A quoi servent les miradors britanniques?
L’aide britannique et la construction de tours de contrôle aux frontières est démontrent l’intérêt que porte l’Occident au Liban et à sa stabilité, ce qui constitue un facteur réconfortant au plan sécuritaire. C’est l’avis de la coalition du 14 mars. Le 8 mars, pour sa part, affiche sa méfiance, estimant qu’il n’est pas impossible que cette installation soit appelée à évoluer, via le recours à des experts internationaux ou encore à la connexion de ces tours à des satellites, puisqu’il est question que l’accès aux données enregistrées soit exclusivement du ressort des Britanniques. Ce qui équivaudrait à l’application déguisée de la 1701 aux frontières est.
Daech vu par les Américains
Lors d’une rencontre entre un responsable américain et une personnalité libanaise, cette dernière a exprimé ses craintes de l’extension incontrôlée de la menace Daech. Le responsable américain l’a tranquillisée, développant la thèse selon laquelle Daech ne compte que quelque 8000 combattants qu’il ne sera pas difficile d’écraser. Quelque temps après, le même responsable a repris contact avec le Libanais pour lui dire qu’il partageait son diagnostic quant au danger que représente l’Etat islamique (EI) non seulement sur l’Irak et la Syrie, mais sur le monde entier, et que la lutte antiterroriste se prolongera sur des années. Le politique libanais affirme que «les Américains sont conscients que les attaques aériennes affaiblissent Daech, mais restent insuffisantes à l’anéantir. Les attaques terrestres sont plus efficaces, mais elles impliquent des pertes que nul n’est prêt à assumer».
Moustaqbal-Hezbollah: les limites du dialogue
Si l’ex-Premier ministre Saad Hariri a écarté l’idée d’une rencontre prochaine avec sayyed Hassan Nasrallah, c’est parce qu’il sait que la route menant à Haret Hreik n’est pas débloquée. Ce ne sont pas les sujets de divergence entre le Moustaqbal et le Hezbollah qui l’obstruent, mais plutôt l’absence d’un projet sérieux qui peut servir de feuille de route à long terme pour la protection de la paix civile et l’allègement des tensions communautaires. Saad Hariri est dans l’incapacité de s’aventurer dans cette voie, alors qu’il n’a pas obtenu le feu vert régional pour aller plus loin dans le dialogue stratégique avec le Hezbollah. A ce stade, les aspirations du leader sunnite se limitent à minimiser ses pertes et à placer la scène libanaise dans le congélateur.
Prudence russe
«Il est vrai que Mikhaïl Bogdanov a évoqué la question d’un candidat consensuel à la présidence, mais nous estimons que cette attitude, dans les circonstances actuelles, peut signifier que nous appuyons l’un des deux camps. Or, Moscou ne veut écarter aucun présidentiable ou prendre parti pour l’un des blocs en présence», explique une source russe. Si les Russes restent prudents sur la question du consensus présidentiel, c’est parce que les efforts déployés par la communauté internationale pour amener les Libanais à élire un président se poursuivent et, par conséquent, la tendance à mettre en avant le consensus implique la mise à l’écart d’un ou de deux candidats. La Russie pourrait ainsi être accusée de s’immiscer dans les affaires internes libanaises par les forces extérieures, ce qui rendrait ce dossier encore plus complexe.
Appui américain à la troupe
Absence de stratégie américaine claire dans le dossier libanais, contrairement aux autres affaires régionales qui sont traitées par l’Administration selon un plan bien construit. L’ambassadeur des Etats-Unis au Liban dixit, devant ses amis libanais. Ce qui intéresse son Administration à ce tournant décisif de l’histoire de la région, c’est la sauvegarde de l’honneur de l’institution militaire au Liban et sa capacité à faire face au terrorisme.
Il assure, par ailleurs, que son pays est disposé à aider le Liban dans certaines affaires politiques à condition que les Libanais eux-mêmes établissent une feuille de route pour une sortie de crise. Sinon, les Etats-Unis ne veulent rien imposer en ce qui concerne la présidentielle, la loi électorale ou tout autre dossier.
Cacophonie à la cellule de crise
La dernière réunion de la cellule de crise a pris l’allure d’une séance d’accusation contre l’exploit accompli par l’armée qui s’est matérialisé par l’arrestation de Saja Doulaïmi, l’ex-épouse de Baghdadi, et Ala Oukayly, la femme de Chichani. Le ministre Achraf Rifi a refusé de dévoiler les détails de cette séance, préférant ne pas aborder les questions relatives aux militaires dans les médias. Il a cependant déclaré: «J’ai clairement affiché mon opposition à l’arrestation de toute femme, homme ou enfant… Je suis pour l’arrestation du coupable».
Wahhab contre l’ambassadeur de Syrie
Le chef du parti du Tawhid arabe, l’ex-ministre Wiam Wahhab, a violemment attaqué l’ambassadeur de Syrie à Beyrouth en déclarant dans le cadre d’un talk-show: «Il n’existe aucune sorte d’amabilité entre nous». Il considère, comme il l’a clairement annoncé, que «l’ambassadeur Ali Abdel-Karim Ali ne respecte pas les valeurs politiques syriennes de loyauté envers les alliés, il tente de falsifier l’histoire. Il ne pourra pas le faire tant que je suis en vie». Wahhab a conclu que sa relation avec le régime syrien est excellente. «La Syrie ne lâche pas les alliés qui ont payé le prix de leur alliance avec elle».
Un agent du Mossad au Hezbollah
Le Hezbollah a réussi à démasquer un agent israélien qui s’est glissé dans ses rangs. Cette fois, il s’agit d’un gros gibier, à savoir le responsable de l’unité des opérations extérieures (910) en charge de l’exécution d’opérations limitées contre des cibles israéliennes. Comment l’espion a-t-il été détecté? Les sources ne sont pas prolixes à ce sujet, elles se contentent de révéler que c’est un homme d’affaires originaire d’un village du Sud qui travaillait dans un pays de l’Ouest asiatique, ce qui l’amenait à se déplacer fréquemment. M. Ch. collaborait depuis des années avec le Mossad, il a ainsi pu saboter plusieurs opérations de représailles du Hezbollah contre l’assassinat de Imad Moghnié à Damas.
Moustaqbal: entre la base et les leaders
Après la visite du secrétaire général du Moustaqbal, Ahmad Hariri, à Tripoli et au Nord, des sources proches de ce courant reconnaissent l’existence d’une lutte interne entre la base et les leaders, mais invitent à ne pas cantonner cette réalité aux rumeurs propagées par les milieux des présidents Najib Mikati et Omar Karamé. Toutefois, ajoutent ces sources, il faut savoir que Hariri a réussi à réchauffer ses liens avec les habitants de villages et quartiers pauvres, après une période de tiédeur. Il a également pu passer outre les divisions des leaders du Moustaqbal, divisions qui sont à la base du recul de sa popularité lorsque certains ont dépassé les constantes établies par le président Rafic Hariri en prenant l’armée pour cible, comme notamment les députés Khaled Daher et Mouïn el-Mereebi. Ahmad Hariri, qui a séjourné quelques jours à Tripoli, a sondé l’humeur politique des citoyens et leur a fait comprendre que la décision d’écarter les extrémistes a été adoptée et «nous voilà au stade de l’ouverture d’une nouvelle page», leur dit-il. Des sources tripolitaines avaient posté des rapports et photos sur les réseaux sociaux prouvant que la récente visite du responsable du Moustaqbal au Nord était un fiasco au plan populaire et qu’il a évité de se rendre à Bab el-Tebbané, se contentant de passer par Kobbé et la Hara Barraniya.
Peur en haute Galilée
«La tempête israélienne» autour de présumés «tunnels d’attaque» percés par le Hezbollah sur le «front du Nord» ne peut pas faire reculer les aiguilles de la montre, selon l’analyse d’un expert militaire. L’état-major israélien, surtout après la désignation du général Gadi Eizenkot à sa tête, sait très bien que la guerre des souterrains fait désormais partie des tactiques utilisées par toutes les parties qui affrontent Israël. C’est l’une des principales leçons inculquées à l’armée israélienne après sa dernière agression sur la bande de Gaza. Une leçon qui constitue un tournant dans le conflit arabo-israélien. La presse israélienne a révélé, il y a quelques jours, que le chef du conseil régional de haute Galilée, Giora Zalts, accompagné d’autres responsables des colonies du Nord, a visité le conseil régional de la colonie d’Achkoul à la limite de la bande de Gaza dans un but d’exploration et d’évaluation de ses capacités par temps de guerre. Cette visite s’est imposée en quelque sorte après l’intensification des craintes des colons près de la frontière avec le Liban. Le conseil de Zalts représente sept colonies situées à une distance d’un kilomètre de la Ligne bleue.
La Turquie veut astiquer l’image d’al-Nosra
La récente intervention du Comité des ulémas musulmans dans l’affaire des militaires pris en otages s’inscrit dans un cadre régional plus large, explique-t-on de source informée. Ankara souhaite, par ce biais, parvenir à rayer le nom du Front al-Nosra de la liste des organisations terroristes établie par les Américains. Certains cadres des Ikhwan venus, au début du mois, de Doha à Beyrouth, ont tenté de blanchir l’image de ce mouvement auprès des différentes personnes qu’ils ont rencontrées. L’idée étant d’amener leurs interlocuteurs à faire une distinction entre Daech et al-Nosra en prétendant que ce dernier ne représente pas l’islam subversif et n’a pas souhaité déclencher la bataille de Ersal contre l’armée. C’est Daech qui en avait pris l’initiative. Tous ces mensonges, selon la source, pourraient renforcer le rôle de la Turquie dont les diplomates s’étaient engagés, devant le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, John Kerry, à œuvrer pour adoucir les pratiques d’al-Nosra et à les rendre moins extrémistes. L’objectif de cette organisation islamiste, ont-ils expliqué au responsable américain, étant le renversement du régime en Syrie et non l’instauration d’un émirat ou d’un khalifa.
Fraude à la CNSS
A la suite du déballage au plan de l’hygiène alimentaire et de la dénonciation de la corruption dans ce secteur, de jeunes journalistes pointent du doigt la fraude qui règne dans la branche maladie de la sécurité sociale, où on enregistre des retards allant jusqu’à deux ans pour le recouvrement des factures présentées. Les plaignants se demandent pourquoi les employés de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) refusent-ils de recevoir les bénéficiaires à titre individuel? Y aurait-il une sorte de complicité entre ces fonctionnaires et les encaisseurs des entreprises privées qui exploitent ces fonds à leur avantage avant de les verser au contribuable? Les affaires de corruption financière à la CNSS concernant plusieurs branches avaient été découvertes en début d’année et transférées devant le procureur financier, Ali Ibrahim.