Une femme. Un homme. Les choses de la vie ou plutôt de cette vie. Gérard Depardieu et Fanny Ardant, deux monstres sacrés du cinéma français, ont prêté leur immense talent au texte bouleversant de Marguerite Duras, La Musica Deuxième, l’un de ses textes les plus émouvants. Un chef-d’œuvre. Un moment de pur bonheur pour clôturer en beauté le Festival de Baalbeck.
Lui est assis dans un fauteuil rouge (il n’en bougera d’ailleurs que vers la fin de la pièce). Elle est debout devant lui, triste, dans une robe noire et sobre. Jusque dans leur posture, ils ont l’étoffe des grands acteurs! Ils en ont la prestance et la présence. Même le décor ne compte plus. Les deux portent à merveille leur rôle. Les planches du Casino du Liban (le Festival de Baalbeck y a été délocalisé) s’en souviendront!
Ils se sont aimés, ont formé un couple, se sont mariés pour faire comme tout le monde avant de se séparer. Ils ne savent toujours pas ce qui leur est arrivé. Ils sont venus, chacun de son côté, pour se revoir une dernière fois. Mais que peuvent se dire un homme et une femme quand ils se retrouvent dans un hôtel après que leur couple eut volé en mille morceaux, que leur vie eut été étalée et que le divorce eut été prononcé? Un inventaire plutôt triste qui témoigne des failles de l’amour et des forces mauvaises de la passion. Des sentiments enfouis au plus profond d’eux qui remontent subitement à la surface, des gestes maladroits, des mots cinglants qui tentent d’expliquer la faillite du couple et de traduire les turbulences de la vie conjugale. Ils se contredisent, se répètent. Toutefois, la fin de l’histoire surviendra, inéluctable. Les émotions et les sentiments sont présents tout au long de la pièce jusque dans les silences. Même les plus endurcis ne peuvent rester indifférents devant les derniers instants de ce couple. Ardant et Depardieu, ces deux monstres sacrés du cinéma français, ont offert aux Libanais un moment inoubliable ou talent et émotions étaient au rendez-vous.
Christiane Tager Deslandes
Bios en bref
♦ Issu d’un milieu modeste (son père est tôlier-formeur), Gérard Depardieu grandit au milieu de cinq frères et sœurs. Après une adolescence difficile, qui le voit plonger dans la délinquance, il se découvre une passion pour le théâtre lors d’un voyage à Paris. Elève de Jean-Laurent Cochet, il fait ses premiers pas au cinéma en 1970 dans Le Cri de Michel Audiard. Mais Gérard Depardieu est révélé en 1974 par son rôle de gentil voyou en cavale dans Les Valseuses.
♦ Fanny Ardant, fille d’un officier de cavalerie, est née en 1949. Elle passe son enfance à voyager en Europe. Etudiante à Science-Po dans la section Relations internationales, elle décide assez tardivement de devenir actrice afin d’assouvir sa passion du théâtre. Elle fait des tournées dès 1974 où elle joue les grands textes (Racine, Montherlant, Claudel). Sa première apparition a lieu dans Marie-poupée de Joël Séria, mais ce n’est qu’en 1979 que le public la découvre, grâce à la série télévisée Les dames de la côte de Nina Companeez.