Magazine Le Mensuel

Nº 2948 du vendredi 9 mai 2014

Economie & Finances

Economie et finance

Publicité
La TV, le support mass media le plus convoité

Pour la 5e année consécutive, la télévision est le support mass media le plus convoité par le marché publicitaire domestique. Sa part de marché a représenté 40% en 2013, contre 21% pour les supports en ligne. Ipsos a souligné que les dépenses publicitaires à la TV ont été principalement concentrées autour des bulletins d’information, avec une part de 32%.
Les affichages en plein air ont occupé la deuxième place en termes de dépenses publicitaires avec une part de marché de 10% et une croissance de 25% en 2013, atteignant 54,6 millions de dollars. Toutefois, la part de marché revenant aux quotidiens a reculé de 12% en 2013 par rapport à 2009, se chiffrant l’année dernière à 54,6 millions de dollars. Par ailleurs, en dépit de la conjoncture locale difficile, les dépenses publicitaires ont regagné leur momentum des années 2009-2010. En 2010, elles avaient enregistré une croissance de 22%, passant de 1 milliard de dollars en 2009 à 1,22 milliard en 2010. Cependant, avec le déclenchement du Printemps arabe en 2011, ces dépenses sont restées inchangées au cours des années 2011 et 2012, se chiffrant à 1,24 milliard de dollars. En 2013, elles ont progressé de 20% atteignant 1,49 milliard de dollars et se classant en 5e position sur le plan régional en termes de croissance pour la période couverte.    

Endettement public
Le Liban respecte ses engagements financiers

Le Liban a une nouvelle fois géré avec succès ses engagements financiers malgré un contexte local et régional difficile. Au cours du mois d’avril, le ministère des Finances a conclu une opération de swap d’eurobonds pour le montant de 1,4 milliard de dollars et à des taux d’intérêt considérés comme étant les plus faibles depuis le début du processus d’émission des obligations souveraines. Sachant que la demande des souscriptions à ces émissions a été supérieure à l’offre dans une proportion de 35%. Les taux d’intérêt ont été répartis comme suit: 5,8% sur les eurobonds d’une durée de six ans et d’un montant de 600 millions de dollars; 6,7% sur les eurobonds venant à échéance dans douze ans d’une valeur de 800 millions de dollars. Contrairement à ce que d’aucuns ont tendance à croire, les banques libanaises ont souscrit à l’émission. La part des souscriptions des établissements bancaires libanais et des institutions financières étrangères aux eurobonds venant à échéance en 2020 et 2026 s’est élevée à 23,45%.
Dans le même temps, la notation de crédit du Liban s’est améliorée, le mois dernier, passant de négative à stable. Aussi, est-il nécessaire de rappeler que la dette publique a atteint 97 961 milliards de livres au 28 février 2014, ou 64,98 milliards de dollars, répartie entre un endettement en devises étrangères de 59,4% et un endettement en livre de l’ordre de 40,6%.
Au cours de 2013, le marché obligataire avait été largement affecté par la dégradation de la notation de la dette libanaise par des agences telles que Moody’s et Fitchet SP. Celles-ci avaient dégradé la perspective de l’endettement du Liban de stable à négative, arguant des retombées du cycle de violence qui secoue la Syrie. Parallèlement, la demande des investisseurs étrangers a été battue en brèche vu la performance négative du Trésor américain et son engagement sur les marchés obligataires internationaux relatifs aux pays en voie de développement.  
 

Journalisme économique
Beaucoup de chemin reste à faire

Le journaliste en tant qu’intermédiaire entre les autorités politiques et l’opinion publique a un rôle crucial qui consiste à jeter la lumière sur les différentes étapes de l’élaboration du budget général de L’Etat. La loi de Finances touche par ses dispositions chacun des citoyens qui forment la société civile en tant que contribuable aux recettes du Trésor. Le constat d’une étude menée par Nahawand Kadri Issa, diplômée en Sciences de l’information et de la communication de l’Université Paris II Sorbonne, sur la manière dont les journalistes économiques libanais ont traité le sujet du budget dans leurs articles, est décevant et montre plus d’une faille. Publiée par le Centre libanais pour les études politiques (LCPS), l’étude a porté sur le fond des articles relatifs au budget en termes d’angles à travers lesquels l’analyse du budget a été abordée. Elle a couvert des articles parus dans les quotidiens as-Safir, al-Mustaqbal, an-Nahar et al-Akhbar au cours des années 1995, 1999, 2004, 2011 et 2012. 26,1% des articles ont mentionné les déséquilibres budgétaires; 19,6% la composition du gouvernement en place; 10,9% la réforme; 8,7% la conjoncture régionale; 8,7% la nature du régime politique en place; 6,5% la conjoncture locale complexe et 2,2% respectivement les déséquilibres structuraux de l’économie, les revendications des syndicats, la mondialisation et l’opposition.
Concernant la qualité du fond des articles, la dominance des papiers à caractère strictement informationnel a été relevée, ainsi que la reprise des déclarations du ministre des Finances, du président de la Commission parlementaire des Finances, des députés et des hommes politiques en général. A contrario, les avis des experts et des organismes économiques se sont classés loin derrière les opinions des politiques, alors que les positions des organismes étatiques de contrôle et celles des leaders syndicaux ont été très rarement sollicitées. La part de la couverture stricto sensu de la loi de Finances a représenté 21,4% du total des articles de presse relatifs au budget; 17,1% celle des rapports informatifs; 8,7% les interviews dont la majorité est consacrée aux députés.
En termes de style de couverture journalistique, les chiffres ont mis en relief les articles descriptifs de la structure du budget (47,1%); suivis par ceux qui établissent des liens entre un fait et un autre (11,8%) et la description en comparaison avec les normes internationales (5,9%). Abordant la question avec les chroniqueurs économiques eux-mêmes, le constat de l’étude a souligné leur impuissance à briser le cercle vicieux des tiraillements politiques et à placer leur analyse dans un contexte de citoyenneté et non dans un cadre électoral. L’un des lecteurs assidus de la presse quotidienne cité dans l’étude a commenté le fait en déclarant: «Ce qui est gênant au niveau de la presse économique est que celle-ci a tendance à impliquer constamment la politique et à placer les questions économiques dans le cadre d’une guerre froide entre deux camps politiques».
Les recommandations de l’étude se sont articulées notamment autour de la création d’unités de spécialisation en journalisme économique au sein des facultés de journalisme; la publication d’un guide qui aiderait les chroniqueurs à analyser d’une manière plus professionnelle et scientifique le projet de loi du budget; la protection des journalistes économiques contre toute tentative de céder à un soudoiement à travers l’amélioration de leur rétribution salariale et le renforcement des liens entre ces journalistes et les organisations de la société civile, afin de renforcer l’échange d’informations entre les deux parties.

Liliane Mokbel

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