Syrie
Le régime prêt à rencontrer l’opposition à Moscou
Le régime syrien a annoncé samedi dernier qu’il était prêt à rencontrer l’opposition à Moscou pour tenter de trouver une issue à la guerre en Syrie. Le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que «la Syrie (était) prête à participer à une rencontre préliminaire et consultative à Moscou pour répondre aux aspirations des Syriens qui sont celles de trouver une issue à la crise». La réunion «viserait à se mettre d’accord sur la tenue d’une conférence de dialogue entre Syriens sans ingérence étrangère», selon un communiqué reproduit par l’agence officielle Sana.
Deux jours auparavant, la diplomatie russe avait affirmé que Moscou, principal allié de Damas, comptait accueillir vers le 20 janvier une réunion de l’opposition syrienne. Selon Moscou, il s’agirait d’abord d’une «rencontre informelle» entre «opposition interne et externe» afin de «générer des idées» permettant d’aboutir à un règlement du conflit syrien qui a fait près de 200 000 morts. En cas de succès, des représentants du gouvernement syrien seront invités dans la foulée à Moscou pour «échanger des avis» avec les opposants et pour qu’un dialogue soit lancé entre belligérants.
Des opposants syriens, certains «tolérés» par le régime du président Bachar el-Assad, dont l’ex-président de la Coalition nationale syrienne Moaz el-Khatib, vont se réunir au Caire vers la mi-janvier afin de s’accorder sur une «vision commune» pour mettre fin à la guerre, selon des sources au sein de l’opposition. Dans la capitale égyptienne, le chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Hadi el-Bahra, a d’ailleurs annoncé que sa formation en exil a «entamé un dialogue avec d’autres composantes de l’opposition», en allusion à celle de l’intérieur. «Des réunions bilatérales se tiennent actuellement au Caire et ailleurs et (…) toutes les composantes de l’opposition sont ouvertes à ce processus», a-t-il précisé devant la presse. L’opposition voudrait «parvenir à un plan unique qui sera adopté dans toute négociation de paix pour la Syrie dans l’avenir», a indiqué Bahra. Il a toutefois exprimé des réserves, estimant que «Moscou n’a pas d’initiative claire» et qu’il «s’agit juste d’une invitation à se réunir et à dialoguer».
Libye
L’aviation entre dans la guerre civile
Les forces libyennes ont mené dimanche pour la première fois des frappes sur des positions islamistes dans la ville de Misrata d’où sont originaires les miliciens qui se sont emparés de la capitale Tripoli selon des responsables. Ces raids aériens contre la troisième ville du pays, à 200 km à l’est de Tripoli, sont les premiers depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et le début des luttes de pouvoir qui ont plongé la Libye dans le chaos.
Ils sont intervenus quelques heures après des frappes lancées par les milices islamistes regroupées au sein de la coalition Fajr Libya contre le terminal pétrolier d’al-Sedra, a indiqué le porte-parole du commandement des forces armées, le colonel Ahmad Mesmari. Selon des témoins interrogés par l’AFP, les raids à Misrata ont visé l’Académie de l’aviation toute proche de l’aéroport, le port de la ville et une usine de sidérurgie, sans faire de victimes. Des combats opposent depuis deux semaines les forces gouvernementales aux miliciens de Fajr Libya qui ont lancé une offensive pour s’emparer du site d’al-Sedra, l’un des terminaux du «Croissant pétrolier» libyen qui comprend aussi Ras Lanouf et Brega, les trois plus importants du pays. Le colonel Ahmad Mesmari a affirmé que l’avion ayant mené le matin les raids contre al-Sedra – qui compte 19 réservoirs – avait décollé de Misrata, provoquant la riposte des forces libyennes. Sept des réservoirs d’al-Sedra étaient en feu en raison des combats. L’incendie a débuté jeudi dernier lorsqu’une roquette tirée par des miliciens de Fajr Libya s’est abattue sur le lieu. Livrée aux milices, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements − l’un proche des islamistes et l’autre reconnu par la communauté internationale. La mission de l’Onu en Libye (Unsmil) a condamné l’attaque des installations pétrolières, affirmant que «outre son impact négatif sur l’économie, l’escalade des violences sape les efforts menés pour organiser un dialogue politique». En plus des combats à al-Sedra, des affrontements meurtriers opposent forces pro-gouvernementales et milices islamistes dans les villes de Benghazi et Derna.
Enfin, le procès à Tripoli de plus de 35 responsables du régime déchu de Mouammar Kadhafi, dont l’un de ses fils, Seif al-Islam, et l’ancien chef des Renseignements libyens, Abdallah el-Senoussi, a été reporté au 11 janvier.
Afghanistan
L’Otan retire ses troupes 13 ans après
C’est la fin de treize ans d’intervention militaire de l’Otan en Afghanistan. La force de combat de l’Alliance atlantique (Isaf) a baissé son drapeau ce dimanche, marquant son retrait définitif du pays. Le 1er janvier, la mission «Soutien résolu» pour l’aide et la formation de l’armée afghane, prendra le relais, avec 12 500 hommes, de la mission de combat de l’Isaf, qui a perdu 3 485 soldats depuis 2001. Les forces locales, fortes d’environ 350 000 hommes, assurent désormais seules la sécurité face aux Talibans, maîtres du pays entre 1996 et 2001. Le bilan de ces années passées en Afghanistan est positif selon l’Otan. «Ensemble, nous avons élevé les Afghans hors des ténèbres et du désespoir et nous leur avons donné de l’espoir pour l’avenir», juge John Campbell, le commandant américain de l’Isaf. «Dans quelques jours, notre mission de combat en Afghanistan sera terminée», avait déclaré le président Barack Obama dans son discours de Noël.
Mais les violences récentes, notamment à Kaboul, ont souligné l’impossibilité pour la force internationale de venir à bout de l’insurrection des Talibans. «Les 13 années de mission américaine et de l’Otan ont été un échec absolu en Afghanistan», dénonce Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.
Selon les Nations unies, les victimes civiles ont augmenté de 19% en 2014, avec 3 188 morts comptabilisés fin novembre. La police et l’armée afghanes ont subi de lourdes pertes avec plus de 4 600 morts au cours des dix premiers mois de 2014, soit plus de pertes que l’ensemble des pays contributeurs de l’Otan depuis 2001. Des milliards de dollars d’aides ont été dépensés en Afghanistan par la communauté internationale, mais avec une efficacité relative compte tenu de la corruption endémique.
D’ici à la fin 2015, les troupes américaines en Afghanistan vont diminuer de moitié. Fin 2016, il ne restera plus qu’une force résiduelle pour protéger l’ambassade à Kaboul. Les Etats-Unis vont toutefois continuer à fournir un soutien aérien aux Afghans et pourraient intervenir directement en cas d’avance rapide des Talibans.
Indonésie-Singapour
Un avion d’AirAsia avec 162 personnes à bord disparaît
Le vol QZ8501 de la compagnie AirAsia a disparu des écrans radar dimanche 28 décembre. Cet Airbus A320-200 effectuait la liaison entre la ville indonésienne de Surabaya et Singapour. A bord de l’appareil se trouvaient 155 Indonésiens, trois Sud-Coréens, un Français, un Britannique, un Malaisien et un Singapourien, a précisé AirAsia. La tour de contrôle de Djakarta a perdu le contact avec l’avion à 6 h 17 heure locale. Aucun appel de détresse n’a été reçu de l’appareil, qui se trouvait à peu près à mi-chemin entre Surabaya et Singapour. Il faisait mauvais temps au-dessus de l’île de Belitung à l’heure où l’avion a envoyé ses dernières transmissions. AirAsia a expliqué que «l’avion avait demandé à dévier en raison de la météo». Selon le ministère indonésien des Transports, l’Airbus avait demandé l’autorisation de prendre de l’altitude et de passer de 32 000 à 38 000 pieds afin d’éviter une masse nuageuse. AirAsia a indiqué dimanche que l’avion disparu avait subi des opérations de maintenance le 16 novembre dernier. «Nous ne voulons pas nous perdre en conjectures. Nous ne savons pas encore ce qui est arrivé et nous allons donc attendre l’enquête sur l’accident», a déclaré le patron d’AirAsia, Tony Fernandes, devant la presse à son arrivée à Surabaya. «Mes seules pensées vont aux passagers et à mon équipage», avait-il auparavant écrit sur Twitter.
AirAsia est le plus grand transporteur low cost d’Asie, et un gros client de l’avionneur européen Airbus. Créée en 1994 à Kuala Lumpur, la compagnie était dans le rouge lors de son acquisition en 2001 par Tony Fernandes, ancien cadre dirigeant de Time Warner. L’homme d’affaires a alors racheté les dettes de la compagnie (9 millions d’euros) et n’a déboursé qu’un quart de dollar pour ses deux avions vieillissants. Mais Fernandes a misé sur l’explosion du transport aérien en Asie avec l’émergence de classes moyennes avides de voyager. Un pari gagnant, alors que le trafic aérien low cost a triplé en dix ans en Asie, représentant environ 50 à 70 millions de passagers par an en 2013, soit 20% du trafic aérien régional.
Julien Abi Ramia