Magazine Le Mensuel

Nº 2978 du vendredi 5 décembre 2014

Economie & Finances

Economie et finances

Santé
Bras de fer en perspective entre le ministre et les hôpitaux privés

La rencontre qui devait regrouper le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, et le syndicat des propriétaires des hôpitaux privés a été reportée sine die. Pourtant, le ministre avait déclaré qu’il était ouvert au dialogue avec les différents acteurs du secteur de la santé et que la classification des hôpitaux, selon les nouveaux critères, serait révisée chaque six mois. Une démarche juste et équitable dans la mesure où les hôpitaux, dont la notation a été dégradée, auraient le temps de remettre à niveau leurs prestations qui ne sont pas conformes à certaines normes internationales de soins médicaux. Le premier rapport du ministère de la Santé a revu à la baisse la classification de six hôpitaux privés, qui sont passés de la première à la deuxième catégorie, alors que trois autres de la première catégorie ont régressé passant à la troisième. Parallèlement, quatre hôpitaux de la troisième catégorie ont vu leur notation progresser, passant à la première. Dans le même temps, la classification de vingt-trois établissements a chuté de la deuxième à la troisième catégorie.
Le bilan est surprenant au regard des tarifs hospitaliers relativement élevés appliqués par toutes les catégories des hôpitaux privés. Dans le même temps, il est à rappeler que le ministre de la Santé a informatisé le département d’audit des comptes des hôpitaux, de sorte que depuis près de quatre mois, toutes les factures hospitalières sont auditées, alors qu’auparavant seules 10% des factures de chaque hôpital (choisies au hasard) étaient soumises au contrôle du ministère. De toute façon, les hôpitaux ne peuvent plus se plaindre du retard des paiements par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) des montants qui leur sont dus pour justifier la régression du niveau de leur service de soins de santé. En fait, le total des avances accordées par la CNSS aux hôpitaux au cours de 2014 s’est élevé à ce jour à près de 484 milliards de livres (dont 405 milliards aux hôpitaux et 79 milliards aux médecins). Le directeur de la CNSS avait, par ailleurs, promulgué la décision numéro 874 afin que la caisse verse aux hôpitaux avec lesquels elle est liée par des contrats une avance de 49 milliards de livres couvrant les factures hospitalières d’octobre (dont 41 milliards de livres aux hôpitaux et 8 milliards aux médecins).

 

Le point de vue des hôpitaux
Dans un entretien accordé à Magazine, le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun, a minimisé le report de la rencontre avec le ministre Waël Abou Faour, tout en apportant un soutien assorti de réserves concernant les indicateurs de performance des hôpitaux. Leur classification se base sur la conformité des soins médicaux fournis à la catégorie de patients traités au compte du ministère de la Santé. Ce qui est de nature à biaiser le résultat final, a-t-il dit. Selon lui, ce sujet fera l’objet de discussions fermes avec le ministre Abou Faour. En réponse à une question, il a souligné que c’était à sa propre demande que les noms des hôpitaux n’ont pas été divulgués au public. Si Haroun a reconnu que la CNSS est en train de verser des avances, il a affirmé que ces sommes étaient bien inférieures aux arriérés dus aux hôpitaux et qu’il ignorait totalement le calendrier-programme sur la base duquel sont versés
ces montants.

Etats-Unis
John Maalouf premier au top 10 des avocats

Maalouf Ashford & Talbot, un des cabinets d’études leaders dans le monde, a été désigné «Le cabinet d’études de l’année 2014» dans huit pays et trente et une différentes catégories de contentieux. Il s’agit des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Chine, de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, de Dubaï, du Brésil, et du Liban. Cette reconnaissance intervient dans la foulée du classement de l’avocat libanais John J. Maalouf, senior partenaire du cabinet Maalouf Ashford & Talbot, comme le premier des top dix meilleurs avocats spécialisés dans le commerce international et la finance aux Etats-Unis et ce, pour la neuvième année consécutive par l’association US Lawyer Rankings.

Agriculture
Les cultivateurs peinent à écouler leurs produits

Une tuile ne tombant jamais seule, les agriculteurs font face à une véritable crise portant sur l’écoulement de leur production soumise à des facteurs à la fois d’ordre interne et externe. Les pertes essuyées par les agriculteurs, depuis le début des violences en Syrie en 2011, du fait du recul et, parfois, l’arrêt total des exportations terrestres vers l’hinterland arabe, se sont multipliées cette année. Les raisons sont principalement d’ordre climatique, la quantité de pluie tombée n’étant pas suffisante, elle a généré un assèchement des nappes phréatiques, ainsi que la baisse des niveaux des eaux accumulées dans les puits artésiens. Ceci a eu des retombées néfastes tant sur la qualité que sur la quantité de la production agricole et sur le prix de vente. Les pommes, à titre d’exemple, sont tombées avant leur maturité. La production de pommes, rappelle-t-on, fait vivre un grand nombre de familles dans la Békaa-Ouest, notamment à Machghara, Hasbaya, la région du lac Karaoun, Aitanit et la plaine de Jib Janine. Ceci dit, le recul de la quantité de production de pommes est demeuré quand même supérieur à la demande du marché domestique. Cette quantité a représenté cette année environ 40 000 caisses, alors qu’en temps normal cette production est de 60 000 caisses. Le prix de la caisse a également augmenté en raison de l’irrigation par l’eau achetée aux citernes, la hausse des prix de placement dans les dépôts frigorifiques et l’augmentation des prix des insecticides. Selon un des agriculteurs interrogé par Magazine, l’irrigation d’un dounoum de pommes coûterait 20 000 livres libanaises. Ce qui a fait monter le prix de revient d’une caisse de pommes à 10 000 livres, alors que les agriculteurs peinent à l’écouler auprès du grossiste à plus de 7 000 – 8 000 livres. Quant aux agriculteurs du Liban-Sud, leur situation n’est pas meilleure que celle de leurs confrères de la Békaa-Ouest. La Syrie a interdit l’exportation de bananes et certains agrumes vers son marché, notamment les pommes de terre. Sachant que la plantation des bananes représente le gagne-pain principal des agriculteurs des régions méridionales. Par ailleurs, les exportations de pommes de terre sont soumises à des permis d’autorisation préalable émis par les autorités syriennes. Le marché syrien est le seul à même d’assurer l’écoulement de la production de bananes et de pommes de terre. En temps normal, la demande syrienne de pommes de terre s’élevait selon les années entre 15 000 et 20 000 tonnes. Cette année, pas plus de 3 000 tonnes ont été exportées vers la Syrie. Soulignons que le prix d’exportation directe vers la Jordanie est très élevé pour être assumé par le seul agriculteur libanais.

Liliane Mokbel

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