Jusqu’au 11 février, Beyrouth accueille, dans plusieurs galeries et espaces culturels, la deuxième édition du festival Photomed Liban, mettant l’Italie à l’honneur. Invitation ouverte à une «déambulation sur les origines du monde méditerranéen, des colonnes d’Hercule aux portes d’Orient».
Il y a cinq ans, le festival Photomed était créé à Sanary-sur-Mer en France, dans un double but. D’abord de réunir tous les pays de la Méditerranée à travers le seul élément qui pourrait les rassembler, à savoir la culture, plus précisément la photographie en raison de son accessibilité immédiate, par rapport à d’autres expressions artistiques qui nécessitent une connaissance approfondie en la matière. Ensuite, de promouvoir la jeune photographie méditerranéenne de plus en plus émergente et talentueuse, comme ont pu le constater les responsables du festival, à l’instar de Philippe Heullant, président de Photomed Liban. Il ajoute que de cette manière, Photomed donne ainsi à voir «une vision différente des pays méditerranéens que celle qu’on avait l’habitude de voir dans une photographie beaucoup plus installée».
Depuis cinq ans donc, Photomed attire annuellement plus de 50 000 visiteurs, s’assurant ainsi d’une notoriété de plus en plus grande. Le modus operandi du festival consiste d’une certaine manière à inviter pour chaque édition un pays de la Méditerranée. Après la Turquie, le Maroc, et avant l’Italie, le Liban était à l’honneur en 2013. Et c’est ainsi que, dans l’intention d’exporter le festival, Photomed Liban est né, dès l’année dernière. Et, explique Serge Akl, directeur de l’Office du tourisme à Paris et coorganisateur du festival aux côtés du directeur artistique Simon Edwards et du photographe Tony el-Hage, il affiche la fierté du Liban qui «est le premier à avoir relevé le défi de faire voyager Photomed. C’est un peu grâce à nous aujourd’hui si le festival arrive à convaincre d’autres pays sur la Méditerranée d’organiser un festival chez eux, comme ce sera le cas à Casablanca. Pourtant, le Maroc était le 2e pays invité. Mais ils ont attendu que le Liban réussisse l’expérience pour se lancer. Nous espérons que ce sera le cas dans d’autres pays, comme l’Italie à l’honneur cette année. De cette manière, tous les photographes exposés en France, dont le Libanais, pourront jouir d’une visibilité dans de multiples pays autour de la Méditerranée et donc de jouir d’encore plus d’expérience et d’échange avec les photographes locaux».
De rencontre et d’échange
C’est que la photographie, surtout dans le cadre du festival, est avant tout une rencontre, un échange, qui s’échelonne au-delà des premiers jours de vernissage pour s’étaler sur les trois semaines que durera la manifestation et au-delà, dans le long terme. Lecture de portfolios, à l’issue de laquelle, nouveauté cette année, le gagnant bénéficiera de l’édition d’un livre de ses photos en collaboration avec la Commission de l’Union européenne, workshops, le concours organisé en collaboration avec l’Institut français du Liban qui permet au lauréat d’exposer automatiquement l’année d’après son travail à Photomed France, comme cela a été le cas pour Serge Najjar qui revient au Liban cette année dans le cadre de l’expo Réalités abstraites à Station. «Ce qui est pour nous, commente Serge Akl, une manière intelligente de pérenniser la présence du Liban en France d’année en année». Sans oublier que depuis l’année dernière, les responsables de Photomed Liban font partie du comité de sélection de la programmation française.
Une des particularités de Photomed est que les photographes invités sont, dans leur majorité, sur place pour aller à la rencontre du public et des médias. A l’instar de Mimmo Jodice, invité d’honneur du festival, maître de la photographie italienne. «On ne peut pas faire un festival photo sans avoir des grands maîtres qui permettent des têtes d’affiche pour attirer du public et lui faire découvrir des jeunes photographes. C’est l’équilibre même du festival», ajoute Philippe Heullant. Et cela permet de faire un tour complet, du «regard un peu passéiste du maître puisqu’il a travaillé depuis plus de 30 ou 40 ans sur la Méditerranée, au nouveau regard moderne de la jeune photographie. Les 15 expositions d’une vingtaine d’artistes permettent ainsi de faire une véritable balade photographique à travers la Méditerranée».
D’Italie, d’Espagne, d’Algérie, du Japon, du Liban… la programmation de Beyrouth reprend à 70% celle de la France à laquelle s’ajoutent 30% d’expos conçues pour le public local. C’est dans ce cadre que s’inscrivent celles de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph (USJ) et du ministère du Tourisme, «des expos patrimoniales pour montrer que la photo existe au Liban depuis sa création dans le monde», selon Serge Akl. La première, divisée en deux, Portraits d’Orient et Voyage en Orient, montre d’une part un choix d’une trentaine de portraits photographiques réalisés par des jésuites lors de leur séjour au Proche-Orient, dès les années 1860-70 jusqu’au début du XXe siècle et, d’autre part, des photos miniatures, colorées à la main et jamais encore sorties des archives, signées Charles Lallemand. Pour la deuxième, intitulée Beyrouth en mouvement, plongée dans les archives du ministère, certaines inédites, «une source qui paraît improbable dans le cadre d’un festival de photographie. Mais il ne s’agit pas de photos de propagande touristique, mais celles que les photographes, qui travaillaient au Liban et pour le ministère dans les années 60 et 70, ont fait du pays. Ce sont plutôt des photos art de vivre. Avec ces expos, on couvre ainsi 100 ans de photos au Liban». En attendant l’année prochaine…
Nayla Rached
www.photomedliban.com
Les expos dans les recoins de Beyrouth
Byblos Bank
Siège central à Achrafié, tous les jours de 16h à 20h et les week-ends de 10h à 15h.
♦ Mediterraneo de Mimmo Jodice.
Hôtel Le Gray
Place des Martyrs, tous les jours de 9h à 22h.
♦ Beyrouth en mouvement, photothèque du ministère du Tourisme.
Beirut Jewellery Souks
Tous les jours de 12h à 20h.
♦ Les Anges de Croatie de Keiichi Tahara et The Mouth of Krishna d’Albarrán-Cabrera (Information Center).
♦ Les Marocains de Leila Alaoui (Black Gallery).
♦ Dreamland de Barbara Luisi (Glorietta Gallery).
♦ Songes et Visions et La Scène du quotidien: photographie italienne de Silvia Camporesi, Simona Ghizzoni, Beatrice Pediconi, Fabrizio Bellomo et Massimo Siragusa, commissionnée par Alessandra Mauro (Beige Galerie).
Saïfi Village
♦ Cadets de Paolo Verzone (SV Gallery, tous les jours de 10h à 13h30 et de 15h à 18h sauf le dimanche).
♦ Portraits d’Orient et Voyage en Orient, photothèque de la Bibliothèque orientale de l’USJ (69 Gallery, tous les jours de 12h à 20h).
L’Institut français de Beyrouth
Tous les jours de 11h à 19h et le samedi de 10h à 12h, sauf le dimanche, jusqu’au 15 février.
♦ Les petites îles méditerranéennes hors saison de Bernard Plossu.
♦ Welcome on Board de Patrice Terraz.
Station
Tous les jours de 14h à 19h, sauf le dimanche.
♦ Les Femmes de Sidi El-Houari d’Arslane Bestaoui.
♦ Réalités abstraites de Serge Najjar.
♦ Vidéos de la collection de la Maison européenne de la photographie: Volubile de Miller Levy, Coup de balai sur l’impressionnisme de Chris Quanta, Les douleurs de ma mère d’Adel Abdessemed et L’homme dans les draps d’Alain Fleischer.