Au cours de la deuxième séance de dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur, les deux parties se sont accordées sur la nécessité de mettre en place le plan de sécurité décidé par le gouvernement qui s’étend de Tripoli à Saïda, en passant par Beyrouth et la Békaa.
Lundi, la deuxième rencontre du directeur du bureau de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, Nader Hariri, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, et le député Samir Jisr, représentant le Courant du futur, avec le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil, le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan, et le député Hassan Fadlallah, représentant le Hezbollah, a enregistré «de sérieux progrès en ce qui concerne la réduction des tensions confessionnelles», selon le communiqué publié ultérieurement. «Les deux parties se sont également entendues sur la poursuite de l’application du plan de sécurité sur la totalité du territoire libanais». Le parrain de ce dialogue, le président du Parlement, Nabih Berry, n’était pas présent dans ses bureaux de Aïn el-Tiné où a eu lieu la réunion pendant près de quatre heures. Il était représenté par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil. Les deux parties parlent d’une rencontre «plus détendue que la première».
Fruits et desserts
Alors qu’au cours de la première rencontre, l’intendance à Aïn el-Tiné avait prévu un repas copieux, cette fois, les conviés au dialogue ont eu le droit à un plateau varié de fruits et de desserts. Autre signe, sucré celui-là, de la détente entre les deux camps qui sont entrés dans le dur. Après avoir contribué à apaiser les tensions en se réunissant autour d’une même table, le Hezbollah et le Courant du futur ont donc consacré leur dialogue à la mise en application du plan de sécurité global, considéré comme un succès à Tripoli pour les deux partis. Apaisement et sécurisation. Les observateurs qui suivent ce dialogue s’accordent à dire que la rencontre de lundi a été marquée par la volonté des deux parties à stabiliser les foyers de tension. Le ministre de l’Intérieur, qui s’est jusqu’à récemment interrogé sur le positionnement du Hezbollah sur cette question, notamment dans la Békaa qu’il contrôle, a sans doute été rassuré par les intentions de son interlocuteur chiite sur le sujet.
L’UE applaudit
La bonne volonté affichée par les deux camps s’arrête là. Aucun accord formel n’a été conclu entre les deux parties: d’abord parce que l’application du plan de sécurité incombe en premier lieu au gouvernement présidé par Tammam Salam. Au cours de la première rencontre, les responsables du Hezb et du Courant du futur n’ont cessé de rappeler qu’ils ne se substitueraient pas aux autorités officielles. Ensuite, parce que les deux camps ne veulent pas que les sujets de discorde mettent en péril la tenue même de ce dialogue. Les sujets qui fâchent sont tout bonnement éludés. Lorsque le ministre Machnouk a évoqué la présence dans la Békaa de combattants armés proches du Hezbollah, il l’a fait en marge de la réunion, en compagnie de Ali Hassan Khalil, qui lui a conseillé de ne pas mettre la question autour de la table.
D’autant que l’ensemble de la classe politique du pays, ainsi que les ambassadeurs au Liban des Etats-Unis, d’Arabie saoudite et d’Iran ont salué ce dialogue. «L’Union européenne salue le dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur, qui donne de bons signaux au peuple libanais et à la région selon lesquels il est possible de dépasser les divergences», a déclaré le chef de la délégation de l’Union européenne au Liban, l’ambassadeur Angelina Eichhorst.
Julien Abi Ramia
Rivalités gouvernementales
Rien ne va plus entre le ministre de l’Environnement, Mohammad Machnouk, et le ministre de l’Agriculture, Akram Chéhayeb, qui s’écharpent sur le dossier du dépotoir de Naamé. «Il est aujourd’hui irremplaçable et doit pouvoir encore fonctionner quelques mois», a expliqué Machnouk. «La patience a des limites», a répondu Chéhayeb. «Nous avons porté le fardeau pour tout le pays pendant 17 ans et cela nous suffit. Le gouvernement a pris la décision de fermer ce dépotoir le 17 janvier et cette décision doit être appliquée. A mon cher ami ministre, je dis: Assez!». Autre polémique, celle qui oppose le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, et celui de l’Economie et du Commerce, Alain Hakim. Ce dernier dénonce «une mascarade médiatique». Waël Abou Faour rétorque: «Je compatis avec lui au point qu’il me fait pitié». Le ministre CPL de l’Education, Elias Bou Saab, joue les médiateurs pour les réconcilier.