Après l’Epigraphie syriaque au Liban volume I, Amine Jules Iskandar récidive et publie le volume II, dont la signature a eu lieu le samedi 29 novembre, au stand de la NDU, dans le cadre du Salon du livre arabe et international qui s’est tenu au Biel.
Architecte de formation, spécialisé dans la construction des villas, professeur à l’Université libanaise et enseignant de la langue syriaque à l’Association des amis de la langue syriaque, Amine Iskandar signe avec le volume II de l’Epigraphie syriaque au Liban son cinquième ouvrage. La fascination d’Amine Iskandar pour la langue syriaque est née le jour où, lassé d’entendre que tout au Liban doit être expliqué à partir de la culture arabe ou être imputé à une importation de l’Italie faite par l’émir Fakhreddine, il s’est interrogé sur la possibilité de l’existence d’une troisième dimension.
Après Les temples en blanc, La Nouvelle Cilicie-Les Arméniens du Liban, La dimension syriaque, l’Epigraphie syriaque au Liban qui dévoile le catalogue des épigraphies du haut Moyen Age jusqu’en 1925, dans le volume II, Amine Iskandar développe les épigraphies dans l’architecture libanaise. Les deux volumes représentent le fruit de plus de vingt ans de travail, de recherche, de documentation et d’analyse. «Tout a commencé avec l’absence de documentation sérieuse sur l’architecture libanaise. Il y avait un black-out total sur tout ce qui concerne l’histoire, l’identité et la culture libanaises. Ainsi, l’explication de l’art et de l’architecture était erronée puisqu’elle n’était pas basée sur une documentation sérieuse», explique l’auteur. C’est ainsi qu’à partir de là, et pour pouvoir expliquer la symbolique dans l’architecture libanaise, Amine Iskandar décide d’aller chercher dans la culture répandue dans le Mont-Liban où cette architecture s’est développée. «C’est de là qu’est née l’idée d’écrire un livre sur la dimension syriaque dans l’art et la culture». Dans son ouvrage, Amine Iskandar s’attaque à l’histoire et à la langue syriaque qui était le langage courant au Mont-Liban. «A partir de la littérature maronite en langue syriaque et des chants syriaques du haut Moyen Age, j’ai réussi à trouver les descriptions et explications de motifs architecturaux utilisés jusqu’au début du XXe siècle».
Dans le premier ouvrage, il développe quelques chapitres sur la littérature, la sculpture, la peinture et l’architecture. Il décide dans le second volume d’aborder le thème des inscriptions sur la pierre, qu’on appelle l’épigraphie. «Ce travail a été fait à maintes reprises depuis 1904 par plusieurs chercheurs européens. Mais leurs recherches étaient concentrées sur la Haute Mésopotamie (Turquie, Syrie, Irak). Jusqu’aujourd’hui, il n’y a jamais eu de bibliographie sur ce thème concernant le Liban. Cet ouvrage est le premier livre à ce sujet dans l’histoire maronite. Il a été fait sans aucun support bibliographique, à part les rares mentions d’Ernest Renan et du vicomte Philippe de Tarazi».
Pour réaliser le premier volume, Amine Iskandar a dû explorer pendant plus de dix ans toutes les montagnes et toutes les vallées du Liban, du nord au sud et d’est en ouest, à la recherche d’inscriptions. «J’en ai trouvé une centaine que j’ai décidé de publier, transcrire et traduire. Ce fut le volume I». Avec l’aide du professeur Philippe Sers, philosophe français, il décortique le sens de l’écriture et de l’art autour de ces épigraphies, se mettant à la recherche de l’identité du peuple qui a créé toutes ces inscriptions. «De cette manière, le volume II a vu le jour. L’ouvrage dévoile la mentalité de l’artiste et de l’artisan, la pensée des maronites et leur lien avec l’au-delà tel qu’exprimé dans l’art et le principe inébranlable d’austérité, de simplicité et d’humilité qui ont toujours été les caractéristiques principales de leur lien avec l’absolu». Dans son ouvrage, Amine Iskandar montre qu’avec l’éloignement de cette langue et des valeurs qu’elle véhicule, il existe une altération de la qualité du rapport avec l’absolu et le divin.
Joëlle Seif
Temples et histoire
Dans son premier livre Les temples en blanc, Amine Iskandar expose la différence entre les temples dits romains du Liban et le véritable temple romain. Il démontre en quoi le temple du Liban possède des caractéristiques phéniciennes qui diffèrent du vrai temple romain. Dans La Nouvelle Cilicie, il aborde l’histoire des Arméniens au Liban, leur architecture, ainsi que l’interaction
arméno-syriaque à travers l’Histoire.