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Nº 2950 du vendredi 23 mai 2014

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POLITIQUE

Mgr Raï en Terre sainte. La visite à travers le prisme israélien

La visite du patriarche maronite Béchara Raï en Terre sainte, pour accompagner le pape François, a provoqué une levée de boucliers au Liban. Cette controverse a été abondamment relayée et commentée par les médias israéliens.
 

Attaqué par les islamistes pour avoir décidé d’escorter le pape François (en Terre sainte), le patriarche maronite Béchara Raï ne se rendra pas au musée de l’Holocauste, a titré le Times of Israël.
Le cardinal libanais, critiqué en raison de sa visite à Jérusalem: le patriarche Raï, premier chef d’Eglise à visiter Jérusalem depuis son annexion après la guerre de 67, souligne pour sa part le Ha’aretz.
D’autres quotidiens se sont contentés de rapporter la polémique soulevée au Liban par la visite du Mgr Raï, reprenant les propos incendiaires de certains journaux libanais, notamment al-Akhbar et as-Safir. Selon un article du Jérusalem Post du 10 mai dernier, «les médias libanais ont été pris d’une véritable frénésie» depuis l’annonce de la visite du patriarche en Terre sainte. Ils ont également souligné que le prélat «se défiait des éditoriaux», ajoutant que l’homme de religion ne faisait qu’exercer ses prérogatives en tant que patriarche des régions d’Antioche et du Levant». Le cardinal avait déclaré dans une entrevue précédente que sa visite en Terre sainte était justifiée, «la ville sainte étant la maison de tous les chrétiens et cela bien avant la création d’Israël». Il a ajouté qu’il ne rencontrerait pas d’officiels israéliens.
Sur le plan libanais, les quotidiens as-Safir et al-Akhbar se sont montrés extrêmement critiques envers la décision patriarcale. Une lettre ouverte signée par le prisonnier Mohammad Kanina, et publiée cette semaine par le journal al-Akhbar, proche du Hezbollah, a appelé le patriarche à s’abstenir de se rendre dans les territoires occupés, un fait qui pourrait être interprété par les Israéliens comme une normalisation de l’occupation. «Nous lançons un appel au nom des enfants de Cana», écrit l’auteur, qui précise que la visite du patriarche allait conférer plus «de légitimité aux pratiques terroristes» des Israéliens. Un article d’as-Safir a qualifié cette visite de «péché historique».
 

Le Hezbollah à Bkerké
Une délégation du Hezbollah, présidée par le chef du conseil politique du parti, Ibrahim Amine el-Sayyed, qui s’était rendue auprès de Mgr Raï, à Bkerké, a également mis en garde le patriarche maronite, contre les «retombées négatives» de sa visite en Terre sainte.
«Le patriarche a évoqué les considérations religieuses et pastorales de sa visite, surtout en ce qui concerne les chrétiens et Jérusalem, loin des répercussions politiques. (Quant à nous)nous avons tenu à exposer notre point de vue et les retombées négatives de cette visite, et nous espérons que nos remarques seront prises en compte», a indiqué Sayyed. Même son de cloche de la part du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Qassem, qui a qualifié le voyage du patriarche maronite à Jérusalem de «problématique». «Nous ne savons pas quelles répercussions négatives pourraient en découler, mais nous allons les évaluer et les commenter si nécessaire», a déclaré le cheikh Qassem dans une interview accordée à la chaîne de télévision panarabe al-Mayadeen.

Mona Alami

Itinéraires différents
L’itinéraire du pape François lors de sa visite en Terre sainte suivra le parcours de Jésus-Christ, en partant de la Vallée du Jourdain, où il a été baptisé par Jean-Baptiste. Ce voyage sera suivi d’une visite de Bethléem, du camp palestinien de Dheisheh, aux abords de Bethléem, de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem, puis de l’esplanade des Mosquées, le Haram al-Sharif (le Noble sanctuaire) des musulmans. Il visitera par la suite le musée de l’Holocauste.
Le patriarche Raï, quant à lui, se rendra au Mont des oliviers où Jésus a prié avant son arrestation par les Romains, puis au Cénacle de Jérusalem, au sommet du Mont Sion, où se serait déroulée la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres. Il ne rencontrera ni ne saluera aucun responsable israélien. A Jérusalem, il logera dans la maison d’accueil appartenant à la communauté maronite.

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