Les Pouilles. Une région située dans le sud de l’Italie, dans le talon de la botte, baignée par la mer Adriatique à l’est et la mer Ionienne au sud. Elles sont classées une des plus belles régions du monde par le National Geographic et parmi les dix premières destinations par Lonely Planet. Un coin de terre riche en histoire et en architecture, calme et tranquille, que le tourisme sauvage n’a pas encore défiguré.
Lancé au Liban en février dernier par l’ambassade d’Italie, l’événement Buy Puglia, qui s’est tenu du 27 au 31 octobre à Bari, capitale des Pouilles, et auquel Magazine fut convié, avait pour but de faire découvrir aux journalistes et agents de voyage toute la beauté et le charme de la région. Combinant le style ancien et moderne, les Pouilles sont une terre riche d’histoire sur laquelle se sont succédé les civilisations romaine, grecque et byzantine, et où plusieurs sites sont classés par l’Unesco patrimoine mondial de l’Humanité. Elles sont desservies par deux aéroports internationaux, celui de la capitale, Bari, et celui de Brindisi.
En atterrissant à Brindisi, vous êtes automatiquement séduit par la chaleur de l’accueil et la gentillesse des gens. Ville côtière, elle a connu l’influence de l’Empire romain et la civilisation grecque. Le port est l’une des principales attractions. Les rues qui y mènent sont dallées. On y retrouve la fameuse colonne romaine qui marque la fin de la via Appia et dont la jumelle se trouve à Lecce. Poursuivant notre chemin à travers les petites ruelles, on tombe sur la Piazza Duomo, où s’élève la cathédrale de style roman, entièrement reconstruite au XVIIe siècle après le tremblement de terre qui détruisit la ville. Une pure merveille architecturale. La cuisine à Brindisi et dans toute la région des Pouilles est un véritable régal. Le capocollo di martina franca, un genre de charcuterie, les cavatelli aux fruits de mer et la fameuse burrata sont un vrai délice.
Ceux qui arrivent dans les Pouilles avec des idées reçues, croyant y trouver une nature sèche et aride, sont surpris par l’aspect vert et fertile de la région, ainsi que par son dynamisme. A perte de vue, des champs d’oliviers se déroulent des deux côtés de la route. Les Pouilles sont la capitale de l’huile d’olive avec 40% de la production italienne et 15% de la production mondiale. Selon les chiffres officiels, les Pouilles comptent 60 millions d’oliviers. La région est également célèbre pour ses vins, exportés partout au monde. Faisant 400 km de long, le nord et le sud des Pouilles ne se ressemblent pas. Le paysage et les monuments sont très variés. Les dialectes et la cuisine sont différents d’une région à l’autre. C’est une des raisons pour lesquelles elle était baptisée les Pouilles, alors que la tendance actuelle est d’utiliser la dénomination la Pouille.
Les doigts volés de la sainte
A Galatina, l’église Santa Caterina d’Alessandria de style roman, construite au XIVe siècle par le comte Raimondello del Balzo Orsini, est célèbre pour ses fresques murales. Celui-ci s’était rendu au Sinaï, au couvent Sainte-Catherine, où il avait volé un des doigts de la sainte pour construire cette église. Elle n’est pas sans rappeler la cathédrale de saint François d’Assise, raison pour laquelle elle est baptisée la Assisi de Salento. Après une petite balade dans les ruelles étroites de la petite ville, il faut s’arrêter pour déguster la spécialité de la localité, le fameux pasticciotti, sorte de pâtisserie fourrée à la crème.
Nardò, petite ville au grand charme, avec ses balcons, sa place baroque et ses fontaines. Sa cathédrale est célèbre pour son style baroque qui a sauvagement remplacé le style roman du XIIe siècle. La Piazza Salandra avec son mélange de style baroque et rococo est impressionnante, quand le jour commence à tomber et que les lumières s’allument. A Copertino, il ne faut pas rater l’ancien château qui est l’un des plus beaux de la région des Pouilles.
Notre périple dans les Pouilles se poursuit dans la région du Salento, véritable talon de la botte italienne qui possède une identité particulière à cause de sa position géographique, située entre deux mers: l’Adriatique et l’Ionienne et dont Otrantó constitue l’extrémité est de l’Italie. Par temps dégagé, on peut aisément distinguer les montagnes de l’Albanie, située à 70 km en face de la côte. Village de 18 000 habitants en hiver, cet endroit aux plages bleues turquoise, dont la couleur des eaux rappelle celle des Caraïbes, accueille en été quelque 100 000 touristes, des Italiens pour la plupart, venus des quatre coins du pays. Fondée au VIIe siècle avant J.-C., Otrantó possède une riche histoire ayant connu plusieurs civilisations. Ancienne ville romaine, les principaux monuments historiques datent de l’époque byzantine. Elle a aussi subi les attaques des Ottomans. La douceur du climat en cette fin d’octobre nous permet de prendre le bateau et de sortir en mer. En s’éloignant de la côte, on aperçoit aisément les montagnes de l’Albanie qui se profilent au loin.
Le voyage ne peut s’achever sans la visite de la capitale des Pouilles, Bari, deuxième plus grande ville de l’Italie du Sud après Naples. Le fameux bord de mer, le Lungomare, a été construit par Mussolini en 1920. Bari est connue pour abriter les reliques de saint Nicolas et c’est à Bari qu’est née la légende du père Noël. La ville moderne possède un centre commercial très actif, avec sa rue marchande le corso Cavour, son théâtre Margherita inauguré en 1914 et devenu un musée, le théâtre Petruzzelli. La vieille ville, dont le sol est composé de dalles en marbre, compte quelque 29 églises et a beaucoup de charme. Les petites places y foisonnent: la Piazza Ferrarese avec son poteau de la honte où on insultait les gens au XVIe siècle, la piazza mercantile où se retrouvent les jeunes à partir de 21 heures. La cathédrale Saint-Nicolas attire beaucoup de touristes, surtout des Russes qui y viennent pour se marier, saint Nicolas étant le patron des jeunes filles à marier. En déambulant dans les petites ruelles étroites, où les balcons des deux côtés de la rue se touchent presque, souvent des voix s’élèvent. De prime abord, on croit à une dispute, mais notre guide a tôt fait de nous rassurer: c’est leur manière de discuter et de parler à voix haute. Sur le pas de leur porte, des femmes vendent des pâtes spécialités de la région, les oricchietes, qu’elles ont préparées elles-mêmes. Dans le Sud, les gens prennent le temps de vivre. Les déjeuners et dîners sont interminables. Si vous croyez que l’Italie se résume à Rome, Florence ou Venise, vous vous trompez lourdement. Un détour dans les Pouilles vous montre un autre aspect de l’Italie, un visage à découvrir absolument.
Joëlle Seif, Les Pouilles
Le père Noël est né à Bari
Une des légendes populaires veut que saint Nicolas ait permis à trois jeunes filles pauvres de se marier en leur offrant trois sacs de pièces d’or. C’est la raison pour laquelle saint Nicolas est traditionnellement représenté tenant trois boules d’or dans la main, et qu’il est le patron des jeunes filles souhaitant se marier. Elles écrivent leurs souhaits sur des petits mots qui sont placés dans la coupole de verre qui abrite la statue du saint. C’est ainsi que certains croient aussi que la légende du père Noël est née à Bari. On raconte que des marins voulant rendre Bari célèbre s’étaient rendus en Asie mineure (Turquie) pour voler les ossements de saint Nicolas, les ramener à Bari pour y construire une cathédrale. Celle-ci fut la première cathédrale de style roman à Bari. Par la suite, sous l’influence espagnole, elle fut transformée en style baroque. Ce n’est que dans les années 1925-1930 qu’elle retrouva le style roman, quoique le plafond soit resté baroque. Les Russes y viennent en pèlerinage et la statue de saint Nicolas qui trône en face de la cathédrale a été offerte et inaugurée par Vladimir Poutine.
Lecce ou la Florence du Sud
Ce n’est pas pour rien que Lecce est baptisée la Florence du Sud. Célèbre pour son style baroque, ses palaces et ses cloîtres, ses boutiques de papier mâché et son incomparable Piazza Del Duomo, où s’élèvent la magnifique cathédrale baroque Santa Crocce et la tour de l’horloge. Elle était parmi les six finalistes pour l’élection de la capitale européenne de la culture en 2019. A peine arrivé dans cette ville, on est saisi par son charme. De nuit comme de jour, elle présente le même aspect animé, offrant une grande richesse culturelle. Il existe deux universités dans les Pouilles, l’une à Bari et l’autre à Lecce, qui compte quelque 30 000 étudiants, ce qui explique le caractère particulièrement vibrant de cette ville. Plusieurs styles d’architecture s’y mêlent en parfaite harmonie. La colonne de Saint-Oronzo, offerte par la municipalité de Brindisi, où se trouve sa colonne jumelle, se dresse non loin de l’amphithéâtre romain. Traversant les petites ruelles dallées, on débouche sur la Piazza Duomo qui est d’une grande beauté. Les balcons de la vieille ville sont un véritable ravissement pour les yeux.