La Délégation de l’Union européenne au Liban a organisé, en présence du représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, Stavros Lambrinidis, et en collaboration avec la Fondation Samir Kassir, la cérémonie du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse. Trois journalistes d’Egypte, de Tunisie et de Syrie ont été récompensés.
Dans une ambiance conviviale et nostalgique, le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse a été décerné à trois lauréats: n Mohammad Abo el-Ghit (Egyptien) pour la publication de son article La saison des morts-vivants dans le journal al-Shorouk. Il y décrit les affrontements qui ont eu lieu, avant le renversement de Mohammad Morsi, entre opposants et partisans des Frères musulmans dans les rues du Caire. Abo el-Ghit dénonce les mécanismes de mimétisme de la foule qui ont poussé des membres des deux bords aux pires accès de violence.
♦ Hanene Zbiss (Tunisienne) a publié une Enquête dans les jardins d’enfants coraniques en Tunisie dans le magazine Réalités. Son enquête décrit la prolifération, depuis le soulèvement de janvier 2011, d’écoles coraniques établies par des associations religieuses.
♦ Orwa Mokdad (Syrien) est journaliste et cinéaste. Son reportage audiovisuel Musique syrienne dépeint des jeunes chanteurs et musiciens syriens vivant à Beyrouth. Il illustre la manière dont la crise syrienne se reflète sur les arts et comment des jeunes combattent la violence par l’art.
Le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, Stavros Lambrinidis, a souligné combien la liberté d’expression en ligne et hors ligne est essentielle pour la réalisation pleine et entière d’un large éventail des droits de l’homme, notamment la liberté d’association et de réunion, la liberté de pensée, de religion ou de croyance, le droit à l’éducation, le droit à la vie culturelle, le droit de vote et tous les autres droits politiques liés à la participation dans les affaires publiques. «Sans la liberté d’expression et celle des médias, insiste-t-il, les citoyens ne peuvent être pleinement informés, actifs et engagés».
Angelina Eichhorst, chef de la Délégation de l’UE, a relevé que «l’organisation annuelle de ce prix unique est une preuve tangible de l’appui indéfectible de l’UE à la liberté d’expression, composante essentielle de la démocratie profonde». Selon elle, «les journalistes paient un prix élevé à dénoncer les abus et à attirer l’attention de l’opinion publique sur les violations des droits fondamentaux. L’excellence en matière de journalisme mérite d’être récompensée parce que notre capacité à agir, en tant que citoyens du monde informés, dépend aussi des médias qui doivent pouvoir travailler librement et en toute sécurité».
Un jury indépendant a départagé les candidats. Il était formé de sept personnalités venues d’Europe et du Moyen-Orient: Ghaith Abdul-Ahad (Irak), correspondant du Guardian; Sanaa el-Aji (Maroc), journaliste et écrivain; Hind Darwish (Liban), membre fondateur de la Fondation Samir Kassir; Marc Marginedas (Espagne), correspondant de guerre spécial d’El Periódico basé à Barcelone; Laila el-Raiy (Egypte), journaliste et écrivain; Christoph Reuter (Allemagne), correspondant de Der Spiegel et Marc Saikali (Liban-France), journaliste et directeur de France 24.
Danièle Gergès
Le prix en bref
Ce prix est attribué chaque année par l’Union européenne depuis 2006. Il a gagné en popularité depuis son lancement, avec un nombre croissant de candidats à chaque édition, provenant de la région méditerranéenne, du Moyen-Orient et du Golfe. Il récompense des journalistes qui se sont distingués par la qualité de leur travail et leur engagement en faveur de la démocratie et de l’Etat de droit. Organisé tous les ans depuis 2006, il rend hommage au journaliste libanais Samir Kassir, connu pour sa liberté de pensée et d’écriture, assassiné le
2 juin 2005 à Beyrouth. Cette année, plus de 180 candidatures ont été reçues, portant le nombre total des participants depuis la création du prix à plus de 1 380. Le prix dans chacune des trois catégories est de 10 000 euros. Le jury est composé de sept membres votants arabes et européens, actifs dans le monde des médias et de la société civile, et d’un observateur représentant l’Union européenne.