Le Centre du patrimoine musical libanais (CPML) au collège Notre-Dame de Jamhour, en partenariat avec Notre-Dame University-Louaizé, a organisé un concert du quatuor à cordes en hommage aux compositeurs Toufic Succar, Jihad Zeidan et Iyad Kanaan, en l’église Saint-Elie à Qantari. Une soirée qui a fait le bonheur des mélomanes.
Ce concert inédit a été un moyen pour le CPML de présenter à un parterre libanais averti des œuvres rares pour quatuor à cordes et de découvrir, pour la toute première fois, cette forme musicale déclinée en trois visages. Celui de l’aîné, Toufic Succar (né en 1922) dont la musique, plutôt de style oriental, est «renouvelée par la polyphonie», puis Jihad Zeidan (né en 1966) qui définit lui-même sa musique «ni classique, ni moderne, ni orientale» et, enfin, Iyad Kanaan (né en 1971) dont la musique est de style néoromantique et qui «compose pour son peuple et son pays». Comme un hommage au maître absolu du genre, le concert a débuté par Quartettsatz (Mouvement de quatuor) de Franz Schubert. Ce moment rare et précieux a été savouré sans modération par les présents et a rappelé la vocation du CPML, qui ne se limite pas à un rôle d’archivage et de documentation des œuvres des compositeurs libanais, mais aussi à une mission de sensibilisation du public libanais à son riche patrimoine musical en organisant différentes manifestations musicales, en son sein et hors de ses murs, en s’associant notamment à des entités universitaires partageant ses ambitions. Ce concert a débuté par une allocution de Zeina Saleh Kayali, «quelle plus belle et plus parfaite forme de musique de chambre que le quatuor à cordes?», demande la vice-présidente du CPML, ce centre fidèle à son rôle continue inlassablement à délivrer son message, celui de rassembler, de conserver, faire connaître et valoriser le patrimoine musical libanais tant au Liban qu’à l’étranger. D’ailleurs comme le souligne le programme, ce concert «donne à entendre en toute première mondiale des quatuors à cordes composés par de grands musiciens libanais». Mission accomplie, en attendant le prochain rendez-vous organisé par le centre, le jeudi 12 février, un récital de la cantatrice, Marie-Louise Duthoit, qui sera accompagnée d’un pianiste. Un programme de musique française orientalisante auquel elle adjoindra une ou deux pièces de compositeurs libanais.
Danièle Gergès
Un quatuor à cordes
Un quatuor à cordes symbolise quatre musiciens dialoguant à égalité, chacune des parties prenant la parole à tour de rôle dans une parfaite homogénéité de timbre. Le terme tout à fait exact pour des pièces musicales jouées par cette formation est «sonate en quatuor». Ce genre a connu son apogée à l’époque classique avec Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart. Ludwig van Beethoven transcende littéralement le genre, poussant les développements, les nuances, les graves, les aigus et les répétitions jusqu’à l’exaspération. Le quatuor à cordes est encore fort prisé à l’époque romantique, tout en restant assez proche du modèle beethovénien. Au XXe siècle, le quatuor à cordes devient synonyme d’expérimentation et de recherche d’un idéal en matière de composition musicale.