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Nº 2951 du vendredi 30 mai 2014

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Disney présente Maleficent. Un conte de fées humanisé

«Avant son 16e anniversaire, elle se piquera le doigt sur un fuseau et tombera dans un profond sommeil», tel est, en quelques mots, le sort lancé à la Belle au bois dormant par la fée Maleficent. Mais comment cette dernière en est-elle arrivée là? Disney lève le voile.
 

Le grand blockbuster du moment. Inévitablement, Maleficent a fait rêver bien avant sa sortie. Parce qu’il s’agit de Disney et, surtout, d’Angelina Jolie. Le film tient bien son pari: un divertissement visuel de haut niveau, un personnage attachant, un univers fantastique, un merveilleux oscillant entre l’obscur et le clair, à l’image du personnage éponyme, Maléfique.
Depuis quelques années, la Walt Disney Pictures s’est investi dans la revisite en prises de vue réelles de ses classiques contes de fées, une voie entamée en 2010 avec Alice in Wonderland signé Tim Burton. En attendant la sortie de Cinderella prévu en 2015, voici Maleficent. Le film raconte l’histoire inconnue de la plus iconique des méchantes sorcières de l’univers Disney, Maleficent qui a jeté un sort à Aurore, plus connue sous le surnom de la Belle au bois dormant. Sleeping Beauty dans son titre original, le 16e classique d’animation de Disney datant de 1959, issu, on le sait d’une histoire de Charles Perrault retranscrite ensuite, de manière légèrement modifiée, dans les contes des Frères Grimm, tourne essentiellement autour de la princesse Aurore. Mais le présent film, comme son titre l’indique, a pour personnage principal Maleficent, dont il éclaire le passé, tout en conservant, comme le dit le réalisateur Robert Stromberg, «suffisamment d’éléments de Sleeping Beauty pour ne pas décevoir les fans de l’original. Il était essentiel que le public ne découvre pas seulement ce personnage classique sous un nouveau jour, mais qu’il comprenne aussi comment est née l’histoire du film original en tant que telle et d’où proviennent certains de ses éléments».

 

Il était une fois
Le film débute sur l’histoire d’une petite fille, une petite fée plutôt, Maleficent, qui devient la reine du royaume des Landes, forêt idyllique où le regard des spectateurs entrevoit des créatures fantastiques, dotées de ce caractère drôle, caractéristique de l’univers Disney. Le jour où une armée humaine d’envahisseurs menace les frontières du pays, Maleficent s’élève en féroce protectrice de la terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi la trahit. Sa souffrance est tellement illimitée que la bonté de son cœur fond aussi rapidement que son royaume se teinte de noir, à l’image de cette barrière d’épines qu’elle élève entre les deux royaumes ennemis. C’est que la guerre est bel et bien déclarée; Maleficent vient de jeter un sort, une terrible malédiction sur Aurore, la fille du nouveau roi, Stefan, qui vient de naître. Et c’est notamment dans ce passage-là que le spectateur, fan de l’original, retrouve les mêmes éléments, la même mise en scène, puissamment retransmis en images réelles.
Le passé de Maleficent est ainsi éclairé, même la présence de son inséparable corbeau est expliquée et sa méchanceté justifiée. Mais il reste au spectateur à découvrir son présent et son avenir. C’est ce que révèle le film, en mettant en scène toute l’humanité de ce personnage ambigu, en lançant un message de tolérance dans un monde de plus en plus manichéen. Disney poursuit l’évolution de sa pensée quant au prince charmant et au baiser d’amour vrai, entamée déjà avec The Princess and the Frog, Tangled, Frozen, et qu’il propulse là dans une ouverture encore plus large.
Outrancièrement beau, Maleficent use de ce pouvoir sensoriel qu’il impose presque au spectateur, amplifié par le recours à la 3D qui, comme dans la plupart des cas, n’ajoute souvent rien. Mises à part quelques séquences de haut niveau où le frisson s’exacerbe, notamment des scènes en plongée et contre-plongée au cœur de la forêt des Landes. Derrière la caméra, Robert Stromberg qui signe là son premier long métrage, alors que Tim Burton, Brad Pitt et David Yates avaient été pressentis pour cette mission. Pour un premier film, Stromberg s’en sort merveilleusement bien, fort de ses expériences antérieures, notamment comme chef décorateur pour Avatar de James Cameron pour lequel il a reçu un Oscar de la meilleure direction artistique; trophée qu’il remporte une deuxième fois pour son travail sur Alice in Wonderland de Burton.
Le point fort de Maleficent reste Angelina Jolie. Elle succède en grandeur maléfique à la très belle Charlize Theron dans Snow White and the Huntsman, une autre adaptation des classiques contes de fées, signée Rupert Sanders. Dans son interprétation de Maléfique, s’emmêlent à la fois naturel et jeu, exacerbée par un maquillage impressionnant, un regard sombre et une gestuelle lente qui auraient pu tout aussi facilement se passer de mots, remplacer le discours. Quant aux autres acteurs, rien de vraiment particulier. Sharlto Copley incarne un roi Stefan très aseptisé dans le rôle d’un homme devenu fou; Ella Fanning puérile dans la peau d’Aurore dont le principal geste consiste à afficher un sourire innocent; Lesley Manville, Imelda Staunton et Juno Temple incarnent les fées chargées de veiller à l’éducation d’Aurore. Reste la présence drôle et émotionnelle de Diaval, dont on taira la fonction pour ne pas spolier le film, campé par Sam Riley. Au-delà de ses lacunes et de ses excès, Maleficent reste un bon divertissement porteur de rêves.

Nayla Rached

Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas – Cinemall.

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