtout d’étangs. Au XIXe siècle, beaucoup d’entre eux sont asséchés et disparaissent. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’ils redeviennent ce qu’ils sont aujourd’hui.
La Brenne compte environ 2 234 étangs privés dans leur majorité. Ils s’étendent sur 8 300 hectares. Des espaces protégés sont aménagés permettant la découverte et l’observation des milieux naturels. Les passionnés de la nature et des oiseaux pourront y trouver aussi différentes espèces de poissons d’eau douce, grâce aux observatoires, construits sur des endroits stratégiques et ouverts au public.
La Brenne est constituée d’étangs mais aussi de prairies, de bocages, de bois et de forêts. La forêt de Preuilly au nord-ouest, la forêt de la Luzeraise au sud et celle de Lancôme, au nord-est, sont les trois principales forêts de Brenne où vivent en liberté de nombreux animaux.
Plus de 250 sites archéologiques inédits y sont enregistrés. Ils datent de l’époque paléolithique. La nature des sites enregistrés est extrêmement diverse. Elle compte de larges surfaces agricoles, des fortifications de terres, de l’artisanat, tels les ateliers de poteries, de tuiliers, de réduction du fer, de taille du silex, etc., ainsi que des sites industriels, ou d’extraction minérale.
Situé à Obterre, dans la région de l’Indre, le parc animalier de la Haute Touche est le plus grand parc zoologique de France. Les visiteurs côtoient les animaux en parcourant les allées forestières à pied, à vélo ou encore en voiture. Il y a plus de mille espèces en provenance des cinq continents. Le comité du parc animalier propose des animations, des ateliers thématiques, des conférences et des débats.
C’est en 1989 que le parc naturel de la Brenne voit le jour. Un lieu tout à fait singulier qui fait la fierté de la région. Composé de régions naturelles variées, il offre un paysage vallonné et boisé. Ses rivières forment des vallées parfois encaissées et sauvages ponctuées de villages typiques. Ses nombreuses rivières et ses petits étangs accueillent près de 267 espèces d’oiseaux différentes, dont 150 nicheuses. Le parc abrite aussi de nombreuses espèces d’insectes et, en particulier, des libellules. Entre octobre et mars, 2 000 tonnes de poissons y sont pêchés.
Pour faciliter l’observation de la faune, des observatoires publics et des sentiers de découverte sont aménagés. Plus de 250 visites accompagnées sont organisées toute l’année avec des programmes spécialement conçus pour les enfants. Le parc propose des randonnées à pied ou à vélo. Entre autres, des balades naturalistes, l’observation d’oiseaux et d’insectes.
Pour découvrir les richesses du Parc naturel régional de la Brenne, les visiteurs parcourent des sentiers jalonnés de bornes informatives. Ils admirent les oiseaux depuis les observatoires de la réserve naturelle de Chérine, des étangs Foucault, de l’étang de Bellebouche ou encore de l’étang Massé. L’étang de la mer Rouge est le plus grand étang de la Brenne, avec ses 160 hectares. Celui de Bellebouche est, quant à lui, doté d’une surface de loisirs et d’une plage de sable propice à la détente.
Le Blanc est la plus grande cité du Parc naturel régional de la Brenne. Il propose de nombreuses activités de plein air du canoë-kayak au parachutisme, du vol à voile à l’escalade.
Bélâbre offre des chemins de randonnée, petites routes champêtres et plans d’eau qui incitent à une découverte tranquille, familiale.
Saint-Gaultier, située en bord de Creuse aux portes du Parc naturel régional de la Brenne, permet de découvrir ou redécouvrir le Pays des mille étangs… Son église romane et ses anciennes rues valent le déplacement.
Le château d’Azay-le-Ferron, avec son parc et ses jardins, le musée de la pisciculture et de l’histoire locale installé dans la grosse tour de l’ancien château, l’église Sainte-Marie-Madeleine du plus pur style gothique, la base de loisirs de Bellebouche avec son étang, sa plage et ses activités liées à l’eau, sont autant d’endroits de plaisir à découvrir. Un village vacances et un camping permettent de séjourner sur le site.
La villa gallo-romaine de Saint-Romain à Martizay, site célèbre pour la qualité de ses peintures antiques, pour sa petite nécropole mérovingienne, a rouvert ses portes près de quarante ans après sa fermeture.
L’écomusée de la Brenne raconte l’histoire de la région, de la préhistoire à nos jours. Il invite les visiteurs à voyager à travers les âges avec son exposition permanente Des hommes, un pays, une histoire.
Ceux qui aiment la nature sauvage, le rêve et l’évasion sont servis en Brenne. 


Arlette Kassas

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