Les préparatifs des discussions entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises et celles qui regroupent le Hezbollah et le Courant du futur créent un climat de confiance qui ne demande qu’à être traduit en actes.
A l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète et de la fondation de l’association caritative al-Emdad, qui s’occupe des orphelins et des familles des martyrs, Hassan Nasrallah a pris la parole et balayé l’actualité locale, régionale et internationale. L’occasion pour le secrétaire général du Hezbollah d’appuyer le dialogue entre son parti et le Courant du futur, parrainé par le président du Parlement Nabih Berry. «Ce dialogue se déroule avec un grand sérieux et réconforte le pays. Après les deux séances qui ont eu lieu, je suis optimiste quant à la possibilité d’arriver aux résultats escomptés, même si tous les points de litige ne devaient pas être réglés. Nous cherchons à travers ce dialogue à organiser nos différends, à reporter les échéances qui suscitent le désaccord et à s’entendre sur les points de rapprochement». Un esprit positif qui a contribué à mettre en veilleuse les discours virulents sur la scène médiatique, particulièrement après l’attentat meurtrier de Jabal Mohsen.
Comme l’explique Nasrallah, «le plafond fixé à ce dialogue est la protection du pays», sous-entendant que le dialogue entre le Hezbollah et le Courant du futur n’a pas pour premier objectif de résoudre «les questions stratégiques». Mettant en cause «les groupes et les pays» qui «mènent une campagne contre ce dialogue», le leader du Hezbollah a tenu à préciser «qu’il est bilatéral et ne remplace en aucun cas un dialogue national incluant toutes les parties libanaises. Il en pave la voie. Nous l’encourageons, son objectif étant de régler les différends. Nous en avons besoin pour sauver le Liban». «Sans doute, il laisse des effets positifs sur les communautés du pays», poursuit-il, certifiant que le climat de confiance qui se met en place «permet aux Libanais de respecter l’échéance présidentielle dans les plus brefs délais. Seuls les Libanais sont capables de s’entendre pour mener à bien l’élection du président».
En prenant acte des points positifs du dialogue entre son parti et le Courant du futur, le secrétaire général du Hezbollah passe ainsi la main au Courant patriotique libre (CPL) et aux Forces libanaises (FL), chargés d’insuffler un nouvel élan dans le dossier de la présidentielle. La rencontre qui se prépare entre Michel Aoun et Samir Geagea ressemble au dialogue qui regroupe les deux partis musulmans. La question de l’élection présidentielle, encore trop prématurée à évoquer à ce stade des discussions entre les deux partis, laissera d’abord la place à un dialogue plus global, sur la république en général, sur le rôle des chrétiens en son sein et la façon de renforcer leur présence pour aboutir à un partenariat véritable. Minutieusement préparé par le secrétaire du bloc du Changement et de la Réforme, le député Ibrahim Kanaan pour le CPL, et le conseiller spécial de Samir Geagea Melhem Riachi pour les FL, l’agenda des discussions dessine la volonté partagée par les deux camps d’aboutir à une vision chrétienne commune.
Encouragés par leurs alliés, le patriarche maronite Béchara Raï, le Vatican et la communauté chrétienne dans son ensemble, Aoun et Geagea ont tout à gagner dans ce dialogue. Les voix de leurs électorats se rejoignent lorsqu’ils voient les musulmans s’asseoir autour d’une table pour protéger la communauté et que leurs leaders s’écharpent et s’éloignent des instances nationales du pouvoir et de la décision. Non, la présidentielle n’est pas pour demain.
Julien Abi Ramia
Le mal qui frappe l’islam
Revenant sur les événements en France, Hassan Nasrallah met en garde contre «le danger takfiriste, l’un des plus grands maux qui frappent notre religion». «L’ampleur des atrocités commises par ces groupes et aujourd’hui le terrorisme frappant les pays qui ont exporté ce danger, les médias qui ont assuré une couverture à grande échelle à ces actes et la cruauté des ennemis qui exploitent ces derniers pour porter atteinte à l’islam sont les raisons qui ont conduit à cette crise», déclare-t-il.
«Toute la nation se doit de combattre ces groupes takfiristes terroristes, de les isoler, voire de les éliminer. Ces groupes ont porté atteinte à la religion islamique beaucoup plus que les caricatures offensantes contre le prophète Mohammad», a-t-il conclu.