Salam réprimande ses ministres
Le Premier ministre, Tammam Salam, a reproché à certains ministres de communiquer directement avec le chef de l’Assemblée, Nabih Berry, pour traiter certaines affaires en suspens, sans l’en informer au préalable. Le président du Conseil refuse que son autorité soit transgressée et exige d’être consulté et mis au courant des développements afin de renforcer la solidarité interministérielle. C’est ce qu’il a fait fermement savoir aux ministres concernés, sans vouloir écouter les justifications présentées par l’un d’eux qui avait entrepris une démarche auprès du chef de l’Assemblée pour une institution relevant de son ministère, sans en avoir informé son président.
Flop de la Semaine libanaise à Jeddah
La Semaine du Liban, récemment organisée à Jeddah en Arabie, ne fut pas à la mesure des espoirs des instances participantes. Les responsables saoudiens ont brillé par leur absence le jour de l’inauguration, ils avaient délégué un sous-ministre pour l’occasion, alors que le Liban était représenté par le ministre de l’Economie, Alain Hakim. Le manque d’intérêt manifesté par les hommes d’affaires saoudiens pour l’événement est lié au fait que les investissements saoudiens au Liban ont été gelés depuis le renversement du gouvernement d’union nationale présidé par Saad Hariri et l’accession au pouvoir du cabinet Mikati… Ce blocage est maintenu en attendant la visite du président Tammam Salam en Arabie saoudite.
Réserves libanaises à la Ligue arabe
Aucune référence au refus de l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban dans la résolution adoptée par les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire pour discuter du soutien à apporter à la cause palestinienne. Mécontent, le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a enregistré une réserve considérant que le droit au retour reste incomplet tant que l’implantation n’est pas spécifiquement rejetée comme le stipule la quatrième clause de l’initiative arabe. Il a insisté sur la nécessité d’insérer clairement un paragraphe à ce sujet dans la résolution adoptée. Au sommet de Koweït, Bassil a aussi évoqué la question de l’implantation des Palestiniens et contesté la mise à l’écart du Liban de la commission de suivi émanant du sommet arabe consacré aux réfugiés palestiniens qui a eu lieu à Beyrouth. Il a souligné que ce dossier concerne particulièrement le Liban.
Quand le conseiller invite
Economistes et hommes d’affaires se sont retrouvés au domicile du conseiller présidentiel, Chadi Karam, après sa nomination comme secrétaire général du Fonds international de crédit. Au menu, les incidences de l’adoption du projet sur la grille des salaires, et de celui relatif à l’encadrement des journaliers de l’Electricité et des contractuels du ministère de l’Information sur la conjoncture économico-financière, à l’ombre de la récession. Plusieurs suggestions ont été avancées, parmi lesquelles une visite au bloc du Hezbollah pour un échange portant sur l’éventuelle hausse des chiffres de la dette publique, la baisse des crédits accordés au Liban et de sa notation par les firmes internationales, que ces projets sont susceptibles d’entraîner.
Rupture entre Sleiman et le Hezbollah
Le Hezbollah n’aurait pas pris la décision de boycotter le président Michel Sleiman n’étaient-ce les critiques que celui-ci a formulées contre la Résistance. Pour le parti chiite, il s’agit d’une question de principes, d’une ligne rouge en quelque sorte. Pour lui, il n’y a aucun problème à ce que le chef de l’Etat ou n’importe quelle autre personne soient contre l’ingérence du Hezb en Syrie, la question peut être sujette à débat, surtout que la position du président Sleiman est justifiable au regard de ses responsabilités en tant que président de la République. Plusieurs âmes de la bonne volonté ont proposé en vain une médiation entre la présidence et le parti de sayyed Hassan Nasrallah.
Les Américains contre le vide
Depuis la naissance du gouvernement Salam, le niveau d’inquiétude est à la baisse chez certains ambassadeurs, s’agissant de l’échéance présidentielle. Pour eux, au cas où le vide s’installe, le 25 mai, les prérogatives du chef de l’Etat seront transférées au gouvernement d’union, conjointement au Moustaqbal et au Hezbollah, en particulier. L’essentiel pour eux étant la sauvegarde de la stabilité dans le pays. Sauf que l’Administration américaine a un autre avis. Elle estime qu’en l’absence d’élection, le cabinet sera paralysé. Lawrence Silverman, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires du Moyen-Orient, a déclaré dans son exposé, intitulé Les défis sécuritaires au Liban et les intérêts des Etats-Unis, devant une sous-commission du Congrès pour le Proche-Orient, que «le défi consiste à tenir le scrutin présidentiel. Le gouvernement a fermement fait savoir à tous qu’il avait l’intention d’organiser la présidentielle dans les temps impartis. J’espère que les considérations qui ont amené les politiques libanais à former un nouveau gouvernement, seront garantes de la non-vacance de la fonction présidentielle qui revient aux chrétiens. En cette période particulièrement délicate, le Liban a besoin d’un leadership responsable, apte à relever les défis auxquels fait face le pays, et capable de tenir ses engagements internationaux».
Bassil invite Bonne
Déjeuner offert par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en l’honneur d’Emmanuel Bonne, conseiller du président François Hollande pour les affaires du Moyen-Orient. Celui-ci se trouvait à Beyrouth pour participer au 4e congrès régional organisé par le Centre d’études et de recherches stratégiques de l’Armée libanaise. Bonne ne pouvait pas décliner l’invitation de Bassil bien qu’il aurait voulu éviter de rencontrer des politiques libanais en cette période d’élection présidentielle. D’autant plus que certains médias n’ont pas manqué d’interpréter sa présence au congrès à leur façon, en le qualifiant «d’émissaire français chargé d’effectuer des contacts relatifs à l’échéance présidentielle». Les milieux de l’ambassade de France à Beyrouth ont été dérangés par ce décodage d’autant plus que la position française est bien connue. Paris soutient l’organisation de l’élection dans les délais impartis, s’oppose au vide constitutionnel et n’appuie aucun des candidats en lice, puisque le choix du futur chef d’Etat relève exclusivement des députés libanais.
Ouverture européenne sur le Hezbollah
L’ambassadeur d’un grand pays européen, s’adressant à une instance libanaise, ne cache pas la volonté de son gouvernement d’engager une ouverture sur le Hezbollah dans le cadre d’une stratégie basée sur sept points: lutter contre le terrorisme, empêcher les extrémistes de parvenir au contrôle du pouvoir en Syrie sans que cela veuille dire le maintien du régime actuel, ne pas permettre à Israël de mener une agression contre le Liban, faciliter l’exploitation des ressources gazières dans un climat de stabilité et la prise de contrôle par l’Etat de Tripoli et du nord de la Békaa, reconnaître l’erreur de ce pays en boycottant le parti chiite et comprendre les options du général Michel Aoun à travers l’ouverture sur le Hezbollah.
Lune de miel entre le Hamas et les Ikhwan
Les Ikhwan libanais et palestiniens de la Jamaa islamia et du Hamas continuent à assurer une ombrelle de protection locale à des éléments terroristes pourchassés par les organes de sécurité libanais et régionaux, comme l’indiquent des rapports diffusés à Beyrouth. D’après ces rapports, le député Imad el-Hout aurait demandé à l’un des ministres en vue d’intervenir pour libérer un certain Jamal Mokhtar, secrétaire de la commission légale des Ikhwan en Egypte, qui s’était infiltré au Liban à bord d’une barque pour fuir la justice de son pays. Mais le ministre a rejeté la requête de Hout et formé une délégation sécuritaire qui a remis Mokhtar à l’aéroport du Caire. D’autres rapports citent des sources palestiniennes pour révéler que le Hamas a élargi les cachettes abritant le groupe d’Ahmad el-Assir vers le camp de Miyé Miyé près de Saïda. Les récentes batailles qui s’y sont déroulées ont dévoilé par hasard la présence d’un repris de justice qui avait participé au massacre de Abra, il s’agit du neveu de Fadel Chaker dont le domicile était bourré d’engins explosifs, de silencieux et de projectiles. Arrêté par des activistes du Fateh qui l’ont remis – avec deux de ses acolytes – aux groupes palestiniens, il a été libéré par le Hamas.
Collaboration avec al-Qaïda
Dans le cadre de la coopération sécuritaire pour la lutte antiterroriste entre Beyrouth et Le Caire, et avec la découverte des relations qu’entretiennent certains mouvements des Ikhwan avec des branches d’al-Qaïda, certains enregistrements qui circulent sur les réseaux sociaux montrent que le Liban constitue une cible pour al-Qaïda du Maghreb. Un rapport diffusé par des citoyens marocains de la ville de Tétouan dévoile que ce mouvement terroriste essaie de mobiliser le public dans les rues de façon notoire appelant au jihad dans Bilad el-Cham, Liban inclus. Ces propos constituent un exemple de l’intégration politico-religieuse entre les frères musulmans et al-Qaïda. Des citoyens marocains révèlent que le gouvernement de Abdel Ilah-Benkirane donne la latitude aux terroristes de cette organisation de se mouvoir, de recruter et de mobiliser… Ce qui explique le nombre de Marocains qui participent à la guerre en Syrie, où ils ont pris part notamment à la récente bataille de Kassab. Les mêmes sources estiment que l’arrestation d’un leader des Ikhwan égyptiens qui avait quitté le port d’Alexandrie à destination de Beyrouth à bord d’une barque de pêche démontre la collaboration secrète instaurée par les deux mouvements dans les pays qui les combattent. Voir le discours de Tétouan sur: https://www.youtube.com/watch?v=11kQs7RS1Ww
Le scrutin du dernier quart d’heure
La délégation parlementaire, chargée en début de mois par le chef de l’Assemblée de sonder les divers blocs parlementaires afin de décider de la tenue d’une séance consacrée à l’élection présidentielle, est revenue bredouille. La tournée entreprise par la délégation n’a pas donné les résultats escomptés par le président Nabih Berry qui veut assurer le quorum, soit la présence des 2/3 des députés à cette séance. Il voulait aussi savoir si les blocs prévoient de se retirer au cas où l’opération électorale prend une tournure qui ne leur plaît pas ou si leur candidat semble ne pas être le favori. Berry souhaitait obtenir des garanties préalables à la convocation du collège électoral. Mais à la suite des contacts entrepris par la délégation, il a perçu que les blocs estiment que la convocation à la fameuse séance n’aboutira pas à l’élection. Les milieux indiquent que certains présidentiables attendent une intervention internationale pour que soit organisé un scrutin du dernier quart d’heure. Le chef du Parlement est convaincu que les Libanais ont une chance à saisir pour choisir leur président, malgré la conjoncture politico-militaire régionale. S’ils ratent cette opportunité, le règlement devra attendre l’heure de l’intervention internationale au milieu de l’été prochain, comme l’avancent les proches de Aïn el-Tiné.
Une vidéo compromettante
Dans les milieux chiites libanais circule une vidéo dans laquelle le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qualifie les chiites «d’hypocrites». Cette vidéo aurait fait un grand tapage auprès des hautes instances du Najaf en Irak. L’ambassadeur de Turquie en Irak, indique-t-on de source informée, aurait été convoqué au bureau de sayyed Ali Sistani qui lui a demandé de transmettre un message de protestation musclé à Erdogan en personne, lui spécifiant que ses déclarations constituent une agression sur la communauté chiite et sur les relations inter-musulmanes. Dans le film, enregistré durant la campagne électorale du parti de la Justice et du Développement, on voit Erdogan attaquer ses anciens alliés dont Fathullah Gülen les accusant de «tromper et de falsifier les vérités», ajoutant que ce genre de pratiques s’applique sur les chiites. Sistani est un religieux fort influent chez les chiites arabes et dans le monde islamique incluant la Turquie.