L’armée syrienne, appuyée par le Hezbollah, a repris, lundi, Maaloula, la célèbre ville chrétienne, parachevant son contrôle sur la région du Qalamoun, ceci au lendemain de l’annonce par le président syrien Bachar el-Assad d’un «tournant» dans le conflit en faveur du régime.
«L’armée a rétabli la sécurité et la stabilité à Maaloula. Le terrorisme est vaincu dans la région du Qalamoun», a annoncé une source de la sécurité à propos de cette ville sur laquelle les rebelles avaient mis la main il y a quatre mois. La cité, aujourd’hui désertée, qui comptait jusqu’à 5 000 habitants, porte les stigmates d’une bataille acharnée. Les murs du couvent Mar Sarkis sont perforés par des obus, tandis qu’à l’intérieur, des icônes et des objets religieux étaient éparpillés sur le sol. Dans la sacristie, toutes les icônes accrochées au mur, à l’exception d’une seule, ont disparu. La croix qui surmontait la coupole du couvent melkite n’est plus en place et le toit en verre qui recouvrait la cour du monastère est à terre. Une pièce a également été incendiée. Plus haut, l’hôtel Safir, perché sur la falaise en grès dominant la ville, est ravagé. Un drapeau syrien a été accroché à la façade, entièrement endommagée. Les chambres de cet ancien établissement touristique, devenu le quartier général des rebelles, sont détruites
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«La reconquête de la ville s’est faite rapidement. Ce matin, nous avons pris la localité d’as-Sarkha puis nous nous sommes dirigés vers Maaloula qui a été prise en quelques heures», a déclaré lundi à l’AFP un soldat sur place. Depuis le début de la semaine, l’armée régulière ratisse la ville à la recherche de mines. Selon un soldat, il restait encore une poche rebelle dans Maaloula, «bientôt éradiquée», mais qui continue à faire des victimes (voir encadré). La prise de Maaloula, située sur une route reliant Damas au Liban, «renforcera le contrôle des points de passage à la frontière», a poursuivi la même source. Après avoir pris pendant quelques jours le contrôle de Maaloula début septembre, des rebelles, dont des jihadistes du Front al-Nosra affiliés à al-Qaïda, s’étaient finalement emparés de la ville début décembre. Les insurgés avaient alors enlevé treize religieuses, libérées en mars dernier dans un échange de prisonniers.
En novembre, l’armée et le Hezbollah chiite libanais, engagé au côté du régime syrien, ont lancé une offensive aérienne et terrestre pour reconquérir la région du Qalamoun, et sécuriser ce secteur qui servait de base arrière aux rebelles attaquant Damas. Désormais, «Qalamoun est quasiment sous le contrôle du Hezbollah et des forces du régime. Il reste quelques poches pour les combattants dans les montagnes et quelques positions à côté de la frontière comme Hoch Arab et Assal el-Ward à dix kilomètres de Maaloula», explique le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel-Rahman.
Zabadani, sur la route entre le Liban et Damas, est la dernière ville à prendre pour bloquer la frontière, a indiqué pour sa part une source à des services de sécurité. Conséquence de cette avancée, des combattants du Hezbollah ont été retirés du Qalamoun pour prêter main-forte à l’armée dans le Nord, à Alep et dans la région de Kassab, prise le 23 mars par les rebelles, selon l’OSDH. Le contrôle de la région est stratégique pour le régime. C’est à travers Qalamoun que passent les armes et les combattants à Ghouta dans la banlieue de Damas, d’où les rebelles continuent de tirer des obus de mortier sur la capitale. C’est également à travers Qalamoun que passe l’autoroute qui relie Damas au port de Lattaquié et à la côte méditerranéenne. En verrouillant les frontières avec le Liban, l’armée syrienne et les combattants du Hezbollah contrebalancent la perte de contrôle des régions du nord à la lisière de la frontière avec la Turquie.
Sur le reste du territoire, la bataille continue de faire rage. A Homs, dans le centre du pays, l’aviation a bombardé lundi la vieille ville, tenue par les rebelles. Abou Ziad, un activiste sur place, a affirmé à l’AFP, via Internet, qu’il y «avait une escalade» dans les bombardements et que l’armée «essayait d’entrer» dans la vieille ville où il reste, selon lui, 180 civils, dont 60 militants, et 1 200 rebelles. D’autre part, la Syrie a évacué près des deux tiers de son arsenal chimique, a annoncé lundi l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a demandé à Damas d’«augmenter» la fréquence et le volume de ces évacuations. A Genève, le Haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, Navi Pillay, a condamné la généralisation de la torture dans les prisons syriennes, déplorant aussi son usage par certains des groupes armés.
Julien Abi Ramia
Trois journalistes d’al-Manar tués
Le journaliste Hamza Hajj Hassan, son technicien Halim Allaou et son caméraman Mohammad
Mantach ont été tués, lundi, par les tirs nourris de combattants à Maaloula en Syrie, a annoncé
al-Manar, organe du Hezbollah. D’autres membres de l’équipe de la chaîne ont été également
blessés. Al-Manar précise que leurs véhicules arboraient le sigle de la presse. Après la prise dans la matinée de Maaloula, des journalistes avaient pu s’y rendre. Si le haut de la cité avait été
sécurisé, il restait des poches rebelles dans le bas de la ville. C’est là que l’équipe de la chaîne a été prise sous les tirs, selon des journalistes sur place. Leur mort porte à 31 le nombre de
professionnels de l’information tués depuis le début du soulèvement en mars 2001.